La Pensée, Henri Chapu, c.1900, The Art Institute Chicago

La spécialité HLP en quelques chiffres

À la rentrée 2022, 77398 élèves de Première générale ont choisi cette spécialité contre 40607 en Terminale ; ce qui représente respectivement 19,8 % et 10,7 % par rapport à l’ensemble des spécialités proposées. Depuis 2020, on notera une légère progression des effectifs même si le taux d’abandon entre la Première et la Terminale reste très important : grosso modo, une petite moitié des élèves quitte la spécialité en Terminale. Souvent associée à LLCER, SES ou HGGSP, elle est la première des spécialités abandonnées parmi ces dernières.

La proportion d’élèves qui suivent cette spécialité est à peu près équivalente à la proportion d’élèves qui étaient en filière littéraire. Elle n’a donc en rien dynamisé la voie littéraire auprès de nos élèves. (Note : la Terminale littéraire représentait 10.4 % des élèves de la voie générale à la rentrée 2019, dont 79.1 % de filles : RERS 2020, chapitre 4.09)

Une spécialité très genrée

On ne s’étonnera pas de la surreprésentation des filles en HLP : 79,7 % en Première et 80,6 % en Terminale. Mais tandis que le ministère affiche une politique volontariste de féminisation des spécialités dites “scientifiques”, on déplorera l’indifférence générale face au déséquilibre filles/garçons dans les disciplines dites “littéraires”.

Le poids de l’origine sociale

Ce que révèlent de plus choquant encore les statistiques, c’est le déterminisme social qui pèse sur HLP. Ainsi, cette spécialité voit à la fois une sous-représentation des élèves d’origine sociale favorisée, et une surreprésentation des élèves d’origine défavorisée, en Première comme en Terminale.

Si l’on lie genre et origine sociale, la part des filles issues de milieu défavorisé remplit largement les rangs de la spécialité, comme l’indique le graphique.

Une spécialité difficile à enseigner ?

Les retours de terrain qu’a reçus de ses adhérent·es le SNES-FSU révèlent que le programme de la spécialité est jugé intéressant, notamment en Terminale, plus qu’en Première.

La dimension interdisciplinaire de cette spécialité est perçue plutôt positivement dans son principe mais se heurte à de nombreuses difficultés au quotidien.

Quand se concerter ?

En réalité, cette interdisciplinarité n’existe que sur le papier, dans la plupart des cas. En effet, le manque de temps et notamment l’absence d’un temps de concertation intégré au temps réglementaire de service ne permet pas une collaboration sérieuse et rigoureuse entre les enseignant·es de philosophie et de lettres.

Des horaires partagés

Le fait de diviser l’horaire en deux enseignements alourdit les services et multiplie les problèmes pédagogiques. Alors que toutes les autres spécialités disposent d’un horaire complet de 4 heures en Première et 6 heures en Terminale, les collègues de lettres et de philosophie effectuent un travail considérable en HLP pour un horaire divisé par deux. Cette charge de travail est vécue comme une iniquité par rapport aux autres enseignements de spécialité. En outre, en Première, 2 heures d’enseignement semblent trop peu pour transmettre le contenu et les méthodes nécessaires.

Une épreuve complexe

Concernant les épreuves, l’obstacle majeur tient au calendrier. Les épreuves en mars

sont trop précoces pour préparer les élèves sereinement à l’examen. De plus, cumulées au contrôle continu, elles engendrent un effet démobilisateur pour la suite de l’année scolaire dont la classe de philosophie fait particulièrement les frais au 3e trimestre.

Des épreuves à revoir

Les épreuves écrites sont majoritairement jugées par les collègues soit trop difficiles, soit mal conçues. Le refus de l’Inspection Générale d’envisager un double sujet pour laisser le choix aux élèves entre commentaire littéraire et philosophique puis entre essai littéraire et philosophique est incompréhensible. Pourtant, l’épreuve, combinant à la fois deux disciplines et deux exercices aux attentes différentes, est extrêmement complexe. Cette complexité, alliée à la moyenne plus faible dans cette spécialité que dans d’autres, n’est pas incitative pour les élèves et les risques d’une désaffection sont réels.

Les sessions 2022 et 2023 ont montré les limites des deux journées d’examen, impliquant pour les élèves d’un même groupe, des sujets différents présentant inévitablement des difficultés inégales.

Quant aux prestations au « grand oral », elles pèchent souvent par indigence en raison du manque de préparation de la part des candidat·es. Sans doute, les épreuves de mars créent-elles, dans l’année, une rupture nuisible à la remise au travail.

Enfin, les élèves ont une perception dégradée de cet enseignement de spécialité. L’une des raisons tient aux formations postbac dont aucune – y compris lorsqu’il s’agit de cursus littéraires – ne réclame HLP comme prérequis à son entrée.

Revaloriser la spécialité HLP

Le SNES-FSU réfléchit à des moyens pour revaloriser cette spécialité. Voici quelques-unes des pistes proposées :

  • Du temps de concertation intégré aux services.
  • Des épreuves écrites différées dans l’année, selon le mandat du SNES-FSU pour le retour de toutes les épreuves en juin. Cela permettrait aussi de mieux articuler le programme d’HLP avec les programmes de lettres et de philosophie, et de renforcer la formation des élèves ayant choisi cette spécialité.
  • Une clarification des exercices demandés, dans le but d’aider les élèves les plus fragiles à ne pas s’égarer, tant en Première avec l’EAF, qu’en Terminale avec l’épreuve de philosophie.
  • Un grand oral à repenser sur la base du lien indispensable aux contenus disciplinaires, pour éviter la dérive socialement discriminante vers un concours d’éloquence.
  • Pour l’écrit : deux sujets en une seule épreuve et sur une seule journée. Une notation au 1/2 point pour compenser la notation sur 10. À moyen terme, une réflexion impliquant la profession sur la pertinence du format actuel de l’épreuve car sa durée et la multiplication des exercices posent problème aux professeur·es comme aux élèves.
  • Une formation des enseignant·es plus solide favorisant notamment la mise en œuvre de la bi-disciplinarité de la spécialité.
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