Depuis des années, le collège est malmené par une réforme continue qui sape le cadre national d’enseignement et met en concurrence les établissements, par une augmentation des effectifs et une école inclusive sans moyens, par un management parfois agressif niant la professionnalité des personnels. Depuis 2014, des expérimentations de primarisation du collège se sont aussi développées sous le nom d’écoles du socle. En 2019, la mobilisation du SNES, avec la FSU, a stoppé le projet de création des Établissements publics des savoirs Fondamentaux (EPLESF) qui les aurait généralisées.

Déstructuration du collège

Dans la période électorale, le collège, sa structuration et l’organisation des enseignements sont accusés de manière bien simpliste d’être responsables de l’aggravation des difficultés des élèves.

Sans surprise, la candidate LR V. Pécresse prévoit un renforcement de l’autonomie et de la déréglementation. Elle plaide pour la fin du collège unique. Un examen en début de Sixième orienterait une partie des élèves vers une Sixième de consolidation, une voie qui pourrait les conduire vers un ap­pren­tissage précoce. Les candidats d’extrême-droite sont évidemment porteurs de visées réactionnaires du même acabit.

Cautionnée par J.-M. Blanquer, la députée LREM Anne-Christine Lang signe une tribune dans Le Monde du 21 février affirmant que le collège devrait être pensé « comme le prolongement naturel de l’école primaire » et donc réformé dans sa conception avec cet objectif. Le projet LREM vise à primariser le collège avec moins de professeurs mais qui interviendraient sur des « pôles disciplinaires ». Un corps unique de professeurs polyvalents « habilités à enseigner du CP à la Troisième » serait créé avec un « temps de présence accru » dans les collèges. Les établissements auraient une complète autonomie pour moduler les programmes nationaux en fonction des élèves. « L’acquisition d’une culture manuelle pour tous », autre axe de cette tribune, fait d’ailleurs écho à « l’intelligence de la main » vantée par V. Pécresse.

Outre l’attaque frontale contre les statuts des professeurs, leurs ORS, la bivalence et l’augmentation du temps de travail, ces projets idéologiques sont une attaque frontale contre le métier enseignant. Par ailleurs, ils consacrent une école sélective et signent le renoncement à une véritable ambition pour les élèves avec la mise en place d’un collège à plusieurs vitesses. Ces projets ne sont hélas pas nouveaux, et ressurgissent régulièrement quand il s’agit de faire peser sur le collège et ses personnels toutes les difficultés d’apprentissage des élèves sans jamais se soucier des inégalités sociales, des sureffectifs dans les classes ni des suppressions de postes. Bien loin d’un collège unique pour une école progressive, les candidats ressassent des discours convenus sur le projet d’une école fondamentale avec un collège sur le modèle de l’école primaire et des enseignants polyvalents. Cela révèle surtout qu’ils ne portent aucune ambition et n’accorderont aucun moyen au collège.

Démocratisation scolaire

Au SNES-FSU, nous portons un autre projet pour la réussite de tous les élèves au collège, qui marque l’entrée dans les enseignements disciplinaires du second degré pour poursuivre des études dans l’une des trois voies du lycée, avec une culture commune ambitieuse et émancipatrice pour réduire les inégalités scolaires. Pour y parvenir, le SNES-FSU revendique des classes à 24 élèves (20 en REP/REP+), des dédoublements dans toutes les disciplines et des équipes pluriprofessionnelles complètes. Nous demandons que l’insti­tution fasse enfin confiance à ses ­professeurs et à leurs pratiques pédagogiques pour qu’ils puissent pleinement accomplir leurs missions.

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