Comme l’a montré  l’enquête métier du SNES-FSU, dans le second degré, l’accroissement des effectifs, les suppressions de postes, la mise en place des réformes successives du collège puis du lycée ont accru les phénomènes de souffrance au travail, le sentiment de « mal faire » alors même que l’attachement à la réussite de tous les élèves constitue le fondement des métiers. Les professeurs documentalistes n’échappent pas à ce constat.

Le professeur documentaliste n’est pas une variable d’ajustement !

Les nouveaux programmes, les dispositifs imposés, l’augmentation de prescriptions voire des injonctions combinés à la réduction des moyens (disparition des groupes par exemple) ont freiné l’implication pédagogiques des professeurs documentalistes ainsi que la collaboration avec les collègues des autres discipline.

De même, la hausse des effectifs, les nouvelles organisations imposées par la réforme, la méconnaissance persistante du rôle et des missions du professeur documentaliste cantonne, trop régulièrement, le professeur documentaliste a un rôle d’accueil, empêchant la mise en place d’une réelle réflexion et mise en oeuvre de l’EMI au sein des établissements.

Ainsi, malgré une circulaire de missions réactualisée en 2017, le professeur documentaliste reste une variable d’ajustement, noyé sous la multiplication de tâches annexes, trop souvent sans lien avec ses missions (manuels scolaires,…) et des prescriptions. De cette situation, naît une insatisfaction quant à la quantité de tâches non accomplies en fin de journée (56,69%) et à la qualité de celles réalisées (38,98%) mais surtout un alourdissement du temps de travail (70,98%). C’est, sans surprise, que le sentiment d’être débordé domine ainsi que celui de perdre la main sur son métier (69,81%). Le métier se transforme (84,71%), perd de son sens ( 65,88 %) s’éloignant de la préoccupation de la profession et sans même de reconnaissance financière (90,59%) ! La coupe est pleine et les conflits augmentent avec la hiérarchie mais également avec les collègues de discipline et les personnels de la Vie Scolaire ! Le professeur documentaliste s’épuise, encore et toujours, à imposer la reconnaissance de son métier et de ses spécificités mais ne se voit opposer qu’injonctions voire mépris !

Réforme du lycée : quid du professeur documentaliste ?

A l’occasion de la refonte des programmes, la préoccupation de faire acquérir aux élèves des connaissances et compétences en Information – Documentation s’esquissait, dans la lignée de la mise en place de l’enseignement de l’EMI au cycle 4. Pourtant, force est de constater, qu’aucune place n’est faite pour un réel enseignement de l’Information Documentation et encore moins pour le professeur documentaliste !

L’organisation ubuesques des enseignements, les moyens alloués – en baisse – ne permettent même pas de pérenniser les collaborations qui existaient et fonctionnaient, par exemple, dans le cadre de dispositifs comme les TPE, les enseignements d’exploration, l’AP. Le nouvel enseignement Sciences Numériques et Technologie (SNT) en 2nde, quant à lui, s’il apparaissait comme une opportunité pour obtenir enfin une reconnaissance de l’expertise du professeur documentaliste et de son rôle pédagogique, se révèle, en ce début d’année, une usine à gaz tant dans son organisation au sein des établissements que dans la charge de travail imposée !

Les professeurs documentalistes, lorsqu’ils sont sollicités, c’est qu’il s’agit – trop souvent – pour la direction de faire face à l’absence de volontaires et/ou pour des questions d’organisations d’emplois du temps. C’est donc sans réelle concertation, ni préoccupation pédagogique ni même respect du décret imposant le décompte des heures d’enseignement ! Et dans le même temps, il est demandé aux professeurs documentalistes d’accueillir plus d’élèves et d’augmenter l’amplitude d’ouverture du CDI et ce, bien évidemment sans moyens supplémentaires !

Alors qu’aucune réflexion n’a véritablement été menée sur le rôle pédagogique du professeur documentaliste dans le cadre de la réforme du lycée, ce dernier se retrouve pourtant malmené par celle-ci et submergé par l’accumulation des tâches. Et à ce jour, des interrogations subsistent donc sur la place pédagogique que pourront prendre les professeurs documentalistes dans l’hypothèse du maintien de l’organisation du lycée et du baccalauréat à l’identique !

La définition des missions des professeurs documentalistes via une circulaire réactualisée en mars 2017, un référentiel de compétences professionnelles, le décret pour le décompte des heures légitimant la mission d’enseignement, la mise en place de l’EMI au collège voire du nouvel enseignement SNT en 2nde ne suffisent pas à obtenir la reconnaissance du métier de professeur documentaliste au sein des établissements et en particulier par la hiérarchie. Ainsi, le professeur documentaliste se voit imposer des tâches supplémentaires – de manière autoritaire voire sous forme de chantage à l’emploi du temps ou à la rémunération, par exemple – alourdissant par conséquent une charge de travail pourtant déjà importante ! Rappelons que dans la majorité des établissements, il n’y a qu’un seul poste de professeur documentaliste et ce quel que soit leurs effectifs.

Assurer ses missions de manière sereine devient périlleux tant l’exercice est aujourd’hui difficile ! S’il est évident que les différentes réformes, menées sans concertation avec la profession voire contre l’avis de celle-ci, contribuent à dégrader un peu plus les conditions de travail des personnels, il faut poursuivre la mobilisation collective !

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