Etablissements bloqués, élèves « défaillants » à l’examen, face à l’ampleur de la contestation, les chefs d’établissement dégainent l’arme de destruction massive ou plutôt : le zéro au bac !

Si les E3C sont une épreuve de bac …

Alors certes, les textes réglementaires arguent d’une qualification d’épreuves certificatives pour les épreuves communes de contrôle continu. A ce titre, l’arrêté du 16 juillet 2018 précise les modalités de traitement de la note du candidat en cas d’absence : « Article 12 – En cas d’absence pour cause de force majeure dûment constatée à une épreuve commune de contrôle continu, le candidat est convoqué à une épreuve de remplacement dans les conditions fixées à l’article 4. Lorsque l’absence ne relève pas d’un cas de force majeure dûment constaté, la note zéro est attribuée au candidat pour chaque épreuve non subie. » Voir l’arrêté de juillet 2018

Et cela est détaillé par la note de service du 23 juillet 2019

« En cas d’absence pour cause de force majeure dûment constatée à une épreuve commune de contrôle continu, le candidat est convoqué à une épreuve de remplacement organisée par l’établissement qui avait organisé l’épreuve initiale: cette épreuve de remplacement peut avoir lieu jusqu’à la fin de la série d’épreuves communes de terminale.
Toute absence d’un candidat à une épreuve commune de contrôle continu doit être dûment justifiée. Le justificatif doit être adressé au chef de l’établissement dans lequel le candidat est scolarisé, au plus tard trois jours ouvrables après le déroulement de l’épreuve. Lorsque l’absence n’est pas justifiée par une cause de force majeure ou lorsqu’aucun justificatif n’est produit, la note zéro est attribuée au candidat pour l’épreuve non subie . »

Si les E3C sont des épreuves de contrôle continu…
Rappelons d’emblée que, réglementairement, le zéro ne peut venir sanctionner un comportement. La note ne peut concerner que des résultats scolaires. C’est d’ailleurs ce que rappelle sans ambiguïté la circulaire du 1er août 2011 en précisant que « les punitions scolaires sont prises en considération du comportement de l’élève indépendamment des résultats scolaires ». L’absence au contrôle saurait-elle justifier à elle-seule le zéro ? d’un point de vue strictement pédagogique, c’est impossible et c’est même interdit. La note doit refléter le niveau atteint par l’élève. L’injonction institutionnelle à considérer les E3C comme des étapes dans une progression pédagogique impliquerait logiquement l’interdiction de la sanction par la note.

S’il s’agit de discuter la force majeure …
Les épreuves se déroulent dans des conditions où il est impossible de garantir l’égalité de traitement, rien que ça obère la validité de l’examen. Sujets communiqués à l’avance, salles où les candidats, à proximité des uns et des autres , communiquent avec leur téléphone portable, sujets erronés, tronqués ou inaudibles (quand il s’agit d’épreuves de compréhension de langues vivantes) , la liste des motifs habituels d’annulation d’une épreuve de bac serait longue . Beaucoup de chefs d’établissement cautionnent mais ça ne constitue pas en soi la preuve de l’égalité de traitement entre les candidats. La traque aux lycéens réfractaires parce qu’abonnés à des comptes instagram incitant aux blocages, les « escape game » dans les couloirs des lycées de l’académie de de Grenoble ou de Bordeaux, à grand renforts policiers, Est-ce bien sérieux ? Est-ce digne de l’Education nationale ?

Mais avec des « si » … Que prouve-t-on sinon que les lycéens ont des droits !
Alors que cherchent à sanctionner les proviseurs qui menacent les élèves d’un zéro quand ces derniers contestent les conditions dans lesquelles se déroulent les E3C et les règles du nouveau baccalauréat ? Sur commande ministérielle, toute la chaîne hiérarchique, du recteur au chef d’établissement s’attache en fait à étouffer les contestations, que celles-ci émanent des élèves comme des personnels, par la menace, l’intimidation voire la force, incluant la garde à vue à rallonge. Le recours désormais systématique aux forces de l’ordre à l’entrée des lycées et parfois à l’intérieur, pour contraindre les élèves à composer est assez emblématique de la conception autoritaire d’une pédagogie réduite au dressage.
La menace du zéro au bac s’inscrit donc dans le registre finalement assez banal de la stigmatisation du mouvement social.
Rappelons ici que les lycéens, comme citoyens, bénéficient de droits et de libertés, droits garantis par la Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France le 26 janvier 1990.

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