Voici un retour des différentes académies sur la passation et les résultats d’Ev@lang. De nombreux collègues ont répondu à notre appel d’information sur un bilan de cette attestation que les élèves de 3èmes ont passée en mars 2022. Voir notre article de février dans lequel nous nous interrogions déjà sur les modalités de passation.

Une passation inégalitaire

Même si majoritairement l’épreuve s’est déroulée sans encombre il y a eu des difficultés pour certains groupes à se connecter (problèmes de réseau, de connexion, de son).

Ces déconnexions ont handicapé certains élèves sur le temps, et ont généré un stress supplémentaire. Le téléchargement à durée limitée des fichiers n’est pas pratique et met la pression en cas de mauvaise connexion ou de manque de temps et lorsqu’un.e élève n’a pas pu bien faire, il est  impossible de rouvrir la session après le temps imparti écoulé.

La passation du test a donc été très inégale : pour certaines classes, tout a fonctionné correctement et pour d’autres, la connexion internet du collège n’était pas suffisante, ou les codes n’étaient pas bons ou n’avaient pas été reçus à temps. Certains élèves, après une énième tentative de passage, finissaient par se retrouver devant un site Ev@lang qui ne fonctionnait pas avec un test impossible à réaliser.
Ainsi, certaines classes ont des résultats complets (correspondants plus ou moins à leur niveau réel) tandis que pour d’autres, le récapitulatif a été édité alors que les élèves n’avaient pu que partiellement réaliser le test donc les résultats sont plus que faussés.
Bref, une belle perte de temps.

Un déroulement aléatoire

Certains élèves ont été induits en erreur par l’interface du site. Ils ont par exemple confondu la flèche « passer la question » située à droite de l’écran et celle « validation de la réponse » située en bas qui ne permettait pas de revenir en arrière. Dans ce cas, c’est plus un souci informatique ; c’est donc une non compréhension ou une mauvaise utilisation de l’outil qui est en cause mais ce n’est pas une véritable validation de la langue qui a été faite.

D’autres ont été stressés par le chronomètre.

Enfin, alors que le test est censé être évolutif, lorsqu’un.e élève, en début de séance, commet une erreur il/elle est bloqué.e dans sa progression et ne pourra jamais atteindre le niveau B1.

Par ailleurs, comme le précise une IA-IPR d’anglais sur sa chaine vidéo les questions étaient parfois très trompeuses et nécessitaient davantage un esprit déductif qu’une réelle connaissance de la langue.

Un contenu déconnecté

Ces épreuves vont à l’encontre des pratiques d’évaluation des enseignants. Cela fait des années que les inspecteurs/rices, d’anglais notamment, préconisent de ne pas utiliser les QCM ou les textes à trous, de ne pas faire d’évaluation hors contexte, de ne pas faire de contrôles de vocabulaire ou de grammaire : Ev@lang est un mélange de tout ce que l’on nous demande d’éviter dans nos pratiques !

De plus, l’absence d’évaluation des compétences d’expression écrite et orale tronque au moins la moitié du spectre d’évaluation. L’expression orale notamment est une compétence que l’on nous a demandé de valoriser depuis plusieurs années et qui est totalement absente d’Ev@lang. Ces résultats n’offrent donc qu’une vision très partielle à l’instant T des compétences en langue.

Une restitution inégale

Certains collègues et des élèves à ce jour n’ont pas eu les résultats, ou bien parce que la direction a oublié de transmettre l’information, ou bien parce qu’elle garde les attestations pour les distribuer aux élèves avec leurs avis d’affectations. D’autres ont obtenu immédiatement les fiches individuelles nominatives de résultats et quelques-uns ont même eu droit à de magnifiques « camemberts » ou diagrammes faits par les principaux-adjoints en extrayant les données du fichier Excel reçu.

En raison de nombreux retours et d’interrogations de parents et d’élèves concernant les résultats, une IA-IPR d’Anglais de l’académie de Nantes, sur sa chaine Youtube donne les raisons de ces mauvaises performances. Elle pointe de façon précise et explicite tous les défauts de cette attestation. Néanmoins après avoir montré pendant 9 minutes toutes les imperfections, les erreurs, les limites de ce test il est étonnant de continuer à inciter les professeurs à préparer l’an prochain cette évaluation en inventant des questions, en se les échangeant, en faisant des petits tests « pour rire » ! Pour le SNES-FSU, la conclusion est tout autre : non au teaching to the test, non à ces attestations onéreuses, trompeuses et inutiles ! Le SNES-FSU demande la suppression d’Ev@lang au collège

Le SNES-FSU se réjouit par ailleurs de la toute récente décision du Conseil d’État pour le post-bac qui conforte notre farouche opposition aux certifications privées de langue vivantes étrangères : un diplôme national ne peut pas dépendre d’une certification privée.  En conséquence, nous demandons que des mesures soient prises pour neutraliser les textes de référence, tout particulièrement ceux en vigueur en BTS invalidés par le Conseil d’État.

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