Depuis novembre 2024, le ministère avance sur la voie technologique, plus particulièrement sur la série STI2D. Épreuve pratique officielle, mais également projet de modification de programme, tour d’horizon des changements actés et de ceux prévus.
La mise en place d’une épreuve pratique pour la session 2026.
Évoquée en novembre 2024 en Commission Spécialisée des lycées (CSL) puis présentée au Conseil Supérieur de l’Éducation en avril 2025, la série STI2D se voit attribuée une épreuve « pratique ». Elle sera adossée à l’épreuve « Ingénierie Innovation et Développement Durable » (2I2S). Jusqu’à la session 2025, cette épreuve avait une durée de 4h et ne se déroulait qu’à l’écrit. Dès la session 2026, celle-ci est amputée de 30 minutes et l’épreuve pratique est instaurée avec une durée de 2h. La répartition des points entre la partie pratique et la partie écrite n’est pas encore connue.
Des précisions avec la note de service.
Le Bulletin Officiel du 12/06/26 vient donner plus d’informations quant à l’organisation de l’épreuve. Il confirme l’objectif de l’épreuve : « évaluer le niveau de maîtrise par les candidat.es des compétences de conception, de simulation et d’expérimentation ainsi que des connaissances associées ». Ensuite, le BO précise la structure de l’épreuve. Celle-ci devra se dérouler dans un laboratoire à partir de sujets d’une banque nationale. Les enseignant.es examinateurs.rices ne pourront pas choisir n’importe quel sujet, le choix dépendra des produits disponibles dans l’établissement d’interrogation. Le choix du sujet se fera par le jury en fonction des sujets proposés par l’établissement. C’est donc une note de service qui cadre l’épreuve mais qui va nourrir des déceptions.
Une épreuve pratique, pas si pratique que ça …
La note de service montre une énorme différence entre la vision du ministère et celle du SNES-FSU. En effet, pour le SNES-FSU, le terme d’épreuve pratique est strictement lié au projet technologique. Or, cette épreuve ne permettra toujours pas d’évaluer celui-ci. Il reste encore et toujours le grand oublié des différentes réformes puisqu’il n’est pas évalué lors du Grand Oral et qu’il ne le sera pas lors de cette épreuve pratique. De quoi faire naître de grosses déceptions chez les collègues qui ont eu vent de cette nouvelle épreuve.
Des formations qui arrivent dans les académies.
L’Inspection générale (IGESR) organise depuis la mi juin des formations à destination des collègues intervenant en STI2D. Visiblement, l’IGESR avance assez vite sur le calendrier, souhaitant placer cette épreuve pratique au mois de mars. Rien n’a été décidé nationalement, le calendrier des épreuves du baccalauréat n’étant pas encore publié. Autre point avancé par l’IGESR : la banque de sujet. Selon les informations remontées au SNES-FSU, la banque de sujet doit être alimentée à hauteur d’une trentaine de sujets par spécialité, soit environ 120 sujet pour la 1ère année.
Si le calendrier avancé par le ministère se concrétise, les sujets devront être réalisés entre septembre et décembre, avec une phase de test par la suite. Les collègues ayant assisté à ces « présentations » en sont sortis avec l’impression d’une impossibilité de tenir les délais. Le SNES-FSU, conscient de ses problèmes, était intervenu lors du CSE, demandant le report de la mise en œuvre de l’épreuve à la session 2027. Le ministère n’avait pas accepté cette demande. La précipitation semble de mise au ministère et cela est concordant avec les annonces d’Élisabeth BORNE et son « plan avenir ».
Le « Plan Avenir » de BORNE et son penchant STI2D.
Annoncé début juin, il comporte des mesures visant la série STI2D. Ces annonces sont donc concomitantes avec la note de service sur l’épreuve pratique. Le « Plan avenir » annonce une refonte totale des programmes de STI2D afin « d’attirer davantage d’élèves, notamment les filles ». On reprend exactement les mêmes objectifs de la réforme Châtel de 2011 et le passage des 8 spécialités de STI aux 4 de STI2D. Le moins qu’on puisse dire c’est que l’objectif n’est absolument pas atteint : en 2010, avant la réforme STI2D, 11,25 % des élèves élèves des filles, 10ans après on est passé à 8,5 %.
La lutte contre les inégalités genrées semble bien sélective pour le ministère : le plan Math et Filles dénonce, à juste titre, les inégalités de genre dans le choix de la spécialité « mathématiques ». Mais le ministère ne dit rien sur les inégalités de genre qui persistent et se creusent en STI2D.
Face aux interrogations et aux incertitudes, le SNES-FSU interpelle l’IGESR.
Le SNES-FSU a envoyé ce jeudi une demande d’audience d’urgence auprès de l’IGESR afin de clarifier les choses et de lever les incertitudes. Il apparaît urgent d’avoir des réponses précises pour informer la profession des évolutions qui vont arriver dès la rentrée 2025/2026. Le SNES-FSU remettra en avant ses demandes. Les collègues qui enseignent en STI2D doivent avoir des réponses, c’est urgent !