Depuis la rentrée, des Sixièmes « tremplin » sont expérimentées dans certaines académies. Les enseignements y sont réorganisés de façon à extraire des élèves en difficulté pour des séances de soutien en français et en mathématiques. Ces dispositifs protéiformes, décidés localement, s’accompagnent souvent d’échanges de services entre premier et second degrés. Il est réducteur de laisser penser que les professeur·es des écoles seraient les seul·es spécialistes de la difficulté scolaire en les invitant à prendre en charge des groupes réduits de collégien·nes en difficulté. En contrepartie, l’envoi de professeur·es des collèges pour enseigner quelques heures en primaire risque de ronger la spécialisation disciplinaire au profit de la polyvalence.

Les Sixièmes « tremplin » externalisent le traitement des difficultés scolaires alors que le SNES-FSU demande des conditions d’étude et de travail permettant d’étayer les apprentissages des élèves au sein de la classe.

Ces expérimentations éclatent le collectif de travail qu’est la classe. Les élèves aux résultats fragiles sont stigmatisés, leurs emplois du temps sont plus complexes et ils ont finalement davantage d’intervenant·es. Des témoignages montrent que la question du temps de concertation nécessaire à une liaison CM2-Sixième de qualité est négligée dans ces projets. Or, le SNES-FSU demande depuis longtemps qu’il soit intégré au temps de service.

Dispositif Avenir en Cinquième

Dans d’autres collèges, c’est l’ouverture au monde de l’entreprise (via des associations liées au MEDEF) qui est développée dès la Cinquième, pour y formater les élèves à devenir « entrepreneurs d’eux-mêmes » et préparer les plus en difficulté à une orientation vers l’apprentissage pré-Bac, et ce malgré son taux d’échec édifiant (rupture de 40 % de contrats de travail). Cette demi-journée par semaine, sans financement spécifique, se déroulera forcément au détriment d’heures d’enseignement et évincera davantage les Psy-ÉN du travail sur l’orientation, cette mission glissant sur les professeur·es et CPE voire sur des intervenant·es extérieur·es. Cette expérimentation, vouée elle aussi à être étendue dès la rentrée 2023, est à rapprocher du projet de réforme du lycée professionnel qui diminue le temps d’enseignement pour doubler les durées de stage.

L’avis du SNES-FSU

Pour le SNES-FSU, ces expérimentations participent à la dérégulation du collège. Elles s’opposent à la construction des conditions de la réussite de toutes et tous : elles laissent inchangés les effectifs par classe et absorbent les moyens de la marge d’autonomie limitant les dédoublements, options ou projets. De plus, elles préparent davantage la relégation des élèves en difficulté dans un collège de moins en moins unique.

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