Les évaluations d’entrée en Sixième des élèves en français et mathématiques devaient, selon la communication ministérielle, permettre d’améliorer le diagnostic de leurs difficultés et d’adapter l’accompagnement personnalisé (AP). Le SNES-FSU avait prévenu que cet objectif pédagogique serait illusoire avec des items inconnus des enseignants : cela se confirme sur le terrain. Des résultats flous sur des compétences trop larges ne permettent pas de mieux cerner les capacités d’un élève, contrairement aux évaluations menées dans le quotidien de la classe par les enseignants. Quant à l’aide pédagogique à apporter aux élèves en difficulté, elle n’est pas financée. En revanche, ces évaluations ont un autre objectif : des indicateurs de valeur ajoutée « collège » (IVAC) en seront issus. Ceux-ci vont permettre de comparer les résultats des élèves de Sixième à ceux du DNB. Or, il s’agit d’une méthode inopérante : ce ne sont pas les mêmes élèves qui sont évalués, les cohortes d’élèves se suivent sans se ressembler. Quand bien même suivrait-on leurs résultats sur quatre ans, le renouvellement des élèves et des professeurs est trop important, surtout en éducation prioritaire, pour qu’on puisse opérer de réelles comparaisons.

Objectifs inavoués ?

Leur systématisation en Seconde l’an prochain, voire à d’autres niveaux ultérieurement, risque d’en faire un outil de pilotage des établissements (cf. rapport Borloo), voire de régulation des salaires « au mérite » des enseignants, comme l’a déjà évoqué le ministre. Le CNESCO a montré l’effet néfaste d’une telle politique éducative aux USA. Le SNES-FSU reçoit des témoignages de lycées dont les moyens seront diminués à la rentrée, sous prétexte de « performances insuffisantes » aux IVAL.

Si les évaluations de Sixième peuvent favoriser l’obtention de moyens supplémentaires pour des collèges particulièrement en difficulté, le SNES-FSU demande que le ministère ne communique pas sur les IVAC dans la continuité des palmarès des lycées pour ne pas attiser la concurrence entre les établissements et que les évaluations ne soient instrumentalisées pour justifier une gestion strictement comptable des financements.
Anne-Sophie Legrand

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