Le discours lénifiant du ministère ne trompe plus personne. Dans leur salle de cours, les collègues sont mieux placés que les huiles de la rue de Grenelle pour savoir que la réalité, c’est « toujours plus d’élèves par classe »…

Alors que la pression démographique s’accentue, les augmentations des dotations horaires et les créations de postes ne doivent pas faire illusion. Que ce soit les remontées chiffrées des académies pour la préparation de rentrée ou les premiers éléments de l’enquête menée par le SNES-FSU sur le bilan de la réforme Châtel des lycées, le constat est sans appel, les conditions d’enseignement ne cesseront pas de se dégrader. À partir de données récoltées dans quatorze académies (55 % des enseignants), on constate d’emblée un écart de progression entre les moyens et les besoins.

DÉGRADATION INSUPPORTABLE

Quand les effectifs doivent croître de 4 % à la rentrée 2016, les dotations horaires ne vont augmenter que de 2,4 % !

La diminution du nombre d’heures par élève (– 0,0228), ramené au nombre de postes, est encore plus éloquente. Pour maintenir les conditions actuelles d’accueil, il faudrait encore 1 098 postes supplémentaires. Les inégalités entre académies sont criantes car, quand il manquera 120 postes à Créteil, 95 à Bordeaux, 141 à Lille… ce sera 534 à Versailles. Par extrapolation, à considérer une évolution comparable à l’ensemble du territoire, il faudrait ajouter 1 971 postes aux créations déjà prévues en lycée pour garantir l’existant, pourtant bien peu satisfaisant.

La perspective d’une dégradation accrue est d’autant plus insupportable que la situation présente ne permet de toute manière plus de garantir aux élèves des enseignements de qualité dans de bonnes conditions. Depuis cinq ans, les effectifs par classe ont explosé. Un tiers des classes de Seconde avaient au moins 35 élèves en 2014 contre 20 % en 2009. Comment s’étonner alors que plus de 90 % des enseignants considèrent que leurs conditions de travail ne se sont pas améliorées avec la réforme, qu’aider les élèves en difficulté est devenu mission impossible ? Ce sont les conclusions provisoires de l’enquête SNES-FSU sur le bilan de la réforme Châtel.

Il faut continuer à populariser ce questionnaire auprès de la profession, car il est crucial d’opposer nos analyses et diagnostics à un ministère n’envisageant que des ajustements à la marge.

PESER POUR AVANCER

Le 25 janvier dernier, le SNES-FSU, avec l’intersyndicale hostile à la réforme du collège, a quitté les discussions sur le bilan des réformes du lycée faute d’y trouver les gages d’un véritable dialogue.

Il s’agit maintenant de peser pour obtenir des changements profonds et, de toute urgence, voir abandonner le principe des horaires globalisés, outil efficace pour supprimer les options et les dédoublements.

Claire Guéville

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