Bilan du mouvement de décembre

Le mouvement des CPGE a été exemplaire : il a commencé par des heures d’informations syndicales ou des AG dans les lycées avec une montée en force progressive : rassemblements, manifestations, locales, AG académiques, qui ont débouché sur la grève du 9 décembre, avec un taux de grévistes supérieur à 80%, voire 100% dans une soixantaine d’établissements. Le SNES s’est voulu unitaire dans l’action et la rédaction de communiqués nationaux inter-syndicaux et associations.

La satisfaction s’exprime « ça n’est pas fréquent qu’on obtienne une victoire, ça fait plaisir» même si après discussion, le terme « moratoire » a été trouvé plus juste que celui de victoire. « On gagne lorsqu’on est uni, avec un syndicat fort » . Le retentissement a été fort, « on a été reçu par les rectorats et les pouvoirs publics ».

Mais il y a aussi les critiques.

Les collègues du secondaire n’ont pas eu la même attitude selon les lycées. « Les collègues du secondaire ne se sont pas sentis concernés ». « Nous n’avons pas réussi à les convaincre, dommage ». Dans certains établissements, des collègues du secondaire étaient hostile vis à vis des professeurs de prépas, notamment lorsque ces derniers mettaient en avant « leur charge de travail intensive ». Inversement, dans d’autres lycées, le fait que le préavis de grève du 9 décembre ne concerne que les professeurs de CPGE n’a pas été compris. Toutefois, « les mots d’ordre venus d’en haut, ça ne marche pas : par exemple la grève de septembre pour demander l’abandon de la réforme Chatel n’a pas été suivie». « Les professeurs de prépas se sont peu impliqués dans les mouvements précédents, c’est un juste retour de bâton qui doit nous faire réfléchir pour l’avenir. »

Les sections académiques (S3) se sont impliquées lorsqu’elles étaient sollicitées : financement d’un bus, du train pour aller à la manifestation parisienne, rendez-vous dans les rectorats, logistique diverse. « Les positions du S4 n’a pas toujours été comprises ». « La direction du SNES a été tiède ». « On a eu des doutes sur l’attitude de la direction nationale qui ne semblait pas mesurer la gravité des projets pour les prépas ». Le SNES a été discret, « mais sans le SNES rien par exemple ne serait passé à Paris». Les propos du secrétaire général Daniel Robin le 2 décembre au soir à France Culture, sur la proposition de prime de 3000 € pour effectifs pléthoriques, ont provoqué la colère. La mobilisation a été plus facile dans les grosses structures et inégale d’un lycée à l’autre.

Réponses du secteur prépa et du secrétariat national

Le SNES s’est voulu discret car le milieu prépa est peu syndiqué, il fallait travailler collectivement, notamment avec les associations, pour assurer l’efficacité du mouvement. Le SNES a initié et soutenu les AG, manifestations et grèves en relayant au maximum tout ce qui se passait, tout ce qui se disait, les taux de grévistes, etc. Cela a été un travail considérable pour lequel il faut remercier les militants très actifs. Le SNES n’est pas le syndicat des CPGE donc les discussions ministérielles ont été jugées, par la direction nationale, à l’aune de l’ensemble des professeurs du secondaire, ce qui a pu sembler en décalage par rapport à la situation des seuls professeurs de prépa. Seuls les écrits font foi et l’expression du bureau national du SNES a été sans ambiguïté après les discussions ministérielles (3 décembre). Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une négociation, ce sont les secrétaires généraux qui représentaient le SNES au ministère, ensuite les comptes-rendus étaient mis en ligne sur le site du SNES avec les premières analyses.

De nouvelles propositions pour notre métier

Les positions du SNES se décident dans les instances démocratiques où sont représentés les sections académiques et les secteurs nationaux. Ainsi la CA nationale (le parlement du SNES) réunie le 15 janvier a décidé que le SNES devait poursuivre les discussions avec le ministère, tant sur les missions et l’évolution de notre métier, que sur les mesures statutaires. C’est dans ce cadre que le secteur prépa du SNES propose d’aborder la suite de la discussion d’aujourd’hui, un texte préparatoire a été diffusé en ligne.

Le MEN a acté la formation d’un groupe de travail spécifique pour toutes les classes préparatoires, mais il n’y a aucun calendrier pour le moment. Nous pensons qu’il faut s’appuyer sur le rapport de force établi par ce mouvement pour obtenir des avancées et non le simple retour à l’existant.

