Les collègues de Lettres sont concernés par plusieurs nouveaux programmes : français en Seconde et Première, spécialités HLP et LCA, option LCA. On peut aussi ajouter les spécialités et options artistiques dans lesquelles certains de nos collègues exercent (théâtre, cinéma, histoire des arts…) mais la JRD ne les a pas abordées.

Une présentation plus traditionnelle

Si l’on peut apprécier que la DGESCO ait rompu avec la présentation en tableaux utilisée pour les derniers programmes du collège, elle n’a pas pour autant évité les ambiguïtés et autres confusions. Le programme d’HLP est particulièrement peu éclairant. Rien n’est dit sur les activités que doivent mener les élèves ni sur les objectifs précis à poursuivre. La lettre des inspections générales précise des orientations qui semblent aller à contrecourant du programme ! Beaucoup d’interrogations subsistent également à la lecture du programme de français. Mais nous verrons par la suite qu’il ne faut pas forcément trop s’en plaindre. Nous trouverons là un petit espace de liberté bien utile !

Un ordre chronologique imposé

Le trait majeur de ces programmes (français et HLP) est l’obsession de la chronologie. Celui de français est conçu de façon très traditionnelle : 4 entrées par genre (poésie, récit, théâtre, « littérature d’idée »), chacune structurée strictement par la chronologie, sans qu’il s’agisse vraiment d’histoire littéraire. Les intentions du programme, les objectifs en termes de savoirs ou même de compétences disciplinaires restent flous. La seule « innovation » est la priorité mise sur la lecture d’œuvres intégrales.

Initialement, d’ailleurs, les rédacteurs du programme voulaient bannir les groupements de textes. Ils les ont finalement réintégrés en les appelant « parcours ». Il est cependant peu probable que tous les élèves arrivent au bout de ce programme de lecture…

La spécialité HLP s’appuie sur 4 objets d’étude pour 4 semestres (même si beaucoup d’élèves n’en feront que deux en cas de renoncement à cette spécialité en Terminale) ; ces objets d’étude suivent parfaitement la chronologie, allant de l’Antiquité, en début de Première, à aujourd’hui, en fin de Terminale. Or, le côté artificiel et systématique de cette organisation ne suffit pas à donner du sens. Ces programmes ont été construits en réaction aux précédents et surtout aux pratiques des enseignant·e·s.

L’analyse littéraire des textes, le repérage des procédés d’écriture, l’ouverture à la littérature contemporaine sont fortement déconseillés, voire bannis. A la place, le professeur « fait lire » des livres aux élèves dans l’objectif de « fréquenter » les siècles précédents. Dans le corps de texte du programme de français on trouve d’ailleurs de multiples traces de remise en cause des pratiques enseignantes, que l’on peut considérer comme autant de marques de mépris qui nous sont adressées. Ce sont bien des programmes réactionnaires au sens propre, comme en témoigne le choix des « œuvres imposées » pour la classe de Première l’an prochain. N’y cherchons ni originalité ni de nouveauté ! On ne parle même pas de la longue et redondante partie « grammaire » venue d’un autre temps…

Des programmes en surcharge

Ces programmes sont aussi totalement irréalistes :

  • « Faire lire » 8 livres par an aux élèves de Seconde et de Première n’est pas réaliste.
  • Mener un travail interdisciplinaire en littérature et en philosophie, alors que les élèves découvrent cette seconde discipline n’est pas réaliste.
  • Espérer donner le goût de la lecture à des adolescents alors que l’on impose des oeuvres patrimoniales peu faciles d’accès sans donner la moindre liberté de choix aux enseignant·es n’est pas réaliste.
  • Penser que les lycéens auront, au terme de leur formation secondaire, une idée assez juste de ce qu’est la littérature en excluant de fait les textes contemporains, la littérature francophone et étrangère, n’est pas réaliste.
  • Enfin le temps imparti pour mener à bien ces programmes, que ce soit en français, en HLP ou en LCA n’est absolument pas réaliste !

 

Alors peut-on dire que l’enseignement des Lettres est sacrifié dans cette réforme ? C’est en tous cas bien l’impression qu’ont eue les participants à la JRD. Nous serions contraint·e·s de réaliser une mission impossible, laquelle ne permettrait même pas de faire réellement progresser les élèves dans la maitrise de nos disciplines. Il y a de quoi être en colère mais il ne saurait être question de se décourager !

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