Nous avons pris connaissance des textes définissant les épreuves de baccalauréat pour les « renonçants » aux enseignements de spécialité Littérature, Langues et Cultures de l’Antiquité. (lire ici)

Durée et format

La première surprise est liée à la durée des épreuves. En effet, dans une note que la DGESCO nous avait transmise, celle-ci était fixée à 3h et la durée retenue est finalement de 2h.
Concernant les LCA, dans ce temps somme toute restreint, les élèves auront à leur disposition un texte bilingue d’environ 300 mots. Ils devront répondre à une question portant sur le lexique et à une question d’ordre linguistique engageant également une réflexion sur le sens du texte. Soit. C’est ensuite que les choses se gâtent. Les élèves ont en effet le choix entre deux possibilités : une version ou un essai.

La version

La version sera calibrée autour de 50 mots, soit la longueur actuelle des versions proposées à l’épreuve de spécialité des élèves de L, si redoutée d’après l’Inspection Générale. Pourquoi, en ce cas, conserver une longueur identique ? On peut certes espérer que les questions initiales demanderont moins d’approfondissement que les 3 actuellement posées en terminale. Il n’en reste pas moins que les élèves auront une heure de moins pour lire le texte et se l’approprier, traiter la première partie et faire la version. Il n’en reste pas moins qu’ils auront un bagage de grec ou de latin diminué, a minima d’un an. Nous étions favorables au maintien d’une épreuve qui demande au candidat une démarche de traduction personnelle mais le choix finalement effectué nous paraît très ambitieux, sauf si les concepteurs de sujets s’efforcent de proposer des textes très simples, plus encore en grec qu’en latin.

L’essai

De fait, l’essai, second choix de cette épreuve, sera vraisemblablement le sujet refuge. Comment les élèves qui auront commencé l’étude du grec ou du latin en classe de 1ère avec l’enseignement de spécialité pourraient-ils choisir la version ? Comment penser que ceux qui auront davantage de maîtrise linguistique prendront le risque de la version quand l’essai permettra de dérouler des connaissances ? Nous nous interrogeons sur la nécessité qu’il y avait à limiter cet écrit à 500 mots, soit une cinquantaine de lignes seulement. Il est à craindre que les candidats ne soient frustrés par cette consigne. Elle est révélatrice du regard porté sur notre enseignement. Nous dispenserions 4h de cours hebdomadaires aux élèves et, in fine, ils ne seraient capables de produire que 50 lignes en confrontant le texte proposé et le travail fait sur l’objet d’études au cours de l’année ?
Par ailleurs, nous sommes curieux de connaître la définition d’un « essai libre et organisé ». De même, l’expression « il peut proposer des pistes problématisées » est bien vague. Somme toute, l’exercice nous semble trop cadré là où il faudrait laisser de la latitude et flou là où il aurait fallu cadrer.

Pour conclure

Nous comprenons bien l’objectif recherché par la définition de l’épreuve proposée. Elle cherche à concilier des démarches adaptées à des élèves qui ont des bases linguistiques solides et à d’autres, qui seraient moins affutés, voire débutants. Le problème est que nos cours de spécialité mêleront ces différents types d’élèves et, vraisemblablement, s’y ajouteront également les élèves de l’option facultative. Comment concilier toutes ces particularités sinon en favorisant l’épreuve la moins technique ? Les professeurs de Lettres Classiques sont pris entre deux feux par cette réforme : la volonté de maintenir un enseignement linguistique ambitieux, débouchant sur des pratiques autonomes de lecture et de traduction des textes en langue originale, et la volonté d’accueillir davantage d’élèves en ouvrant ce même enseignement vers une dimension plus largement culturelle. Dans l’immédiat, ils peinent à voir comment ces deux perspectives se combineront avec succès, dans le quotidien des classes.

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