M. Blanquer a participé lundi 24 Janvier 2022 à l’installation du Conseil supérieur des langues (CSL). Un article, détaillant les missions de cette nouvelle instance, est ensuite paru sur le site d’Education.gouv

L’article s’ouvre sur une déclaration « L’enseignement des langues dans une acception large – langues vivantes étrangères, langues vivantes régionales, langues de l’Antiquité – est une priorité éducative ». On s’en rend compte tous les jours avec la diminution, voire la disparition de l’enseignement des LVC ou des langues régionales, les horaires qui fondent, les effectifs qui enflent, les réformes du Bac qui s’enchaînent, le manque de réponses à nos questions.

« Le Conseil supérieur des langues, sous la présidence de monsieur Carlo Ossola, philologue et professeur au collège de France, s’organise en trois collèges d’experts identifiés (….)et favorise l’innovation et l’impulsion de pratiques nouvelles. »

Une composition déconnectée de membres du terrain

On retrouve à la tête du collège LVE, Mme Manès-Bonisseau (anciennement Inspectrice Générale d’anglais et maintenant rectrice de la Réunion) et M. Alex Taylor (journaliste) qui sont à l’origine du rapport intitulé « Propositions pour une meilleure maîtrise des langues vivantes étrangères, oser dire le nouveau monde  »

 Parmi ces propositions qui s’appuyaient sur l’observation de l’enseignement des langues dans d’autres pays européens, plutôt en Europe du Nord (voir article de septembre 2020) certaines étaient en adéquation avec les aspirations des collègues sur le terrain comme : « prendre en considération la demande des enseignants de plafonner les effectifs à 20 élèves en Terminale », mais bizarrement elles n’ont pas été retenues… 10 mesures phares ont fait l’objet du Plan Langues Vivantes. On y voyait déjà apparaître un test de positionnement en anglais en 3ème, l’attestation de langues en terminale et les certifications. On peut donc penser que les préconisations données par ce Conseil seront dans la droite ligne du Plan Langues puisque le pilotage et les objectifs politiques sont les mêmes. Lorsqu’on regarde d’ailleurs en détail la composition de ce Conseil Supérieur qui regroupe presque 40 membres, on y retrouve principalement des professeurs d’université, des IG, des recteur.rice.s,  un journaliste, 2 écrivains et critiques littéraires, mais pas l’ombre d’un.e professeur.e de langues qui enseigne dans une classe. Le risque d’être « hors-sol » existe donc si la parole des personnels n’est pas attendue et considérée.

Les points d’inquiétude :

Ce qui peut inquiéter, c’est que dans la présentation des missions de ce conseil on trouve des objectifs comme « Encourager les formations communes LVE, LVR et LCA » A une période où les collègues de langues dites « à faible diffusion » ou « régionales » ou de certaines LVE (allemand, portugais, italien…) se retrouvent dans des conditions d’enseignement de plus en plus difficiles en raison de la fonte des effectifs, on peut craindre que la bivalence ne revienne au goût du jour.  

La présentation de ce Conseil parle également de « Promouvoir des approches articulées entre les différents enseignements de LVE, LVR et LCA ». La récente création du dispositif Mare Nostrum semble bien être en adéquation avec cette approche puisqu’il est annoncé comme un  « temps spécifique d’une heure supplémentaire par semaine pendant lequel les professeurs de langue ancienne et d’une voire plusieurs langues vivantes étrangères ou régionales, peuvent croiser leurs enseignements autour de thématiques qu’ils auront définies. »

Voilà donc une heure de projet interdisciplinaire par semaine pour un parcours, sans réel programme, sans évaluation et, vraisemblablement sans moyen attribué !

Encore une heure à prendre sur les marges …

Autre sujet d’inquiétude, l’innovation. Au lieu d’adopter une technique simple et efficace qui serait de donner des moyens aux équipes enseignantes notamment pour faire des groupes et pouvoir enseigner l’oral dans des conditions convenables (préconisation qui était dans le rapport Manès-Taylor mais n’a pas été retenue), ce conseil sera chargé de faire des préconisations qui favorisent « l’innovation et l’impulsion de pratiques nouvelles » et d « expertiser et promouvoir des dispositifs innovants ». Or, par les temps qui courent, l’innovation rime souvent avec des dispositifs numériques tous azimuts dont les fondements théoriques mériteraient d’être discutés, s’ils existent.

Enfin, un dernier point d’interrogation : l’article mentionne le fait de « construire des politiques linguistiques appuyées sur la recherche et adaptées aux besoins des territoires ». Que cela signifie-t-il ? Encore une atteinte à une politique nationale d’éducation ? Encore une politique centrée sur la demande (des entreprises ?) et non sur l’offre qui devrait, dans un souci d’équité que nous revendiquons, être proposée à tou.te.s.

Une affaire à suivre…

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