Incohérence La réforme du lycée était censée mieux préparer les élèves aux études supérieures. En réalité, elle complique considérablement l’orientation des élèves en CPGE et risque de renforcer la sélectivité sociale de ces filières sans pour autant mieux y préparer les élèves. De surcroît, elle va cliver, plus encore, les différentes classes sur tout le territoire. Concernant les études scientifiques, jusqu’à présent le Bac S permet de prétendre à une poursuite d’étude dans une CPGE scientifique. Quelles seraient demain les spécialités requises ? Le suivi de l’option mathématiques expertes est-elle une condition nécessaire ? L’option mathématiques complémentaires peut-elle suffire ? Comment envisager en lycée le choix entre physique-chimie d’une part et numérique et sciences informatiques d’autre part ?… Une réforme peut en cacher une autre Pour pallier cette difficulté, la proposition d’introduire en 1ère année un semestre de mise à niveau montre l’embarras dans lequel s’est mis le ministère. Non seulement cette mise à niveau est prévue par transformation d’heures d’interrogations orales – ce qui d’un point de vue pédagogique serait dommageable pour les élèves car celles-ci sont essentielles pour mettre les étudiants en confiance dans cette formation exigeante – mais encore elle représentera une surcharge de travail pour des élèves souvent peu préparés au rythme de CPGE. Cela risque de décourager nombre d’élèves et les amener à renoncer à la filière. Ne pourront suivre que des élèves très préparés en amont par des enseignements adaptés en lycée. Des inégalités territoriales qui se creuseraient Autre difficulté majeure, les établissements les plus sélectifs recruteront des profils d’élèves homogènes quand d’autres CPGE, qui peuvent peiner à faire le plein, devront recruter des profils beaucoup plus hétérogènes. Les premiers pourront, par exemple, exiger le suivi de l’option mathématiques expertes pour tous les élèves. Dans ces conditions, la remise à niveau pourra se concentrer sur la spécialité abandonnée en Terminale. Il y a fort à parier que, dans ces conditions, le fossé entre les classes et établissements ne pourra que s’élargir, creusant les inégalités scolaire voire sociales. Inquiétude pour les postes Concernant les CPGE économiques et commerciales, comme le bac ES, la voie économique de cette filière a largement participé à la démocratisation de l’accès aux écoles de management. Il y a fort à craindre que la disparition des deux voies de recrutement (bac S et bac ES) inverse le processus. Le tronc commun entre les deux voies (économique et scientifique) vise à des économies de moyens qui se feront par le regroupement des prépas isolées. Là où existaient une CPGE éco voie scientifique et plus loin une CPGE éco voie économique, le regroupement permettra des économies substantielles surtout si ces deux classes comportaient de petits effectifs permettant une fusion en une seule division. Inévitablement, des classes préparatoires seraient fermées et des postes supprimées. Le Ministère conscient de ces problèmes évoque la possibilité de 2 options de mathématiques (appliquées et approfondies) et deux options d’histoire et de ESH. Il faut renoncer à la réforme du lycée et, par là même, à celle des CPGE Au total, on le voit, le Ministère obtient par cette réforme l’inverse des objectifs qu’il affiche : « L’accueil d’élèves à parcours plus variés  » aboutit à des choix déterminants, dès la seconde, pour l’orientation dans certaines filières de CPGE. « L’équité territoriale » à des inégalités accrues et la « promotion sociale » à un renforcement de l’entre soi et de la ségrégation. Le Ministre va droit dans le mur avec sa réforme du lycée, il est temps qu’il y renonce au lieu d’appuyer sur l’accélérateur comme il le fait avec le projet de réforme des CPGE. ********************************************************************** Le SNES-FSU est signataire avec le SNALC et les associations de spécialistes UPS, APHEC, APPLS, UPLS et UPA, d’un courrier commun envoyé à la Doyenne de l’Inspection générale et aux deux Ministres, Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal, pour dénoncer les projets de réforme des CPGE et les conditions dans lesquelles cette réforme se prépare. Courrier commun au MENJ Courrier commun à la MESRI

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