Une nouvelle fois, le gouvernement s’est assis sur le rejet pourtant très large d’une de ses propositions et la met en place en confirmant toutes les craintes soulevées au préalable. Il s’agit de la classe préparatoire à la classe de 2nde dite « prépa-2de » définie par un décret et un arrêté du 16 mars 2024 ainsi qu’une note de service pour la phase transitoire 2024-2025. L’analyse que le SNES-FSU a faite de cette « classe préparatoire » dès le 28 janvier dernier est donc toujours d’actualité.

Regrouper et écarter les élèves en difficulté

Les textes confirment qu’à terme la classe doit accueillir les élèves admis·es en 2nde GT ou professionnelle à l’issue de la Troisième, mais n’ayant pas obtenu le diplôme général du brevet (DNB série générale ou professionnelle). S’ajouteront en cours d’année à ces profils des apprenti·es n’ayant pas trouvé de contrat voire des élèves réintégrant le système scolaire dans le cadre des textes régissant la lutte contre le décrochage et l’obligation de formation. Après l’année transitoire basée sur le volontariat des familles en 2024-2025, c’est donc à un public regroupant de nombreuses situations différentes mais ayant comme point commun la difficulté scolaire non-résolue ? que ce dispositif d’éviction s’adressera. Il est à noter que la phase transitoire entraînera une charge de travail accrue pour les équipes pédagogiques de 3ème qui devront lister les élèves susceptibles de relever de la « prépa-2de ».

Pas de programmes nationaux et peu d’enseignements

L’objectif affiché par les textes serait d’offrir aux élèves une année de remédiation pour consolider les attendus du cycle 4. Il s’agirait aussi d’une « opportunité de se préparer à la classe de seconde qu’ils ont envisagée en se familiarisant avec les pratiques et méthodes du lycée. » (Eduscol).  Après un bilan établi en début d’année, la « pédagogie de projet » permettrait de faire que les élèves « accompagnés et guidés expérimentent les difficultés concrètes et les solutions pratiques en procédant par étapes précises. Cette dynamique s’applique aussi bien à l’acquisition des savoirs fondamentaux, qu’à la découverte des métiers et des formations ou l’appropriation de compétences méthodologiques et psychosociales » (Note de service).

Concrètement, cela veut dire que les contenus de formation seront définis localement, sans même l’objectif de décrocher le DNB. Il sera bien difficile d’envisager de la remédiation avec un dispositif qui accueillera les profils très diversifiés des élèves ayant échoué au brevet.

Les élèves auront 20h d’enseignements disciplinaires c’est à dire beaucoup moins que ce qu’un redoublement en 3e  leur offrirait.

La grille horaire est d’un flou… même pas artistique puisque l’horaire des enseignements artistiques est de 1.5h intégrant l’éducation musicale, les arts plastiques ou appliquées, le théâtre… selon ce qui est disponible dans l’établissement. En effet cette question n’est pas anodine, les enseignements artistiques n’étant pas présents dans beaucoup de lycées.

Des regroupements sont prévus sans que l’on sache quel personnel enseignant les prendra en charge. Ainsi les 3h de Science et Technologie peuvent comprendre, selon les établissements, Sciences Physiques, SVT, Sciences de l’Ingénieur, ou des compétences extraites des programmes de SNT ou de technologie. La circulaire précise que ces 3h peuvent être utilisées pour découvrir des enseignements technologiques et professionnels, pas obligatoirement scientifiques.

« Un second bloc de 7 heures contribue au renforcement des méthodes de travail ou à la découverte des métiers et des formations. » Sans précision sur le contenu, là encore, il est à craindre que ces heures seront avant tout consacrées à la recherche d’une réorientation hors du lycée, y compris hors de la voie professionnelle.

Dans tous les cas, les volumes horaires ne peuvent pas permettre de surmonter des lacunes parfois profondes. La « prépa-2de » est donc bien une voie de relégation dont l’objectif réel est de pousser à une réorientation vers l’apprentissage.

Peu de moyens

Les moyens attribués pour la phase transitoire ne permettent de couvrir que 2.5% des effectifs potentiels et cela sans prendre en compte la baisse des résultats au DNB souhaitée et annoncée par Gabriel  Attal. Pour la « phase de préfiguration », une classe seulement par département a été financée (27 heures par classe)… Elle ne s’adresse cette année qu’à des volontaires alors qu’il sera quasiment la seule possibilité de rester au lycée pour les recalés au DNB à partir de 2025.

Quelle valeur attribuer à l’éventuelle évaluation de ce dispositif supposé préfigurer une implantation dans tous les lycées à partir de 2025 ?

Dès cette phase transitoire, les enveloppes ne semblent pas permettre de dédoublement ou même de répartir les élèves selon qu’ils et elles avaient obtenu une orientation plutôt dans la voie générale et technologique ou plutôt vers la voie professionnelle, alors que l’arrêté précise que cette différenciation doit être opérée. La réponse à ce paradoxe est dans la précision que les 7h sont « modulables ».

Par conséquent, on peut facilement prévoir qu’un tri va rapidement s’opérer entre des élèves motivé·es par une réorientation vers l’apprentissage et celles et ceux pour qui la « prépa-2de » sera une perte d’un an, stigmatisante, avec au bout, le maintien de l’orientation initiale pour des élèves dont les difficultés seront potentiellement accrues.

Outre une appréciation générale, elle mentionne les projets suivis et les progrès réalisés. L’attestation deviendra-t-elle un document signalant au bout du compte l’absence de niveau atteint pour une partie des élèves?

Le caractère relégatoire est confirmé par le modèle d’attestation de fin de cycle préparatoire . Cela ne correspond à aucun diplôme et n’est en rien une attestation de niveau.

Attestation de fin de cycle préparatoire à la classe de seconde
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