
De retour de Santorin, et encore tout bronzés par la lumière bleue de nos PC, voici ce que nous pouvons vous raconter de ce séjour version 2025
Les sujets de la voie technologique :
Le sujet 3, majoritairement choisi par les candidats, proposait un texte intéressant, suffisamment difficile, mais pas trop difficile non plus. Les questions d’analyse étaient plutôt habilement formulées dans la mesure où elles ciblaient des passages précis essentiels à la compréhension du texte.
Toutefois, nous continuons à déplorer un manque de clarification des questions de commentaire. Les réunions d’entente et la lecture des copies ont permis de constater, à nouveau, que les professeurs ne sont pas d’accord sur la définition de l’exercice. Nous remarquons en outre que les formulations qu’on pouvait trouver dans tous les sujets de 2004, de métropole ou d’autres lieux (C1 : « selon le texte… », C2 : « en vous appuyant sur le texte, vous vous demanderez si… ») ont disparu aussi mystérieusement qu’elles étaient apparues.
Par ailleurs, s’il était assez facile d’identifier les copies faisant des contresens sur le texte (en particulier sur l’hypothèse d’une société de brigands) il était, en revanche, comme souvent, difficile d’établir une hiérarchie entre les copies moyennes (notées entre 8 et 12).
Nous rappelons que le SNES (suite à une consultation de ses adhérents) avait fait la suggestion suivante à M.le doyen de l’inspection générale, afin, précisément, d’aider à hiérarchiser ces copies moyennes : publier une liste de 10 à 12 repères considérés comme fondamentaux et avertir les élèves qu’on pourrait leur demander de mobiliser ces repères lors des questions d’analyse (pour plus de détails sur cette proposition et pour connaître la liste des repères jugés les plus importants, voir le point 2 notre discussion avec l’inspection générale ) Cette année, par exemple, il aurait été facile de modifier la question A3 pour attirer l’attention des élèves sur le dernier mot du texte (« La société, écrit Smith, peut se maintenir sans bienfaisance, quoique dans un état qui ne soit pas le plus confortable ; mais la prédominance de l’injustice la détruira absolument. »). Au lieu de « Quelle différence peut-on faire entre la bienfaisance et la justice ? Quelle est leur importance respective en société ? » on aurait donc pu demander aux candidats : « Quelle différence peut-on faire entre la bienfaisance et la justice ? En vous appuyant sur le repère absolu / relatif, expliquez quelle est leur importance respective en société. »
Les sujets de dissertation nous ont paru habilement choisis. Comme toujours ils ont été traités par moins de candidats que l’explication de texte et la lecture des copies a mis au jour des problèmes bien connus concernant l’indétermination des notions. La dissertation sur la liberté (« Sommes-nous libres en toutes circonstances ? ») a ainsi souvent donné lieu à des dissertations portant soit sur la liberté politique, soit sur la question du libre arbitre, mais les candidats ont rarement su articuler les deux. Cela s’explique sans doute par le fait que les professeurs n’ont guère le temps d’approfondir les deux aspects de la notion avec deux heures de cours par semaine.
Comme en série technologique le texte offrait un niveau de difficulté satisfaisant (ni trop simple ni trop difficile) et présentait une thèse intéressante, en insistant sur le danger que court la démocratie si les plus riches profitent de leur supériorité financière pour contrôler l’information et fausser ainsi le débat public. Des élèves curieux du monde qui nous entoure pouvaient aisément trouver des exemples permettant d’illustrer cette dérive et montrer ainsi qu’un texte des années 1970 peut aider à comprendre l’actualité la plus récente. Le texte esquissait également quelques solutions que les candidats pouvaient développer et illustrer par des exemples concrets pour dépasser la simple paraphrase, qui, comme souvent, a caractérisé les copies malhabiles.
Les sujets de dissertation offraient tous deux une même difficulté qui a dérouté une bonne partie des candidats. Dans les deux cas, il y avait une réponse évidente qu’on ne pouvait guère réfuter. L’un des sujets demandait « Notre avenir dépend-il de la technique ? » et, de fait, on ne voit pas comment on pourrait soutenir que notre avenir ne dépend absolument pas de la technique et que les évolutions techniques n’auront aucun impact sur l’avenir des hommes. L’autre sujet demandait : « La vérité est-elle toujours convaincante ? » et, cette fois-ci, on ne pouvait guère dire que la vérité convainc absolument tout le temps, sauf à soutenir qu’il n’y avait jamais d’erreur judiciaire, ni aucun homme qui rejette des vérités scientifiques. Pour construire un propos sensé, les élèves étaient donc censés faire preuve de nuances très tôt dans la copie : chercher pourquoi certaines vérités sont particulièrement convaincantes, se demander à quelles conditions elles perdent ce pouvoir de conviction, si elles le perdent vis-à-vis de tous les hommes, etc. Ou bien se demander si la technique est la seule force qui oriente l’histoire ou s’il y a d’autres forces qui joue un rôle important, voire prépondérant, etc.
Mais bien des candidats se sont révélés incapables de construire ce type de nuances et se sont réfugiés dans des oppositions plus tranchées et plus ou moins hors-sujet. On a ainsi pu lire de nombreuses copies disant, premièrement, que la technique est une bonne chose qui a libéré l’humanité, mais, deuxièmement, que la technique est allée trop loin et est devenue nuisible, si bien, troisièmement, qu’il faut la limiter. Ce propos pouvait bien sûr être relié au sujet (ex : si la technique est effectivement limitée par des décisions politiques, alors notre avenir dépend de la politique) mais ne l’était pas toujours. De même pour le sujet sur la vérité, on a malheureusement eu de nombreuses copies qui récitaient un cours plus ou moins maîtrisé au lieu de s’en servir pour répondre précisément à la question posée. Ce travers, déjà fréquent par le passé, semble s’être répandu un peu plus cette année (un sondage réalisé auprès de 65 correcteurs des épreuves de séries générales montre que 87 % d’entre eux estiment qu’il y avait davantage de copies hors sujets que d’habitude sur le sujet 1 et ce chiffre monte à 88 % pour le sujet 2).
Toutefois nous avons pu également lire de bonnes voire très bonnes copies, nourries par des références bien assimilées dont les candidats ont su faire un miel qui était tout leur, comme le disait Montaigne, plutôt que de recracher un cours ou des vidéos mal digérées.