Il y a plus d’élèves dans le second degré : le ministre supprime des postes et, en même temps, impose une deuxième heure supplémentaire. Peinant à recruter des professeurs de mathématiques, il supprime la discipline du tronc commun… la rendant de fait plus sélective. Il laisse entendre qu’un énorme choix de combinaisons de spécialités sera ouvert dans les établissements, tout en réduisant la carte des options. Pour contrer les effets délétères de ces décisions, les familles et les élèves les mieux informés tentent de reconstituer les séries par sécurité pour leur orientation dans l’enseignement supérieur. Les autres sont plus que jamais laissés pour compte.
M. Blanquer, votre communication ne peut pas tout ! La préparation de la rentrée 2019 met au jour les faux-semblants : les vœux de spécialités des élèves renforcent les déterminismes entre les filles et les garçons comme les déterminismes sociaux, et l’abondance des choix de spécialités est un leurre.
Les faits sont têtus. La mise en place précipitée d’une réforme complexe et mal conçue, qui ne tient aucun compte du terrain, ne peut que renforcer les inégalités. Le ministre doit renoncer à sa réforme et annoncer dès à présent un moratoire pour la rentrée. Il devrait prendre au sérieux les menaces qui pèsent sur l’organisation du baccalauréat de cette année. Nier la contestation générale de sa réforme, faire pression sur les personnels pour tenter de les faire taire, ces manœuvres n’ont jamais fait une bonne politique et se paieront à un moment ou un autre.