
En réponse à la déclaration préalable du SNES-FSU à lire ci-dessous, le ministère a précisé que des aménagements de programmes de Mathématiques en Seconde et Première générale et technologique pour la rentrée 25 seront publiés au BO du 12 juin avec une note de service sur l’épreuve anticipée et des sujets zéros. Il s’agirait principalement d’une généralisation des automatismes dans les programmes. Des aménagements plus conséquents sur les programmes de la Seconde à la Terminale sont annoncés pour la rentrée 2026. Des concertations sont prévues avec les représentants des personnels : le SNES-FSU informera et consultera les collègues. Au BO du 12 juin, une note de service sur l’épreuve pratique de STI2D à la session 26 du baccalauréat a aussi été annoncée.
Conseil supérieur de l’Education du 5 juin, déclaration du SNES-FSU
Madame la directrice, Monsieur le chef de service, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
A défaut d’investir dans l’Éducation et de valoriser les savoirs et savoir-faire émancipateurs, le gouvernement fait le choix d’instrumentaliser les enseignements. La généralisation de l’éducation aux médias et à l’information de l’école élémentaire au lycée qui sera examinée aujourd’hui, en est une nouvelle illustration.
D’une part, l’examen du texte de loi n’est en aucun cas sous la responsabilité du ministère de l’Éducation nationale, le projet d’article qui nous est soumis se retrouve donc en décalage avec les programmes d’EMI dont la réécriture est annoncée pour le cycle 4. D’autre part, la volonté de faire porter cette généralisation via le programme d’EMC balaye le rôle déterminant des professeur·es documentalistes qui assurent aujourd’hui des séances d’EMI.
Il ne s’agirait donc plus de contribuer à l’apprentissage d’une culture de l’information et des médias chez les élèves mais de les sensibiliser aux manipulations de l’information notamment par l’ingérence étrangère. Cela réduit fortement les objectifs de l’EMI. Pour le SNES-FSU, l’esprit critique est une démarche rationnelle de pensée, émancipatrice, et sans limite quant à son objet. Il ne saurait se limiter à une différence d’opinions ou de faits et de vérification de fiabilité.
Nous notons par ailleurs avec étonnement, qu’ici le ministère s’inquiète des ingérences étrangères quand il incite sans véritable précaution les personnels à utiliser l’IA et à soumettre des données personnelles à des sociétés étrangères ou des start-up Ed Tech.
Le SNES-FSU conteste la réorientation progressive des programmes d’EMC pour encadrer et recadrer les choix pédagogiques des collègues avec les priorités gouvernementales, comme le maintien de l’ordre, il y a peu, dans l’adaptation des programmes pour la Nouvelle Calédonie. Le SNES-FSU rappelle d’ailleurs que les collègues ont le droit d’user de leur liberté pédagogique, dans le cadre de leur enseignement, pour évoquer tous les sujets y compris les plus sensibles.
Les professeur·es, notamment en histoire-géographie, sont fréquemment amené·es à traiter des questions d’actualité plus sensibles que d’autres dans les classes, parce qu’elles sont au programme ou plus simplement parce que les élèves posent des questions. C’est la solidité de leurs bases scientifiques et leur expertise disciplinaire qui font que les collègues sont en mesure d’y répondre ; il faut donc que l’administration cesse de jouer à l’apprenti sorcier à coups de réformes et de démarches qui sont autant d’attaques contre la haute qualification de nos professions et de notre enseignement.
Depuis lundi, les élèves de Terminale découvrent leurs résultats de Parcoursup. Si certain·es se réjouissent des réponses, d’autres restent sur le carreau, tout particulièrement dans les séries technologiques.
Ces élèves sans solution sont en outre la proie de formations privées lucratives au coût d’inscription exorbitant sans garantie de diplomation. Le SNES-FSU exige l’abandon de Parcoursup, véritable mécanique de tri et de relégation qui n’arrive plus à masquer le sous-investissement dans l’enseignement supérieur public.
Pour ce qui est des textes sur les classes préparatoires scientifiques d’adaptation de Techniciens supérieurs (ATS) à l’ordre du jour de ce CSE, le SNES-FSU ne pourra accepter un recul des conditions d’enseignement en S2I, sciences industrielles de l’ingénieur. Les programmes encadrant la réforme doivent prévoir clairement une organisation pédagogique par groupe non seulement en TP mais aussi en TD et en cours, comme c’est le cas aujourd’hui.
