Le SNES-FSU acte positivement la rupture avec la commande présidentielle initiale : Emmanuel Macron avait lancé ces travaux sur la base d’affirmations fausses sur la durée des vacances, ouvrant la porte à de nouveaux épisodes insupportables de prof bashing. Le SNES-FSU apprécie que certaines des revendications qu’il a portées devant la Convention et dans de nombreux autres cadres, soient reprises : la revalorisation des personnels, la diminution des effectifs par classe, la reconnaissance du métier d’AESH, un grand plan de rénovation du bâti scolaire. Cela confirme que ces urgences sont très largement partagées. Il est temps que l’exécutif et les parlementaires les entendent, notamment dans le cadre de la discussion budgétaire en cours.
Mais les principales propositions de la convention citoyenne sont paradoxales. Les citoyen·nes affirment en effet avoir conçu leurs propositions pour réduire les inégalités, ambition que le SNES-FSU partage tant les inégalités de tout ordre minent les objectifs du service public d’Éducation. Pourtant, plusieurs de leurs propositions vont, au contraire, les aggraver.
Risque d’externalisation
Ainsi, une organisation du temps scolaire qui fixerait des cours dits « théoriques » le matin, des activités « pratiques » l’après-midi suivies d’activités culturelles, artistiques et sportives après 15h30, avec l’appui d’associations et des collectivités territoriales, ouvre la porte à une sortie potentielle des arts plastiques, de l’éducation musicale et de l’EPS du cadre national des enseignements. Non seulement cette séparation est absurde car c’est dans les allers-retours entre « théorie » et « pratique » au sein des heures de cours que les enseignements sont porteurs de sens pour les élèves. Mais surtout, cette éventuelle prise en charge par des acteurs et actrices extérieurs dépendrait des associations disponibles localement et des ressources financières des collectivités aujourd’hui exsangues. Les inégalités territoriales exploseraient alors, de même que les inégalités sociales. La gestion du temps périscolaire dans le premier degré en est un exemple frappant.
Le SNES-FSU réaffirme que ces enseignements concourent à la culture commune qui permet à un élève de s’émanciper par les savoirs et savoir-faire. Tous les élèves, quel que soit leur lieu de scolarisation, doivent y avoir accès, dans le cadre d’un enseignement disciplinaire organisé par un programme national.
Le SNES-FSU s’opposera à toute forme de décentralisation des enseignements, que ce soit à travers le renvoi au local de l’organisation de l’après-midi, ou à travers une diversité des acteurs et financements.
Zapping et École au rabais
Le SNES-FSU alerte par ailleurs sur la proposition d’organiser les cours dans le Second degré sur la base de brèves séquences de 45 minutes, qui ne correspondraient alors qu’au plus à 40 mn effectives de cours (temps d’installation des élèves, appel etc). Le rythme d’une journée de classe s’en trouverait affecté : plus de déplacements, c’est du temps d’apprentissage perdu et les effets de ce zapping permanent seraient particulièrement défavorables aux élèves les plus en difficulté, qui ont besoin de davantage de temps pour entrer dans les apprentissages et d’accompagnement dans la classe pour réussir. Des séquences de 45 minutes, ce serait aussi plus de classes par professeur·es, donc une nouvelle surcharge de travail et moins de temps à consacrer à chaque élève.
Mises bout à bout, les propositions de la Convention (une journée commençant à 9h, regroupant des cours « théoriques » de 45 minutes uniquement le matin, écartant certaines disciplines) mèneraient à une impasse organisationnelle. Elles dessineraient surtout une École au rabais alors que jamais n’a été aussi fort l’enjeu démocratique de transmettre une culture commune, solide et diversifiée, à toutes et tous les élèves, celle qui leur permettra d’être les citoyen·nes éclairé·es d’un monde de plus en plus complexe.
Les membres de la Convention citoyenne se sont emparé·es du débat sur l’avenir de l’École par le prisme du temps des enfants. Ces apports ne peuvent être niés au regard de l’état de la jeunesse que les personnels côtoient tous les jours. Mais ils doivent être nécessairement confrontés aux réalités des établissements et à deux questions : comment réduire les inégalités multiples qui sapent le système éducatif et comment assurer une formation ambitieuse et de haut niveau à tous les élèves ?
Le SNES-FSU alerte l’exécutif, en particulier le président de la République, jamais avare de manipulations en tout genre, comme sur les précédentes Conventions citoyennes : l’ensemble de ces propositions ne peuvent être appliquées sans discernement. Il faut écouter tous les acteurs et actrices de la communauté éducative et, pour commencer, donner au second degré qui est à l’os, les moyens de fonctionner.

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