Cette manière de concevoir la préparation de l’orientation ne traduit pas seulement la volonté de transférer sur les enseignants la charge de cet accompagnement mais révèle aussi la place que le MENJS entend donner à certaines associations, start up et « Ed tech » dont il héberge la pépinière.

Qui va réellement s’occuper de l’orientation des élèves ?

La lettre de la DGESCO aux chefs d’établissements pour l’organisation de l’opération est déjà éclairante. En effet, il leur est recommandé de s’appuyer sur certaines associations (Article 1, Chemins d’avenir, Proxité, Socrate, l’AFEV et Télémaque). La plupart de ces associations adhèrent à l’alliance pour l’Education, branche française d’une fondation américaine financée par de très grands groupes économiques et financiers dont le programme porte sur l’orientation des élèves (connaissance de soi, savoirs être et entreprenariat).

Cette externalisation de l’accompagnement de l’orientation des élèves n’est pas un choix anodin. Elle développe une conception de l’élaboration des choix d’orientation qui sous couvert de bénévolat social, nie toute la professionnalité nécessaire dans cet accompagnement en le confiant à des bénévoles, actifs ou étudiants, censés être à l’abri des stéréotypes et représentations sociales et disposer des compétences pour aider chaque jeune à « découvrir sa personnalité » et le conseiller.

Elle favorise le discours managérial sur l’entreprenariat, la révélation des potentiels et des talents qui vise à faire accepter ces valeurs comme facteurs uniques de la réussite sociale et professionnelle.

Des prestations pas si gratuites que cela!

Par l’intermédiaire des portails d’information académiques renvoyant sur les  régions associées à l’opération et sur le site de l’ONISEP (les kits), on peut retrouver ces mêmes organismes et d’autres, dont certaines prestations (questionnaires d’intérêt, consultation de vidéos) sont conditionnées au recueil des données personnelles des élèves (Innov Avenir, JOB IRL, MAG, l’Etudiant et Didask associés à Trouve ta voie). L’Académie de Nantes remporte la palme en affichant sur son site les prestations payantes de l’association IMPALA pour 149 euros à titre promotionnel !

De prétendus questionnaires d’intérêts sans aucune validité scientifique!

Plusieurs organismes ou régions (Ile de France, Occitanie, Hauts de France, Normandie, Bretagne, AURA, Bourgogne-Franche Comté) proposent aux élèves de tester leurs intérêts afin de découvrir les métiers qui leur correspondent. Outre que la méthode adéquationniste a depuis longtemps montré son inefficacité, les questionnaires proposés ne font l’objet d’aucun étalonnage permettant de relativiser les réponses brutes en fonction de l’âge de l’élève, de son sexe, de son origine sociale et des biais de désirabilité sociale liés à la période de l’adolescence.

On peut regretter que l’ONISEP sacrifie aussi à la mode en proposant un test de positionnement du même type. En promouvant ces associations, le MENJS apporte ainsi son soutien à des initiatives dont la qualité est très discutable et dont les effets ne peuvent que renforcer les inégalités sociales.

Un choix idéologique

Tandis qu’il asphyxie le service public d’orientation en continuant à fermer les CIO, ignore les PsyEN qui sont chargés de l’orientation, transforme les missions de l’ONISEP en spécialiste de l’orientation au détriment de ses missions d’information, le MENJS choisit de promouvoir ces fondations et associations largement subventionnés via les PIA. Une prime à l’absence de qualification, aux risques de dérives diverses et à la privatisation du champ de l’orientation scolaire qui doit alerter les parents, les enseignants et les défenseurs des valeurs du service public !


Les PsyEN et les DCIO « fêteront » le printemps de l’orientation, en continuant à faire leur travail comme ils le font depuis le début de l’année.

Dans un contexte sanitaire stressant, ils sont confrontés à des conditions d’exercice de plus en plus difficiles : rigidité des procédures, changements incessants et imprévisibles des informations, commandes ministérielles plaquées, absence de remplacement et manque de postes.

L’orientation n’est pas une affaire de com’ et de start up mais un travail qualifié, complexe, patient, soucieux du respect de la déontologie et des possibilités de développement psychologiques et sociales offertes aux jeunes.

Le SNES-FSU appelle tous les personnels à dénoncer ces dérives et à décider collectivement des formes de protestation adaptées dans les académies (rassemblements, conférences de presse, livres noirs…).


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