Blocage dans les raffineries, le pays bloqué… la grève des salariés de TotalÉnergie et Exxon a réactivé de bien détestables réflexes sémantiques de la part des quelques éditorialistes déconnectés de la réalité et qui ne voient pas plus loin que le bout du réservoir de leur voiture. Sans surprise, on a même entendu cette exécrable comparaison entre des grévistes et des preneurs d’otage, reprise comme une rengaine, comparaison déjà faite par Emmanuel Macron lors de la grève du bac en 2019. Un parallèle insupportable.


Alors rappelons que si les luttes se construisent et se gagnent sur le terrain et dans la rue, elles passent aussi par la bataille des idées, des mots et des chiffres. Qui bloque aujourd’hui le pays ? Certainement pas les salariés des raffineries qui exercent en ce moment leur droit de grève. N’en déplaise à Elisabeth Borne et Gabriel Attal : cesser le travail pour gagner des droits sociaux est un droit constitutionnel et qui a marqué l’histoire sociale du pays. Parlons chiffres aussi : l’augmentation de 10 % de salaire demandée par les grévistes de chez TotalÉnergie coûterait 150 millions d’euros. Le dividende exceptionnel versé aux actionnaires en septembre a été de 2,6 milliards. De quoi financer l’augmentation de salaire exigée par les syndicats pendant… dix-sept ans. Alors, qui bloque ?