La Banque des territoires propose des emprunts aux collectivités, à hauteur de 2 milliards d’euros pour les travaux de rénovation énergétique de 10 000 écoles primaires jusqu’en 2027. Le rapport Demarcq, qui fait autorité sur le sujet, recommande plutôt d’investir 4 milliards d’euros par an pendant 10 ans, soit 40 milliards d’euros d’ici à 2030. Il faudrait donc multiplier par 20 le plan Béchu pour respecter les objectifs du « décret tertiaire » de 2019, qui impose en dix ans une baisse de 40% des consommations d’énergie finale des bâtiments.

D’autant qu’en s’appuyant sur le nouveau dispositif du tiers-financement, le gouvernement ne subventionne pas réellement les collectivités : il les incite plutôt à s’endetter, en tablant sur une hypothétique baisse de la facture énergétique pour rembourser leur prêt. Outre le caractère risqué de ce pari, qui suppose des rénovations globales car les gains énergétiques des rénovations partielles sont très faibles, transformer un plan de financement en prêt masque mal la volonté gouvernementale de multiplier les effets d’annonces.

Par ailleurs, en restreignant ce financement aux écoles primaires, le ministère néglige la situation souvent catastrophique des établissements du second degré : deux tiers des cités scolaires et la moitié des lycées d’enseignement général et technologique (LEGT) ont été construits avant 1970. Le Cnesco rappelle également que 92% des personnels de direction du second degré ont été alertés par les équipes ou les élèves sur des problèmes d’isolation thermique.

Enfin, il serait contre-productif de se lancer dans la rénovation énergétique, sans prendre en compte des enjeux sanitaires et environnementaux. Pourquoi se contenter d’isoler des établissements scolaires, encore majoritairement amiantés et pollués ? En 2019, Santé Publique France a publié un rapport comportant des chiffres inédits sur les victimes de l’amiante dans l’Education nationale[6]. La vétusté des locaux, notamment des toilettes, fait l’objet de remontées régulières autant que la mauvaise qualité de l’air intérieur et le manque de nature dans les espaces extérieurs.

La FSU réclame depuis plusieurs années un plan de réhabilitation globale du bâti, via des subventions pérennes de l’Etat, ainsi que la mise en place d’un outil de recensement du parc scolaire. En supprimant l’ONS, la seule instance paritaire d’évaluation du bâti scolaire, le ministère de l’éducation nationale a écarté les personnels et leurs représentants des enjeux bâtimentaires. La FSU demande le rétablissement d’un observatoire national de l’accessibilité, de la sécurité, mais aussi de l’isolation thermique, des pollutions environnementales et de la végétalisation du bâti scolaire.

Pour aller plus loin, voir aussi le dossier bâti scolaire sur le site de la FSU.

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