En 2nde GT, le rapport Mathiot semble proposer, à première vue, une amélioration de la situation des SES. Mettant fin au statut d’enseignement d’exploration, le rapport propose d’intégrer les SES au tronc commun (« unité générale ») de la 2nde GT… du moins pour un semestre. Mais les SES « ressortent » du tronc commun dès le deuxième semestre pour devenir un enseignement « majeur » au choix des élèves.
On pourrait certes se satisfaire de la « reconnaissance » (partielle) de l’importance que tous les élèves, en lycée, abordent les sciences économiques et sociales dans leur « parcours ». Cependant, il faudrait au moins disposer d’une proposition d’horaire pour apprécier la réalité de cette reconnaissance. En tout état de cause, les élèves qui ne poursuivraient pas les SES auraient donc abordé la discipline sur 4 à 5 mois, temps largement insuffisant pour découvrir une discipline nouvelle et choisir de la poursuivre en toute connaissance de cause.

Dans le cycle terminal, les SES apparaissent dans deux « majeures », couplées soit aux mathématiques, soit à l’histoire-géographie. Elles peuvent être prises en « mineure », et le projet Mathiot propose de maintenir l’actuelle option « sciences sociales et politiques », sous la dénomination « science politique », comme mineure en terminale.
Là encore, la possibilité pour les élèves de poursuivre un enseignement de SES sans passer par « la série ES » peut paraître intéressante à première vue. Mais ces propositions, au-delà des problèmes généraux que pose une telle organisation modulaire et semestrielle du lycée, comportent en réalité des risques très importants :
-d’abord, le risque de « scinder » la discipline autour d’un découpage « économie » (qui serait associée aux mathématiques) et « sociologie » (qui serait associée à l’histoire-géographie), découpage qui est globalement rejeté par les collègues – la discipline reposant historiquement sur la possibilité de « croiser les regards » de l’économie et de la sociologie (entre autres) sur des objets d’étude divers. Possibilité qui disparaîtrait de fait. On pourrait au passage craindre une mathématisation à outrance d’un programme de SES dans la majeure « mathématiques-SES ».
-Ensuite, cela pose – comme pour les autres disciplines – le problème de la cohérence entre les programmes, pour des élèves qui voudraient suivre à la fois une majeure et une mineure de SES, ou qui « permuteraient » une mineure et une majeure entre la 1ère et la terminale. La seule « solution » consisterait à construire des programmes « modulaires », auto-suffisants, sans lien et sans cohérence entre eux. Ce qui n’est pas un gage d’amélioration des apprentissages, au contraire !
-Plus largement, les SES auraient beaucoup à perdre à la disparition d’une série « ES » qui non seulement a fait ses preuves (elle ne fait que rarement l’objet de critiques), mais surtout permet aux SES d’être étudiées comme discipline « pivot » d’une série, en cohérence avec les programmes des autres disciplines. A ce titre, la logique modulaire produisant, comme on le sait, la reconstitution de filières « implicites », et de « parcours d’initiés », il paraît probable que les SES soient plus souvent choisies en « mineure » qu’en majeure. Avec les pertes horaires que cette mise en concurrence généralisée des disciplines impliquerait.
– L’absence de toute référence claire à des heures de cours dédoublées, fléchées nationalement, rend pratiquement impossible tout travail en petits groupes sur les méthodes propres aux sciences économiques et sociales

Par conséquent, si de prime abord ce rapport entrouvre la porte d’une reconnaissance du rôle central des SES dans la formation des élèves, une analyse approfondie fait rapidement apparaitre des dangers importants pour l’identité même de notre discipline. Cette dernière se retrouverait diluée dans une organisation modulaire qui, de plus, va l’encontre de l’impératif de démocratisation du système éducatif auquel les SES et la filière ES ont pourtant fortement contribué depuis 50 ans.

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