Motion à faire signer dans les centres d’examen

L’impact de la réforme du lycée et du bac en année classique

La réforme du lycée pèse considérablement sur les professeur.e.s de Lettres. Toutes et tous constatent que le carcan de programmes de Première enlève toute liberté pédagogique et contraint au bachotage, que la charge de travail des cours à refaire continuellement en raison du renouvellement des œuvres et des parcours par quart chaque année est énorme. La dimension structurelle de la réforme a également conduit à des horaires plancher en français : plus d’accompagnement personnalisé, plus d’heures dédoublées pour travailler efficacement la méthode de l’écrit ou de l’oral. Conséquence : la sensation d’un travail mal fait, d’un accompagnement et d’une préparation insuffisants des élèves. Ces heures perdues augmentent aussi la charge de travail en ajoutant une classe dans les services. Une classe, ce sont des heures et des heures de travail supplémentaire du fait de la correction des copies, particulièrement lourde dans cette discipline.

Les particularités de l’année scolaire 2020-2021

Dans la majeure partie des lycées, les cours ont eu lieu en demi-effectifs pendant les trois quarts de l’année. Le bachotage en a été exacerbé puisque seule la moitié des cours était assurée. Le Ministère n’a procédé à aucun allègement de programme, se contentant au mois de janvier d’une diminution du nombre de textes pour l’épreuve orale qui s’est avérée insuffisante au printemps, avec la persistance de conditions d’enseignement dégradées.

Attaché à des épreuves terminales, nationales et anonymes, le SNES-FSU n’a pas souhaité l’annulation des épreuves et le passage en contrôle continu comme pour la session 2020. Ce dernier ne constitue pas un gage d’équité, ni à l’intérieur d’un établissement, ni à l’aune d’une académie ou du territoire. Il est souhaitable que la session 2022 du baccalauréat soit une session normale et, à ce titre, le passage des épreuves anticipées de français, avec des conditions d’évaluation attentives au caractère exceptionnel de la situation, constitue, comme à l’accoutumée, une formation indispensable pour les élèves.

Les aménagements et leurs conséquences

Le SNES-FSU est donc intervenu pour demander des aménagements d’épreuves puis des aménagements des conditions de travail. Il a été trop tardivement entendu par le Ministère. Certaines évolutions se sont accompagnées d’un accroissement de la charge de travail sans qu’il soit possible de les discuter en raison d’annonces faites sans concertation (conformément aux habitudes de JM Blanquer), ou de l’absence de délai suffisant pour trouver des solutions techniques aux difficultés.

  • Écrit : augmentation du nombre de sujets et de la charge de correction

La structure de la réforme du bac entraîne une augmentation du nombre potentiel de sujets que le ou la professeur.e trouve dans son paquet de copies : jusqu’à 8 différents contre 6 auparavant. Avec le doublement de tous les sujets – proposition de deux objets d’étude au choix – ce sont jusqu’à 16 sujets différents qui pourraient se trouver dans les paquets de copies mêlant voie générale et voie technologique. Consulté en amont, le SNES-FSU aurait pu dire que doubler le sujet de contraction-essai de la voie technologique était inutile pour les élèves et aurait pour seule conséquence l’augmentation de la charge de travail des professeur.e.s. Le Ministère, interpellé à ce propos, a répondu qu’il était impossible de revenir sur cet aménagement publiquement annoncé.

Ajoutons à cela que quelques collègues nous informent qu’il leur est demandé, en même temps qu’ils et elles corrigent leurs copies de bac, de continuer à assurer les cours de leurs classes de seconde.

Pour limiter les effets sur la charge de correction des deux objets d’étude au choix (aménagement nécessaire dans l’intérêt des élèves), le SNES-FSU a demandé au Ministère que les copies puissent être triées par objet d’étude dans les centres d’examens. Aucune solution technique n’a pu être trouvée. La numérisation des copies qui se généralise cette année aggrave encore le problème. Les professeur.e.s vont devoir prendre en main l’application Santorin, jusqu’alors inconnue d’elles et eux. Cela augmentera le temps de correction. Cette situation a conduit le SNES-FSU à demander la possibilité pour les correcteurs et les correctrices d’avoir le choix entre les copies numérisées et les copies papier. Las, cette demande débouche sur une gabegie écologique ! Pour corriger sur papier il faudra générer des pdf qui seront imprimés, impossible de corriger les copies elles-mêmes !

  • Oral : le chaos absolu

Il a fallu en urgence transmettre les récapitulatifs dématérialisés en faisant préciser à des élèves (que les enseignant.e.s voyaient souvent très peu pour cause d’alternance) les œuvres choisies pour la deuxième partie de l’interrogation. Les convocations ont tardé à arriver et parfois les personnels ont été convoqués pour des réunions la veille pour le lendemain ! Le travail préparatoire déjà lourd pour cette épreuve encore jamais expérimentée est augmenté de la nécessité de prévoir deux textes et donc deux questions de grammaire par candidat.e, quand on n’imagine pas, en plus, de prévoir un troisième texte hors liste comme certain.e.s IPR ont pu le demander !

