Réarmer. Huit fois, le président de la République a fait usage de ce vocabulaire guerrier durant ses vœux adressés le soir du 31 décembre. « Réarmement civique », « réarmement économique », « réarmement des services publics » (au moment même où des services d’urgences étaient fermés ou saturés….), Emmanuel Macron a retrouvé les accents guerriers de la période Covid quand, les yeux dans les yeux, par écrans interposés, il nous assénait un martial « nous sommes en guerre ». Qu’on ne s’y trompe pas, l’utilisation du champ lexical de la guerre est bien commode pour un politique en grande difficulté : en jouant le petit air de l’unité nationale face à un ennemi réel ou imaginaire, il est un moyen commode de discréditer toute critique.

Sur le fond, sans surprise, et dans la continuité de sa sortie estivale faisant de l’Éducation son « domaine réservé », le président de la République cite l’École comme priorité pour 2024. En égrainant ses totems (niveau des élèves, autorité des professeurs….), Emmanuel Macron dresse, d’une certaine manière, en creux, le bilan de sa propre politique éducative menée depuis 2017 et de ses échecs…la feuille de route présidentielle est tracée et connue : un projet conservateur et même réactionnaire qui conjugue au présent et au futur des lubies passéistes. Certaines relèvent du gadget à visée électorale (l’uniforme), d’autres sont des changements plus profonds et structurels, à l’image du choc des savoirs qui dessine les contours d’une École de l’assignation scolaire et sociale. Alors que les personnels, mal payés et épuisés, tiennent à bout de bras un système éducatif à bout de souffle du fait des réformes de ces dernières années, le projet présidentiel est clair : creuser toujours plus les fractures sociales et scolaires à et par l’École. Un jeu dangereux dans la période de crises que traverse le pays.

Tout ne va pas pour le mieux dans le monde merveilleux de l’Éducation nationale. Et c’est bien pour cela qu’il faut agir pour l’École publique et laïque, pour et avec les personnels et non contre eux. Les exigences du SNES-FSU sont claires : des personnels mieux payés, respectés, protégés, des conditions de travail et d’étude améliorées…

Alors, pour 2024, souhaitons-nous le meilleur et…gagnons-le ensemble ! Dans les luttes dès janvier puis dans la grève du 1er février, les victoires, dans ce collectif syndical que nous construisons tous les jours. Bonne année à toutes et à tous !