Au nom de l’intérêt général des élèves de Terminale et de leur accès à l’enseignement supérieur, le ministre de l’Éducation nationale s’est livré récemment à un exercice de style pour le moins singulier. S’adressant solennellement aux professeurs de lycée, il a livré son arrêt sur les examens, oubliant au passage le collège et le brevet. Il en a profité pour balayer d’un revers de main, et fort opportunément, les inégalités territoriales, sociales et de genre, creusées par la réforme du lycée. Il a effacé d’un mot la pression évaluative due au contrôle continu. Il a enterré les affres des candidats amenés à faire des vœux sur Parcoursup et se voyant refuser la formation de leur choix ou contraints à un éloignement coûteux. Il a escamoté, au sens propre, les disciplines générales dans l’enseignement professionnel. En rhéteur chevronné, J.–M. Blanquer manie le paradoxe, l’antithèse, l’oxymore, et autres figures du discours pour le Grand Oral. Parlons-en de ce Grand Oral, critiqué dès sa conception et infaisable dans les conditions de préparation actuelles. Parlons aussi du sort réservé à la philosophie, pour laquelle la note du contrôle continu pourrait se substituer à celle de l’épreuve finale… Non seulement les aménagements ne répondent pas aux inquiétudes des personnels et des élèves mais ils plongeront assurément les jurys dans la même cacophonie que l’an dernier. Depuis des mois, le SNES-FSU, anticipant les éventuelles évolutions de la situation sanitaire, clame la nécessité de discussions sur ces questions, car avant de parler, il faut savoir écouter et débattre. Le ministre n’entend rien, sauf le tic-tac de l’agenda politique.