Le Ministère a donné comme consigne aux Rectorats de limiter les cumuls de convocations. Cette demande a des effets pervers et certain.e.s enseignant.e.s sont convoqué.e.s, certes uniquement à l’oral, mais pour 120 candidat.e.s ! On assiste par ailleurs à une démultiplication du nombre de descriptifs sur lesquels les professeur.e.s doivent interroger, parfois jusqu’à une trentaine de classes différentes, à la suite d’un bug, notamment dans l’académie de Bordeaux ! Prendre connaissance des descriptifs, des textes et des œuvres étudiés, représente un travail considérable. Il est donc absolument nécessaire que les Rectorats suivent les consignes rappelées par le Ministère à la demande du SNES-FSU : ne pas convoquer les professeur.e.s de Lettres pour les surveillances des écrits de philosophie et de français le 17 juin.

La pression qui s’exerce sur les enseignant.e.s de Lettres est devenue insupportable. Ces personnels qui sont déjà parmi les plus fragilisé.e.s sont aujourd’hui au bord de la rupture. Il est urgent que le Ministère prenne conscience de la maltraitance institutionnelle exercée, revoie les programmes de première qui ne correspondent pas aux attentes de la profession, étende la pondération du cycle terminal aux professeur.e.s de Lettres exerçant en classe de Seconde puisque l’examen de français est anticipé, trouve des solutions pérennes et acceptables pour ne pas épuiser les collègues au moment des examens.

EAF 2021 : Bienvenue chez Kafka

Florilège

Académie de Versailles : Les jurys ont découvert lors de leur réunion de pré-entente pour l’oral, le 14 juin, qu’aucune répartition des candidats entre jurys n’avait été effectuée ; ils et elles ont dû effectuer à la place de la cheffe de centre ou de son secrétariat, la répartition des récapitulatifs en réattribuant à chacun(e) des 419 candidats son lycée et sa classe, sans quoi les collègues repartaient sans les récapitulatifs, donc sans pouvoir préparer les interrogations. De ce point de vue, le centre a beaucoup de chance que les personnes constituant le jury soient aguerries dans la passation des oraux…

Académie de Lille :

dimanche 6 juin, mail de l’ipr aux coordos les prévenant qu’ils ont une réunion mercredi matin. Toujours pas de convocation, nous n’en aurons jamais et n’avons que ce mail de l’ipr pour justifier notre absence. Nous recevons le mardi à 15h un lien pour nous connecter à 9h le lendemain. (…) Jeudi, dans la journée, sont arrivées quelques convocations mais beaucoup n’en ont pas encore reçu. Certains se retrouvent avec 102 candidats à l’oral, c’est à dire 8 journées d’oraux, à 13 candidats par jour, avec des tiers temps, ce qui ne rentrera pas en 8h.

Des coordos reçoivent des convocations en contradiction avec leurs missions de coordos. Sans commentaire. 

Un mail des IPR à destination de tous les profs de français en lycée est envoyé pour prévenir d’une réunion le vendredi matin et donner des documents en amont. Toujours pas de convocation à cette nouvelle réunion. Vendredi matin à 9h a donc lieu cette réunion, celle où traditionnellement nous récupérons les descriptifs. Un lien est arrivé la veille entre minuit et 1h du matin (mais les rares collègues qui ont reçu une convocation pour les oraux et qui savent donc qu’ils interrogeront n’ont pas toujours été destinataires de ce lien). Peu de collègues connectés à chacune des visios. Ceux qui le sont expliquent qu’ils sont allés sur le site où ils doivent récupérer les descriptifs mais que rien n’est disponible. C’est pourtant à cette réunion là que normalement nous les récupérons. Nous quittons la visio sans savoir quels sont les examinateurs de nos centres, ce qui est inédit.

Académie de Bordeaux :

  • J’ai le sentiment d’être soudain devenue secrétaire, au lieu d’examinatrice, en me retrouvant à devoir sélectionner une à une les 28 listes de mon numéro de jury pour les imprimer (ce qui m’a pris 2h), dont une liste carrément téléchargée par le lycée d’origine une page à la fois. Il va sans dire qu’étudier les 28 listes la semaine avant les oraux (convoquée du 21 au 25, 8h-17h avec possibilité d’accéder aux copies numérisées à partir du 21/06 à 10h, en plein oral…). Habituellement, on pouvait au moins commencer à corriger avant le début de l’oral, en allant chercher les copies papier dès le lendemain de l’épreuve
  • En cumulant mes 23 descriptifs, la totalité des œuvres au programme est présente, même le texte de M. Yourcenar à deux reprises. Et le meilleur pour la fin : en sus de ces 12 œuvres au programme, je viens de compter 70 autres œuvres intégrales dans les parcours associés. Cela me fait donc un total de 82 oeuvres différentes possibles à l’entretien.
  • 24 récapitulatifs, c’est trop sachant qu’il y a en plus des cas particuliers : les élèves arrivés en cours d’année qui ont un descriptif différent. J’ai renoncé à les imprimer car ça fait plus de 400 pages il faut donc encore une fois que je travaille sur écran…
Vos questions
Le Snes défend les droits individuels et collectifs. Vos représentants vous répondent, vous conseillent et vous accompagnent.
Accès à la FAQ

Vous ne trouvez pas votre réponse, posez-nous votre question