Et pour cause : PISA 2025 portera sur les langues vivantes donc « il convient de se fixer une priorité claire : d’ici 2025, plus de 80% des élèves doivent atteindre en fin de 3e au moins le niveau A2 en anglais, le niveau B1 étant visé dans au moins une ou deux activités langagières », explique la circulaire. Et de vanter le test Ev@lang qui, définitivement, n’est bien qu’un outil de pilotage éloigné des pratiques, à moins que celui-ci devienne la meilleure préparation à l’évaluation PISA dont la recherche montre pourtant bien des biais.

En tout cas, ce PISA centré sur les langues ne fait qu’amplifier le problème maintes fois dénoncé par le SNES-FSU : l’absence de diversification qui nuit à toute logique plurilingue, contrairement à ce que tente d’expliquer la circulaire.

Pire, cette circulaire nie la réalité : « Cette dynamique autour de l’anglais, en synergie avec les autres langues, répondant à la demande sociale autant qu’aux besoins d’insertion professionnelle, favorisera une élévation du niveau général en langues vivantes ». Nous serions curieux·euses de savoir de quelle « synergie » il s’agit quand on connaît les conditions d’enseignement des langues (horaires minimalistes, effectifs pléthoriques et aucun pont créé dans les programmes).

La circulaire fait alors référence à des repères qui n’en sont pas : en quoi des niveaux du CECRL à cheval sur deux années pourraient l’être ? Quant à la centaine de nouveaux descripteurs rédigés dans 4 langues pour l’occasion (allemand, anglais, espagnol, italien), ils ne font que se rajouter aux centaines déjà existantes, sans que cela ne donne sens ni aux apprentissages ni à l’évaluation. Cette dérive technicisante et pseudo-scientifique de l’enseignement et de l’évaluation doit enfin cesser. Le Ministère doit enfin entendre les critiques faites à une approche dite « actionnelle » qui, au fil des années, s’est recentrée sur une logique certificative, celle au centre du marché juteux des organismes certificateurs.

Par ailleurs, le renforcement de l’anglais en primaire s’oppose, là encore, à toute démarche plurilingue. On est très loin de l’éveil aux langues et autres techniques d’enseignement dont l’objectif est d’ouvrir les oreilles des élèves à différentes langues. L’objectif est clairement ici d’atteindre une performance dans une seule langue, l’anglais, alors que sa mise en place, toujours de plus en plus tôt, au fil des années, n’a pas toujours fait ses preuves, pour des raisons diverses que la recherche éclaire aussi (formation, horaires, continuité avec le collège, rapport éloigné au français, place dans la société…).

Enfin, toujours et encore les mêmes recettes qui ne sont pourtant pas magiques pour « favoriser l’apprentissage de l’anglais » : DNL, liaison inter-degrés, mobilité internationale, CALV, innovation… Quand le Ministère osera-t-il faire un bilan objectif de ces éléments en place depuis des années ?

A l’arrivée, la pression sur les collègues d’anglais va être forte. Pendant ce temps, le délaissement des autres langues se poursuit et la réflexion de fond (poids de la Chine sur la scène internationale, dialectalisation de l’anglais, etc.) ne se fait pas. Quelle triste conception de la diversité linguistique et culturelle ! Quel dommage de réduire la qualité de l’enseignement des langues de notre pays à un classement dans un test international dans une seule langue !

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