La réforme du collège suscite de nombreuses réactions, occupe largement les media, donne lieu aussi à des joutes oratoires entre ministres, députés, intellectuels réels ou proclamés ; devant l’avalanche de critiques, le gouvernement s’est senti obligé de faire bloc derrière la Ministre de l’Education et même le Président de la République a donné de la voix.
Que résulte-t-il cependant de ce tohu-bohu médiatique ? Le discours ministériel cherchant à délégitimer les opposants à la réforme en enfermant le débat entre conservateurs et partisans de l’égalité a ouvert une voie royale à l’opposition de droite qui, ne l’oublions pas, a supprimé 80000 postes en 5 ans et à tous ceux qui prônent un collège ségrégatif au nom de supposés talents différents des enfants. Pire, l’instrumentalisation faite de la réforme des programmes, particulièrement en histoire, a donné lieu à des commentaires inspirés d’une idéologie réactionnaire, voire pour certains, raciste. En refusant de prendre au sérieux les inquiétudes et demandes émanant des enseignants, en se cantonnant à une posture de fermeté faisant fi des problèmes réels posés par la réforme, la ministre de l’Education commet une lourde faute. Car, le 19 mai, ce sont bien les personnels qui s’exprimeront, des enseignants qui, au quotidien, sont attachés à faire entrer tous leurs élèves dans la culture commune, soucieux qu’on leur donne les moyens d’améliorer les conditions d’apprentissage, désireux de défendre un métier de conception à rebours des prescriptions technocratiques.
Le 19 doit être une journée massive d’expression de la profession, pour le second degré, pour une réforme du collège répondant aux besoins des élèves et des personnels.
La Ministre doit entendre et répondre à cette interpellation.