Après les attaques au collège…

Depuis la réforme du collège, les professeurs de Lettres Classiques ont été soumis à rude épreuve. Les disciplines dont ils sont les spécialistes ont vu leurs horaires réduits d’un tiers, ils ont été soumis au chantage des EPI et au mépris de leurs compétences puisque n’importe qui était susceptible de délivrer cet enseignement à leur place. Ils ont dû faire face à la concurrence qui faisait rage dans leurs établissements pour se partager les heures de marge et gagner le droit de continuer à exister. Certains ont dû se résoudre à des compléments de service ou des mesures de carte scolaire. L’assouplissement de la réforme mené par le nouveau gouvernement n’a que peu amélioré leur situation. Si les EPI n’ont plus rien d’obligatoire -ce dont on se félicite-, la lutte pour le partage des heures d’autonomie se poursuit dans les établissements. Le nouveau texte a revu à la hausse l’horaire d’enseignement, revenant aux trois heures initiales pour les niveaux 4ème et 3ème. Mais les DHG ne suivent pas toujours, ni pour revenir aux horaires d’avant la réforme, ni pour ouvrir davantage de groupes lorsque la demande existe. Par ailleurs, isolés dans leurs établissements à force de postes de Lettres Classiques transformés en postes de Lettres Modernes, certains collègues hésitent à réclamer les horaires officiels ou ouvrir des groupes de latin ou de grec supplémentaires si c’est au prix de ne plus enseigner le français. Dans les établissements, en particulier en éducation prioritaire, le mal a été fait et de nombreux groupes de langues anciennes ont disparu.

… le massacre se poursuit au lycée

A présent, le lycée est également dans le collimateur. Certes les projets de grilles horaires du lycée de 2019 semblent préserver l’essentiel : 3h d’enseignement et la possibilité de suivre le latin ou le grec en plus d’autres options, de façon à limiter la concurrence entre celles-ci. Il faut, hélas, se garder de tout optimisme béat : les options seront désormais financées sur des heures de marge, comme au collège. 12 h par division en 2nde, 7h en 1ère et terminale. Ces heures devront financer l’accompagnement personnalisé, toutes les options, les dédoublements… Il y a comme un air de déjà vu. Pour exister, les professeurs de Lettres Classiques vont devoir à nouveau se battre contre leurs collègues. Mais se battre pour quoi ? Le latin et le grec disparaissent complètement du paysage au baccalauréat : plus de spécialité (rien n’est prévu, pas même dans le projet d’ Humanités Lettres et Philosophie que les Inspections de Lettres et de Philosophie ont concocté), plus d’épreuve orale facultative, pas même d’épreuves communes. La seule évaluation prise en compte pour l’examen sera la moyenne obtenue par les élèves au cours du cycle terminal. Elle entrera dans le calcul de la moyenne générale du candidat qui comptera à hauteur de 10 % pour l’obtention du baccalauréat et rien de plus. Dans ces conditions, quels sont les élèves qui continueront à étudier des disciplines si peu valorisées ? Combien de temps survivent des disciplines facultatives qui ne font l’objet d’aucune épreuve terminale ? Comment, dans ces conditions, espérer former de futurs étudiants pour reconstituer, dans un futur plus ou moins proche, un vivier de professeurs de Lettres Classiques ? Qui conservera dans son enseignement une exigence suffisante pour y parvenir alors que plus rien ne viendra sanctionner, au terme du cursus dans le secondaire, un niveau quelconque ? Traiter ainsi les LCA, c’est leur nier leur statut de disciplines de savoir et leur assurer une mort discrète.

Le SNES-FSU continue à demander des horaires fléchés et garantis dans toutes les disciplines, s’oppose au contrôle continu et affirme l’importance des savoirs disciplinaires. Il porte, dans les instances, nos revendications d’un enseignement des Langues et Cultures de l’Antiquité reconnu à sa juste valeur, au collège comme au lycée.

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