Médiapart et Libération ont révélé la création fin 2018 d’un syndicat maison ­« Avenir lycéen » par le ministère de l’Éducation nationale afin de promouvoir ses réformes du lycée, du bac et contrer les oppositions lycéen­nes. Usage de fonds publics, intervention de hauts fonctionnaires dans le cadre de leurs fonctions pour développer un outil au service du projet politique du ministre… : s’ils sont avérés, les faits sont gravissimes. Mais au-delà, c’est tout le travail des acteurs de terrain autour de la démocratie collégienne et lycéenne qui s’en trouve malmené.

Une belle idée dévoyée

CPE, professeurs, Psy-ÉN travaillent au quotidien auprès des élèves à l’apprentissage de la démocratie. La tâche n’est pas simple : faire vivre l’engagement des jeunes au travers de leur participation aux instances des établissements (CVL, CVC, CA, Commission permanente, CESC…), accompagner et former les élus dans l’exercice de leur mandat, animer les instances, veiller au respect des droits et des obligations des lycéens (réunion, expression, vie associative…).

En créant de toutes pièces un syndicat lycéen en raison de la contestation massive que sa réforme du bac rencontrait sur le terrain, le ministre n’aurait pas hésité à instrumentaliser l’engagement sincère d’élèves à des fins politiciennes. Le message envoyé aux jeunes est dévastateur et entache tout l’édifice de la représentation lycéenne. Tout cela au moment où le ministère s’échine à réduire la citoyenneté scolaire à l’inculcation des « valeurs de la république », et à faire du SNU (Service national universel) l’unique mode d’engagement…

L’institution met encore davantage en difficulté des personnels, assommés d’injonctions visant à « administrer » l’engagement des jeunes (cases à cocher dans les différents livrets scolaires au nom du parcours citoyen), alors que les récentes réformes (élections, cumul des mandats, atomisation du groupe classe) avaient déjà amoindri la visée émancipatrice des expériences de vie démocratique scolaire.

Un devoir d’exemplarité

Le droit de s’organiser en association indépendante, le débat, l’échange, sont essentiels pour permettre aux jeunes de faire l’apprentissage de la démocratie et de l’émancipation. Alors que leur rapport au politique ne va pas de soi, plus que jamais, le devoir d’exemplarité s’impose à tous. Quant aux acteurs du système édu­catif, ils poursuivront leur engagement au quotidien pour les élèves. Les ministres passent et si l’école tient encore, c’est parce que les personnels font front et qu’ils portent à bout de bras le service public d’éducation et ses valeurs.


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