Le SNES-FSU demande le rétablissement de leur mention dans les programmes officiels de S2I pour sécuriser ces groupes dans un contexte où les DHG sont de plus en plus réduites. Cette demande est en cohérence avec les objectifs de réussite pour toutes et tous et avec la mission de promotion sociale portée historiquement par la filière ATS.
La commission des finances du Sénat a saisi la Cour de comptes pour évaluer la politique d’éducation prioritaire depuis 2017. Les préconisations du Sénat dépassent celles de la Cour, et visent la pondération REP+, les seuils de dédoublement en CP/CE1, la mise en place d’une allocation progressive des moyens et même la suppression de toute labellisation ! Force est de constater qu’une carte figée depuis 2015 occulte les évolutions sociales et économiques alors que la pauvreté ne cesse de se répandre et affecte bien plus d’élèves.
Des décalages deviennent insupportables et doivent être corrigés. Seize collèges avec un IPS inférieur à 80 sont situés hors de l’éducation prioritaire, dont un collège qui présente l’IPS le plus bas à 70,5. Il est donc plus que temps de rouvrir le dossier Éducation prioritaire. Le SNES-FSU revendique une politique nationale d’Éducation prioritaire dans un périmètre plus ambitieux que la carte actuelle des collèges avec la réintégration de lycées et des moyens financiers pour ne léser personne, sur des critères nationaux, transparents et concertés avec les organisations syndicales.
A ce jour, nous sommes toujours dans l’attente de la publication des notes de services pour l’épreuve pratique de STI2D en Terminale l’an prochain et pour l’épreuve anticipée de mathématiques en Première générale et technologique. Il devient urgent de concerter les organisations syndicales avant de communiquer les aménagements de programmes de mathématiques qui s’appliqueront à la rentrée en Première et Seconde, mais aussi a priori en Terminale contre toute attente comme l’indiquent des textes diffusés en académie par des IPR. Par ailleurs, les arbitrages de la ministre sur les groupes de niveau en Sixième et Cinquième pour la rentrée tardent aussi à venir comme la publication de l’évaluation du dispositif.
A quelques jours des premières épreuves du baccalauréat, le SNES-FSU rappelle sa demande exprimée dans un courrier à la DGESCO, renouvelée lors du dernier CSE, d’une consigne claire donnée aux services et à l’ensemble des chef·fes d’établissement, pour que les professeur·es de lettres et de philosophie convoqué·es pour la correction des épreuves écrites du baccalauréat et / ou la passation des oraux des EAF, ne soient affecté·es à aucune mission de surveillance.
Le 10 juin, le SNES-FSU et les syndicats concernés de la FSU appellent les PsyEN, les infirmières et les assistant·es des services sociaux à se mobiliser contre les mesures des assises de la santé des élèves. Les collègues défendront haut et fort leurs missions respectives et le renforcement de leur présence au sein des écoles et établissements scolaires, indispensable pour marquer une ambition forte pour la jeunesse.
Pour finir, évoquons l’indignation et la colère que nous éprouvons à la lecture de l’annonce du rectorat de Dijon pour recruter des professeur·es de français sur le seul intérêt porté à cette discipline validé par un entretien de 30 minutes. Laisser croire qu’enseigner peut s’improviser, sans qualification ni formation, est inacceptable.
Cette énième offensive contre la professionnalité et l’assise disciplinaire des professeur·es du second degré vient s’ajouter à d’autres qui progressivement font système avec la réforme de la formation. Nous sommes bien loin ici de la volonté affichée par la ministre de redonner de l’attractivité aux métiers de l’enseignement.
Son silence sur l’initiative du rectorat de Dijon est d’ailleurs très mal vécu par nos collègues. Le vœu interssyndical FSU, UNSA, CFDT, SNALC, CGT et SUD, porté au vote de ce CSE pour que les fonctionnaires stagiaires ne soient pas assimilé·es à des moyens d’enseignement le temps de leur formation, rappelle notre exigence collective d’une véritable formation de qualité à l’université pour nos futur·es collègues.