Le projet de loi relatif à « l’orientation et à la réussite des étudiants » n’est toujours pas voté mais le plan étudiants qui en découle est d’ores et déjà mis en œuvre. Adopté par les députés en décembre, il sera soumis aux sénateurs fin février.

La boîte de Pandore de la sélection est ouverte et certains rivalisent d’imagination pour multiplier les obstacles à ­l’entrée de l’Université : stages linguistiques, certification Cambridge, lettres de recommandation, de motivation, engagements divers et variés au sein d’associations, engagements sportifs, BAFA, validation de MOOC… Les attendus se transforment en obstacles parfois infranchissables pour le commun des bacheliers.

Signaux d’alerte

Au final, beaucoup de lycéens risquent de se trouver sans proposition après de longues semaines d’attente. La commission d’accès à l’enseignement supérieur, présidée par le recteur de Région, aura pour mission de proposer des formations en fonction du profil des candidats et dans un périmètre géographique élargi. On peut parier que les bacheliers les plus socialement défavorisés seront bien en difficulté pour accepter des affectations à la fois tardives, hors vœux et lointaines. Les ministères pourront toujours se targuer du fait que « tous les bacheliers qui le souhaitent » sont affectés mais ce ne sera pas forcément dans la formation souhaitée et probablement au prix de nombreuses défections.

Mobilisation dans les universités

Dans les universités, la mission relève de l’impossible ; localement, les désaccords sont nombreux. Les motions émanant de différentes universités se multiplient en dénonçant l’arbitraire et la bureaucratisation de la procédure, et les personnels refusent de remonter les attendus théoriquement exigibles au 17 janvier. Des tribunes de presse relaient ce mouvement comme celle intitulée « pas nés sous la même étoile… » signée par des universitaires dans Libération ; l’ASES, association des sociologues enseignants du supérieur, a lancé une pétition « la sélection n’est pas la solution », que le SNES-FSU appelle à signer.

Vigilance en lycée

Les enseignants de lycée risquent de devenir malgré eux les artisans de cet écrémage via les conseils de classe du second trimestre et les avis portés sur la fiche avenir. Engagement, motivation, capacité à réussir dans chacune des formations demandées, l’évaluation du dossier de candidature valorise l’extrascolaire et surtout se veut prédictif sur le devenir de l’élève. Le SNES-FSU appelle à ne pas barrer l’accès aux filières auparavant non sélectives de l’enseignement supérieur.

Claire Guéville

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