Composés chimiques de synthèse, les perfluorés et polyfluoroalkylés regroupent une famille de près de 10.000 molécules bio-persistantes et dangereuses pour la santé. Ces « polluants éternels », qui ne se dégraderont pas dans la nature avant des siècles, voire des millénaires, sont massivement utilisés par l’industrie, notamment pour leurs propriétés imperméabilisantes et antiadhésives. Le Téflon, fabriqué à partir de PFOA, a été interdit en 2020 mais des milliers de PFAS de substitution se retrouvent dans la majorité des produits de consommation courante : plastiques, textiles, peintures, emballages, pesticides et divers produits chimiques.


Les effets de ces substances sur la santé sont nombreux : augmentation des risques de cancer du sein, du rein ou des testicules, maladies de la thyroïde, diminution du poids des bébés à la naissance, de la fertilité ou de la réponse immunitaire aux vaccins chez les enfants, risques cardio-vasculaires, hausse du taux de cholestérol et de la tension artérielle, prééclampsie chez les femmes enceintes…


Selon une étude sur les coûts environnementaux et sanitaires liés à l’exposition aux PFAS, l’impact de ces composés chimiques sur les systèmes de santé européens serait évalué entre 52 et 84 milliards d’euros chaque année. Les carences de la réglementation sont majoritairement dues à la lenteur de la loi face aux avancées de la science, mais aussi à une fabrique du doute savamment distillée par les industriels, selon des procédés qui n’ont rien à envier aux scandales du tabac, de l’amiante ou du chlordécone.


Le combat de l’avocat américain Robert Bilott contre DuPont a mis plus de 30 ans à émerger dans le débat public. En 2019, le film Dark Waters de Todd Haynes a renforcé la pression contre les industriels. En France, les équipes de Vert de Rage, une émission d’investigation de France Télévision, a effectué des prélèvements de PFAS à Pierre Bénite, dans la « vallée de la chimie » au sud de Lyon. Ces relevés effectués à proximité de l’usine Arkema ont prouvé la présence de ces perfluorés dans l’eau potable ainsi que dans le lait maternel de jeunes mamans exposées.


Depuis, un consortium de journalistes européens a réalisé une vaste enquête sur les PFAS pendant plus d’une année. Une carte de la contamination publiée en février 2023 par le Monde relève près de 17000 sites pollués à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics (concentration de plus de 10 ng/l) et plus de 2100 « hot spots » dans toute l’Europe, lorsqu’un site atteint un niveau que les experts estiment dangereux pour la santé (100 ng/l).


Ces études encore parcellaires brossent le tableau d’une Europe largement et durablement contaminée, qui réagit seulement des dizaines d’années après les premières alertes américaines. Et encore, la réponse des autorités reste bien timide. Quelques prélèvements ont été effectués dans les communes limitrophes d’Arkema par la préfecture du Rhône, qui a également interdit la consommation des œufs et des volailles appartenant à des particuliers. L’Union Européenne a lancé une consultation publique qui doit durer six mois, pour interdire les PFAS dans leur ensemble, ce qui constituerait une avancée significative car les interdictions se font actuellement substance par substance.


Des actions collectives s’organisent pour lutter contre cette inertie. À l’initiative de « Notre affaire à tous », plusieurs riverains, parents et enseignant.es du secteur se coordonnent pour porter l’affaire devant la justice, avec notamment le soutien de la FSU. Au-delà de cet exemple local, le scandale d’une contamination de l’eau et des sols à l’échelle mondiale, menace une fois de plus l’habitabilité de la planète. Il est indispensable que les industriels soient mis juridiquement et financièrement face à leurs responsabilités, tout autant qu’il est urgent de changer de modèle.

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