La question des effectifs

Dans les prépas dites de proximité, le nombre d’élèves par classe est faible : « il y a des classes à 48 élèves et d’autres comme au lycée Paul Eluard (Saint-Denis) à 17 ; ce n’est pas normal » et comme le souligne un collègue « il existe de grandes disparités entre établissements ». « Ne faudrait-il pas limiter les effectifs des prépas scientifiques à 40 élèves par classe ? ». La course au 36e élèves est un effet pervers du dispositif mais la plupart des collègues présents veulent défendre la prise en compte des effectifs.

Heures de Colles

La rémunération actuelle des heures de colles est incohérente. Depuis 2005, elles sont liées au nombre d’élève de la classe, ce qui est anormal.

Faut-il un statut spécifique ?

Une large majorité s’accorde contre un statut spécial de professeurs de cpge : « nous refusons tout statut spécifique de cpge » (texte du lycée Faidherbe). « Le danger si on a un statut spécifique c’est de nous isoler et nous deviendrions plus vulnérables étant donné notre petit nombre ». Les professeurs de cpge sont attachés à leur maintien dans le secondaire. De plus « dans les disciplines littéraires, des collègues bénéficient d’un service partiel en CPGE, ce qui est une entrée intéressante en prépa.»

Heures supplémentaires

L’appellation « heures supplémentaires » n’est pas adéquate, puisque ce sont des heures imposées par le service et la nomination. Il ne faut plus utiliser ce terme « Si on voulait réduire les heures d’enseignement, il faudrait réduire le programme. ». « Pour réduire le recours aux HSA, il faut créer davantage de postes, mais cela coûte plus cher au budget de l’Etat», l’exemple de l’informatique est, à cet égard, caractéristique. Il faudrait que les heures dites supplémentaires, qui font en réalité partie du service, soient intégrées au salaire sous forme de bonification indiciaire.

Décret de 1950

Des collègues ont le sentiment qu’il pourrait être risqué de modifier ce décret, « les articles 6 et 7 du décret de 50 ne sont pas si mal », la recherche d’un statut protecteur est indispensable, mais il ne faut rien perdre par rapport à la situation actuelle, «en gardant certains acquis comme l’alignement sur le régime le plus favorable(effectifs et classe) ». « Les décrets de 50 sont à dépoussiérer mais ils sont protecteurs ». Toutefois « ils ne couvrent pas toutes les situations». « Une circulaire ou une lettre, fut-elle de la DGRH, ne tient pas devant un juge administratif ». Les professeurs de DCG (diplôme de comptabilité et gestion) en savent quelque chose puisque leurs maxima de service ne reposent que sur une simple lettre et varient d’une académie à l’autre. « En 2005, le taux des HSA est devenu dépendant des effectifs, ce qui semble injuste ». Les collègues des disciplines littéraires ont souvent plusieurs classes et un programme qui change chaque année mais le principe de traiter toutes les disciplines de la même façon n’est pas remis en cause. Le ministère avance l’idée de pondérations, qui permet d’affiner les situations comprenant plusieurs classes. Tout dépend du niveau de cette pondération : 1,5 pour tous est évidemment inacceptable. Pour le moment, il est plus prudent de défendre les maxima de service spécifique. « Il faut privilégier les allègements de service plutôt que les primes ou indemnités » (référence à la proposition des 3000 €). Il faut également « mettre dans la balance les développements des carrière, en créant plus de chaires supérieures et en créant une échelle B à ce corps. »

D’une façon générale, notre charge de travail a augmenté depuis 1950, la définition des services est la même, donc on ne peut pas accepter de baisses de rémunération, pour les professeurs de prépa comme pour l’ensemble des professeurs.

En conclusion

Le SNES doit défendre l’esprit des décrets de 1950, par exemple la référence à un horaire hebdomadaire et à une discipline, cet esprit qui assure sécurité et protection face à toutes les situations. Le SNES doit continuer à se battre pour la revalorisation des salaires et la baisse de la charge de travail, cela concerne l’ensemble des professeurs.

Pour les CPGE, il faut écarter l’idée d’un statut spécifique tout en faisant des propositions permettant d’améliorer et de simplifier la réglementation. Il faut avancer sur l’intégration des HS dans le salaire de base et s’appuyer sur le corps des chaires supérieures pour obtenir des avancées. Il faut limiter les effectifs, avec une priorité en prépas scientifiques, tout en maintenant l’allègement pour effectif pléthorique, sur une ou plusieurs classes (à débattre).

Enfin ce mouvement a fait apparaître des différences de mobilisation qui sont directement liées à une certaine hiérarchisation que subissent les établissements. Le SNES doit continuer à lutter contre la concurrence entre les prépas et défendre son idée de démocratisation et de diversification de l’enseignement supérieur.

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