Børnene læser, Th. Hagedorn-Olsen

Des niveaux de maitrise préoccupants

58% des élèves en fin de collège avaient une maitrise suffisante des compétences exigibles en fin de Troisième en 2015 ; ils et elles sont 55,7% en 2021. La DEPP affirme que cette baisse n’est pas significative. Mais le problème n’est pas là ! Que cette baisse entre dans la marge d’approximation statistique ou pas, le fait est que près de quatre élèves sur 10, à l’issue de la Troisième, n’ont pas le niveau attendu en matière de compétences langagières, de compréhension de l’écrit.

En effet, si les résultats de ces évaluations confirment l’existence et même le renforcement d’un noyau dur d’élèves en échec (moins d’un quart des élèves « en retard », c’est-à-dire ayant plus de 15 ans à l’entrée en Troisième, ont une maîtrise suffisante des compétences de lecture, contre un tiers il y a six ans), les difficultés face à la lecture et à la compréhension de l’écrit sont plus globales.

Ainsi, plus d’un tiers des collégien.ne.s, toutes « catégories » confondues, se déclarent découragé.e.s d’avance quand on leur demande de lire un texte d’une page ! Adossés aux exercices d’évaluation du CEDRE, des « questionnaires de contexte » ont été proposés aux quelque 8000 élèves évalués en 2021. On peut vraiment regretter que la DEPP n’ait pas publié d’analyse plus fine des réponses à ces questionnaires car elles portent des éléments vraiment intéressants pour pénétrer les blocages face à l’écrit et tenter d’apporter des réponses aux problèmes de littératie défaillante que rencontre, rappelons-le, près d’un élève sur deux en fin de Troisième.

Donner les moyens de faire lire et de lire

La DEPP l’écrit explicitement : « le rapport à la lecture varie selon l’origine sociale des élèves. » En effet, à la fin de l’école primaire, les représentations que les élèves ont de la lecture ne sont pas les mêmes. Ainsi 68% des élèves appartenant aux écoles les moins favorisées déclarent lire « pour apprendre », alors que 39,5% d’entre eux, seulement, voient en la lecture un moyen de s’évader. Très tôt, donc, à l’âge où la capacité à s’émerveiller, à imaginer est encore vivace, la lecture est, pour ces élèves, plus souvent déconnectée de la notion de plaisir et associée à un objectif scolaire avant tout. Avec une telle perception, la marche de ces élèves vers une lecture autonome ne sera pas aisée. Et on comprend que quelques années plus tard, autant de jeunes se trouvent découragé.es devant un texte d’une trentaine de lignes : pour beaucoup, c’est un devoir supplémentaire…

Une pratique régulière et continue de la lecture en classe, accompagnée d’explications, d’explicitations de la part du/de la professeur.e de français pour guider la compréhension et faire émerger les impressions, réflexions et sentiments des élèves lecteur/trice.s, serait sans doute un levier intéressant pour modifier ces perceptions négatives de la lecture et aussi pour améliorer les compétences dans ce domaine. Mais, pris.e.s dans l’étau d’horaires serrés, de plus en plus serrés compte tenu de l’étendue du travail à faire en cours de français, les professeur.e.s sont souvent contraint.e.s de renoncer à la lecture, en classe, d’un texte long et a fortiori d’une œuvre intégrale. Les plages de lecture sont essentiellement repoussées à la maison à cause des contraintes horaires ; or, les réponses aux questionnaires mettent en évidence une grande disparité dans l’utilisation des stratégies de lecture chez les élèves. Ainsi, plus de 30% d’entre eux et elles déclarent « relire le texte en entier à chaque question » et la DEPP constatait en 2015 que les « stratégies efficaces de lecture globale et de soutien à la lecture sont utilisées par moins d’un tiers des élèves ».

Les professeur.e.s de français souhaiteraient, selon les recommandations des programmes, pouvoir « développer des stratégies de lecture-compréhension en privilégiant un enseignement explicite de la compréhension pour tous les élèves » et les aider à exprimer plus aisément leur opinion sur un texte lu. Mais encore faut-il qu’on leur en donne les moyens !

En complément de cet article, vous pouvez lire : Évaluations CEDRE en français : le niveau stagne, les inégalités s’accentuent

Les notes d’information de la DEPP sont disponibles en ligne :

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