En réponse à l’inquiétude concernant le sort réservé aux langues anciennes, le ministre multiplie les annonces sur le futur baccalauréat en totale contradiction avec les textes publiés en juillet dernier. À peine rédigés, d’autres textes viendraient donc les remplacer d’ici janvier ; de là à penser que le ministère improvise…

« Nous prenons un chemin de sincérisation du bac », estime le ministre de l’Éducation nationale. Au-delà du néologisme, toutes les récentes déclarations ministérielles semblent en complet décalage avec les contenus officiels des réformes. Alors que le poids relatif des évaluations de chaque enseignement dans l’examen du bac relègue les options à de l’accessoire, le ministre vient d’annoncer à grand renfort de publicité qu’il y aurait des « points bonus », pour le latin et le grec, façon d’inciter les élèves à choisir ces matières.

Options en question

C’est oublier que la réforme du lycée consacre l’absence de financement des options, et les condamne à court terme. Dans la nouvelle architecture de l’examen, les options sont évaluées sur la base des bulletins trimestriels et ne pèsent que pour à peine plus de 1 % de la note finale. Pourquoi favoriser maintenant les unes, en oubliant toutes les autres ? Que deviennent les enseignements artistiques, les langues vivantes et régionales ? Les atermoiements ministériels posent en réalité la question de la pertinence de toute l’architecture du nouveau baccalauréat. Ils révèlent en creux le peu de considération et de valeur que l’institution elle-même accordera au contrôle continu. Ils sont le témoignage d’une réforme bâclée dont les modalités vont vite se révéler ingérables. Pour exemple, un projet d’arrêté consacre la liberté d’organisation locale des épreuves communes de contrôle continu qui pourront, en Terminale, se tenir à partir du début du second trimestre, et donc s’étaler de janvier à juin de façon variable d’un lycée à l’autre.

À géométrie variable

Le ministère invoque pourtant la nécessité d’une égalité de traitement devant l’examen et la considère comme garantie avec la banque nationale numérique des sujets, le très relatif anonymat des copies corri- gées localement et le protocole d’harmonisation académique des notes. En même temps, les établisse- ments organiseraient les épreuves « comme ils le veulent » (sic). Le calendrier des épreuves serait ainsi prochainement modifié dans le sens de la « souplesse » et permettrait d’avancer les épreuves de spécialités au retour des vacances de printemps, pour une prise en compte dans Parcoursup. En guise de cadrage national du contrôle local, il y a donc avant tout l’autonomie de l’établissement. Avec cette réforme, le baccalauréat, examen national, n’a aucun avenir.

Claire Guéville

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