« On doit travailler ensemble! » a déclaré le ministre Attal devant les patrons du MEDEF le 14 novembre dernier et c’est devant un public apparemment conquis qu’il a présenté le projet d’une « séquence d’observation en milieu professionnel » destinée aux élèves de Seconde en juin.

Reconquête du mois de juin, continuité pédagogique, orientation… Tout est bon pour justifier la création de ce dispositif dont la mise en oeuvre semble pourtant bien périlleuse. Tous les acteurs du monde éducatif soulignent l’impossibilité pratique d’envoyer 550000 élèves en entreprise en même temps faute tout simplement de places.

Des dispositions massivement rejetées

Dès cette année scolaire, très précisément du 17 au 28 juin, les élèves de seconde générale et technologique devront effectuer une sorte de stage sur le modèle de ce qu’ils ont fait en Troisième mais pour 2 semaines. Il s’agit en théorie d’une obligation sauf en cas de séjour à l’étranger au titre de la mobilité internationale et de séjour de cohésion du SNU. Les projets de décret et d’arrêté ont été discutés en Conseil supérieur de l’éducation et ont reçu des avis massivement négatifs.

Les représentants du ministères se sont révélés incapables de répondre à des questions élémentaires. Qui pour encadrer ? Qui pour contrôler? Qui pour assurer la sécurité des jeunes ? Quel suivi, puisque la motivation officielle relèverait du pédagogique ? Pour avoir des réponses, il fallait , semble-t-il écouter le discours ministériel au patronat. Les personnels de l’Education nationale, eux, attendront. Le ministère promet une circulaire très prochainement mais visiblement l’essentiel n’y figurera pas : que deviennent les élèves qui ne pourront satisfaire cette obligation? Les lycées auraient obligation de les accueillir et les lycéens sans stage, obligation d’y aller. Comment? Pour quoi faire? Avec qui ? Nul ne le sait.

Des stages obligatoires… Mais pas trop!

Réglementairement, il sera donc possible d’échapper à cette obligation par un séjour à l’étranger ou le séjour de cohésion du SNU. Le ministre Attal a même affirmé devant le patronat que les « jobs d’été » feraient office de stage. Rien ne vient pourtant étayer cette dernière affirmation, pour l’instant. On voit même poindre derrière ce stage, un élément destiné à favoriser une politique d’attractivité du métier enseignant. Comment le ministère peut-il sérieusement envisager le stage en école comme décisif pour enrayer la crise de recrutement dans l’Education nationale ? La Fonction publique proposerait ainsi 100 000 stages et parmi eux, les professeurs des écoles seraient sollicités pour accueillir des élèves de Seconde. L’objectif officiel consiste à tenter de dégager un vivier de futurs enseignants, repérés comme élèves dès la Seconde.

Toutes les conditions sont ainsi réunies pour creuser les inégalités sociales pourtant déjà si importantes. Les jeunes issues de familles socialement favorisées bénéficieront d’un réseau ou de moyens qui leur permettront de franchir l’obstacle sans problème.

Il ne restera aux naufragés du système que le SNU, dont la version scolaire masquée par le label « classe et lycée engagés » participe d’une conception éducative qui relève davantage de la mise au pas, plutôt que de l’éducation. « Libres d’obéir » sous uniforme ou dans le monde du travail, voilà le projet !

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