En cinq ans, le joueur Blanquer a eu le temps de placer tous ses pions pour verrouiller le débat. Les arguments d’autorité ont été répétés en boucle : une partie des élèves serait convaincue du bel avenir (lycéen) qu’offre la réforme du lycée… puisqu’on vous le dit ! Les adversaires plus téméraires ont été affublés du sympathique sobriquet de « ventilateurs à angoisse ».

Et puis, au cœur de cet hiver 2022 décidément si particulier, en quelques jours, le bel édifice s’effondre. La tour vacille. Le ministre, si prompt à imposer le tempo, ne parvient pas à juguler le flot de chiffres et de constats convergents : les élèves, et notamment les filles, font de moins en moins de mathématiques. CQFD !

Le cavalier Blanquer réformateur, héraut autoproclamé de la lutte contre les inégalités, fléchit. Quelques pions tentent de lui porter secours, mais rien n’y fait. Le lycée Blanquer apparaît pour ce qu’il est : une machine à reproduire les inégalités sociales et à calculer les économies comme l’avait souligné le SNES-FSU dès 2019.

Pour ne pas semer le désordre et nuire à la mise sur orbite du président candidat – il ne faudrait pas faire échec au roi ! –, le ministre Blanquer finit par reconnaître les insuffisances de sa réforme. Il se déjuge, sacrifie quelques pions – gambit – et reconnaît la nécessité de renforcer une culture commune mathématique pour tous les élèves. La partie n’est pas finie. Continuons à nous mobiliser et à avancer nos pions pour faire échec à la réforme Blanquer.