Monsieur le Ministre, Monsieur le Directeur, Mesdames, Messieurs,
Le second tour des législatives s’achève sur une abstention à plus de 50 % et un désintérêt alarmant, toujours plus important d’une partie de nos concitoyens pour la vie de la Cité. La confusion entretenue par le président de la République, la première ministre et d’autres personnalités de la même famille politique sur le vote contre l’extrême droite est indigne et aboutit aujourd’hui à un nombre inégalé d’élus d’extrême droite à l’Assemblée. Pour le SNES-FSU, il ne doit y avoir aucune ambiguïté dans la lutte contre les idées haineuses et racistes portées par le RN.
Le président de la République, privé désormais d’une majorité absolue à l’Assemblée, devra compter avec de nombreux parlementaires en capacité de relayer les attentes sociales. Il devra entendre les attentes de nos collèges. La FSU mobilisera les personnels pour défendre leurs missions d’intérêt général, la revalorisation des salaires sans aucune contrepartie en plus du rattrapage des pertes salariales accumulées sous le coup de l’inflation et du gel du point d’indice, l’abrogation de la loi de Transformation de la Fonction Publique, la défense du code des pensions. Nos métiers de l’enseignement sont complexes, usants et demandent de l’énergie à chaque instant car l’activité des élèves dans des classes en sureffectif ne va jamais de soi. Des aménagements de fin de carrières doivent bien au contraire être pensés pour arriver à la retraite en bonne santé. La FSU mobilisera la profession contre toute tentative de recul sur les conditions de départ à la retraite, une mesure injuste socialement et infondée d’un point de vue économique.
Les derniers jours ont montré que notre pays, et en particulier notre système éducatif, n’était pas prêt à faire face à des changements climatiques durables. Pour le SNES-FSU, il est indispensable d’ouvrir rapidement des discussions sur ce dossier de fond et ainsi répondre à deux questions essentielles : comment l’Éducation nationale prend-elle sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique et comment notre institution peut-elle s’inscrire dans la transition écologique ?
Monsieur le Ministre, votre proposition de grande consultation à la rentrée au plus proche des établissements ne convainc pas les personnels, habitués de longue date à ces dispositifs dilatoires dont les conclusions leur échappent. Chaque instance de concertation avec les représentants de la communauté éducative, comme ici en CSE, est l’occasion de rappeler les mesures d’urgence à prendre pour la rentrée et pour lesquelles votre action est attendue : annulation des suppressions de postes, décharges horaires pour tous les stagiaires lauréats des concours, aménagements des programmes et moyens spécifiques pour dédoubler les classes après deux années de crise sanitaire, mesures transitoires au lycée comme le maintien des trois enseignements de spécialité en Terminale…
Un collectif budgétaire pour le service public d’éducation doit être décidé au plus vite afin notamment de répondre par un plan pluriannuel de recrutement à l’effondrement des recrutements qui est loin d’être un phénomène conjoncturel limité à cette rentrée. Équivalent à 1,1 SMIC, le salaire à l’entrée dans le métier après 5 années d’études difficiles, constitue un repoussoir même pour les étudiants les plus motivés. Il ne faut pas imaginer que le « pacte enseignant », version 2022 du « travailler plus pour gagner plus » de 2007 revalorisera nos métiers. Le SNES-FSU s’opposera à toute dégradation des conditions d’exercice alors que la charge de travail et la dispersion des missions accablent déjà les personnels qui doutent de plus en plus du sens de leur activité.
L’harmonisation sauvage des notes de bac sans transparence ni retour vers les correcteurs est la dernière avanie infligée aux enseignants qui s’ajoute aux atteintes à la liberté pédagogique du Projet Local d’Évaluation ou de la procédure d’évaluation des établissements. Le SNES-FSU attend de tout Ministre de l’éducation qu’il veille au respect et la valorisation des missions des personnels toutes dirigées vers la réussite de leurs élèves au sein du service public, laïque et gratuit.
Il s’agit aussi de tenir compte de leurs responsabilités sociales envers la jeunesse, notamment au moment des examens et de l’accès aux qualifications. Une attention particulière est impérative pour les collègues de Lettres actuellement sollicité-es jusqu’à l’épuisement et la rupture avec l’EAF. Le ministère doit aussi reprendre le chantier des rémunérations des examens. Le SNES-FSU demande à ce que soient revalorisées et appliquées les grilles d’indemnisation et que tout dépassement de l’horaire de service hebdomadaire soit compensé par des HSE, un préalable pour l’oral du DNB.
Au collège, il faut d’ailleurs en finir avec les interminables positionnements sur les domaines du socle qui ne disent rien des acquis des élèves et remettre à plat le DNB. Depuis des années, le collège pâtit de conditions d’étude et de travail de plus en plus dégradées (effectifs croissant par classe, suppression de postes et multiplication des compléments de service). Le SNES-FSU réaffirme que le collège unique peut être le collège de la réussite de tous les élèves si une réflexion s’engage sur les moyens, la formation, les programmes et les modalités d’enseignement. Il s’opposera le cas échéant à toute orientation politique qui réintroduirait au collège, 40 ans plus tard, une logique de filières et de tri social.
Enfin, l’enseignement spécifique de mathématiques en Première générale à l’ordre du jour de ce CSE exige des clarifications Monsieur le Ministre sur sa généralisation à tous les élèves à la rentrée 2023 comme s’y est engagé le président de la République. Pour le SNES-FSU, les mathématiques ont toute leur place au lycée dans le cadre d’une culture commune diversifiée et accessible à toutes et tous.
L’organisation des enseignements du lycée doit être repensée sans plus attendre, les épreuves du bac sont à déconnecter des échéances de Parcoursup et à repositionner en juin pour une valeur certificative consolidée visant un accès à l’enseignement supérieur sans entrave et débarrassé des logiques sélectives et inégalitaires de Parcoursup.
Pour revenir à une progression sereine dans les apprentissages et contrer l’absentéisme observée après les épreuves de spécialité, il est urgent de revenir à des épreuves terminales, nationales et anonymes en juin et d’abandonner le contrôle continu ainsi que les épreuves anticipées de spécialité en mars.