Il était demandé aux candidats de « montrer », sans possibilité de nuance ou de débat, que :

– « l’approche en termes de classes sociales, pour rendre compte de la société française, peut être remise en cause » ;

– « l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance » ;

– « l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale peut produire des effets pervers ».

Déclin des classes sociales, action inopérante de l’État pour la justice sociale, mais nécessité d’innover pour rendre la croissance compatible avec l’écologie : le tableau dressé par les sujets tient d’une vision idéologique déconnectées des réalités alors que le système éducatif doit être porteur et transmettre les principes, les méthodes et les savoirs issus d’une réflexion scientifique et raisonnée du monde.

Nuancer les raisonnements, en rappelant que la hausse des inégalités depuis quelques décennies remet en cause la thèse du déclin des classes sociales ? En expliquant que l’innovation n’est pas unanimement vue comme une solution face aux dégâts écologiques de la croissance ? En précisant que la redistribution des revenus, par exemple, permet de réduire le taux de pauvreté de 8 points ?… Ces arguments, parmi d’autres, étaient de fait exclus, par la nature même des questions, des attentes à l’égard des candidat.e.s.

Aucun débat, aucune attente d’esprit critique, aucune position nuancée montrant la complexité des choses. Juste l’exposé de thèses qui, si elles sont légitimes, donnent un sentiment étrange, par leur accumulation dans la même épreuve, sans qu’aucun autre sujet ne vienne contrebalancer l’orientation idéologique qu’elles dénotent. Le sentiment étrange que l’Inspection générale de SES, qui est responsable de ces sujets, attend avant tout des élèves une récitation de ce qui finit par ressembler à un catéchisme libéral.

En réalité, ces sujets viennent illustrer des problèmes de fond, que le SNES-FSU avait déjà pointés depuis longtemps : des programmes qui ne font pas assez de place aux problématiques et aux débats, en se concentrant sur des mécanismes déconnectés les uns des autres ; des épreuves qui, dans leur conception même, tendent à évacuer le débat et la problématisation. 

Au final, ces sujets viennent conforter le sentiment que l’École renonce à l’objectif de formation à l’esprit critique.

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