Le SNES-FSU rencontre la ministre.

CSE du 22 mai 25, Déclaration du SNES-FSU

Monsieur le chef de service, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Faute d’accorder des moyens au service public d’éducation comme la revalorisation des salaires des personnels pour juguler la crise de recrutement, le président de la République pense faire diversion avec une convention citoyenne sur les temps de l’enfant. Mais le SNES-FSU fera tout pour que l’affichage médiatique de cette convention ne masque pas l’échec des politiques éducatives des gouvernements Macron depuis 2017, toutes orientées pour assécher l’École publique au profit du privé qui prospère sur l’entre-soi et la non gratuité de la formation et de l’aide aux devoirs et dont les dérives graves sont parfois couvertes jusque dans les plus hautes sphères de la République.

En outre, le SNES-FSU s’opposera à toute tentative de remise en cause des disciplines scolaires, comme les enseignements artistiques, menacées dans la lettre de saisine, d’une externalisation vers l’associatif. Hors de question aussi de revoir les statuts des personnels sous prétexte de répondre à des propositions issues de la convention.

Le SNES-FSU a des propositions pour repenser non le temps de l’enfant mais le temps scolaire et viser par les savoirs et savoir-faire l’émancipation de toute la jeunesse : scolarité obligatoire portée à 18 ans, droit à l’erreur dans le parcours scolaire sans spécialisation précoce, un collège démocratisant où des professeur·es formé·es recruté·es et en nombre ont du temps avec les élèves pour assurer les apprentissages, la remédiation, et la supervision du travail personnel dans leur discipline.

Le développement incontrôlé de l’IA qui percute l’activité réelle des élèves impose aussi une réplique déterminée pour préserver du temps et des espaces de travail à l’abri de l’IA. Développer, sans aucun recours à ce tiers numérique, les capacités de réflexion, de rédaction, d’expression, de coopération, d’esprit critique chez les élèves sera à très court terme une préoccupation de toutes et tous sauf à vouloir renoncer à former de futur·es citoyen·nes capables d’agir, de créer et de penser par elles et eux-mêmes.

L’École doit impérativement rester à l’écart de l’intensification des tâches et de l’accélération des procédures qui sévissent dans le monde du travail avec des conséquences désastreuses sur les salarié·es. Les professeur·es ont besoin de temps pour enseigner car les élèves ont besoin de temps pour apprendre.

La réforme de la formation initiale repose précisément sur cette accélération du temps, en réduisant de moitié la formation universitaire de bac+5 aujourd’hui à bac+2,5 demain. Ce ne sont pas deux ans de formation à la main de l’employeur et en rupture avec la recherche qui compenseront ce déficit de qualification disciplinaire.

Les contenus des futures épreuves de concours confir­ment l’abaissement de l’exigence de maîtrise disciplinaire et l’absence de tout questionnement didactique. Des associa­tions de professeur·es spécialistes (AEET, APLV, APBG, APDEN, APSES, collectif Aggiornamento, FELCO, UdPPC) se sont exprimées dans un communiqué commun avec les syndi­cats de la FSU (SNES, SNUEP, SNEP, SNESUP) et la CGT Educ’Action pour reven­diquer ensemble, une formation initiale conduisant à une haute qualification adossée à un diplôme universitaire reconnu et conforme aux exigences des métiers du second degré.

Le plan Filles et Maths fait aussi office de diversion alors que les annonces de la ministre sont attendues sur le collège pour tirer sans attendre les enseignements des premières évaluations des groupes de niveau. Il est temps de donner des consignes atténuant leurs effets néfastes, dans l’attente de leur totale suppression. Les IPR seraient d’ailleurs mieux employé·es à renforcer les contrôles du privé sous contrat, conformément aux engagements pris devant la commission d’enquête parlementaire, plutôt que de visiter en permanence certains collèges pour contrôler l’effectivité des groupes de niveau du « Choc des savoirs » et de « bonnes pratiques » des collègues.

Au lycée, le plan Filles et Maths ne s’intéresse par ailleurs ni à la voie professionnelle ni aux séries technologiques. En 2010, la série STI comprenait 11% de filles ; 10 % aujourd’hui après deux réformes. La volonté d’imposer dans le cadre de ce plan Filles et Maths des quotas de filles en CPGE scientifiques ne résoudra pas le problème du manque de filles dans cette filière. Il convient d’abord de remettre en cause le lycée Blanquer pour permettre aux filles de poursuivre des études scientifiques à forte composante mathématiques.

Des opérations de prévention avec fouille des élèves se multiplient visant à assurer « le renforcement de la sécurité scolaire » aux entrées des établissements. Nous alertons sur le manque de discernement de certaines initiatives, est-il bien nécessaire d’avoir des forces de l’ordre encagoulées et armées qui impressionnent de jeunes élèves au collège ? Mais il ne revient pas pour autant aux CPE, comme le demande le Sénat, de se substituer aux forces de l’ordre pour la « fouille des sacs ». Les CPE savent l’im­portance d’un travail quotidien auprès des élèves. Ils et elles œuvrent à inventer des alterna­tives au tout punitif, à leur éducation citoyenne, à conforter des compor­tements responsables.

A quelques jours des premières épreuves du baccalauréat, le SNES-FSU rappelle sa demande exprimée dans un courrier à la DGESCO d’une consigne claire donnée aux services et à l’ensemble des chef·fes d’établissement, pour que les professeur·es de lettres et de philosophie convoqué·es pour la correction des épreuves écrites du baccalauréat et / ou la passation des oraux des EAF, ne soient affecté·es à aucune mission de surveillance. Plus d’une centaine de copies en philosophie et, en lettres, la lourdeur des corrections et des oraux, avec bien souvent de multiples convocations nécessitent une attention et des consignes spécifiques qu’il ne faut plus tarder à diffuser.

Enfin, le rectorat de Créteil a décidé de muter « dans l’intérêt du service » deux professeur·es du collège François-Mitterrand (Noisy le Grand, 93), et deux collègues du collège Jean-Lolive (Pantin, 93), syndiqué·es au SNES-FSU ou à SUD Éducation mais toutes et tous représentant·es élu·es des personnels dans leur établissement. Ces décisions sont arbitraires, brutales, injustes et participent de l’affaiblissement de l’État de droit quand ces collègues sont criminalisé·es parce qu’ils et elles ne font qu’exercer leurs droits (y compris syndicaux) et leurs responsabilités de fonctionnaires éthiques et responsables.

Le rectorat s’exonère de toute procédure contradictoire, pour déplacer des collègues dans une forme de sanction à peine déguisée. L’intersyndicale 93 (SNES, CGT, SUD, CNT) appelle à la grève ce 22 mai contre cette répression syndicale inadmissible. Le SNES-FSU apporte tout son soutien aux quatre collègues et aux personnels mobilisés. Il exige l’annulation immédiate de ces décisions et la réintégration de nos collègues dans leurs établissements.