Le 17 septembre 2018, sur France Inter, le ministre de l’Education nationale déclarait avec autorité : « Notre réforme du lycée va permettre d’avoir des classes qui sont normales, si vous voulez, à 25 élèves et pas à 35. » Or, toutes les données statistiques issues de ce même ministère signifient bien autre chose.

Une augmentation brutale des effectifs par classe

A la rentrée 2019, la proportion de classes de Première générale et technologique comptant plus de 30 élèves passe de 52% à 62%. On voit là clairement un effet du « tronc commun » du cycle terminal, qui permet de regrouper des élèves par paquets de 35 de manière beaucoup plus « souple» que les anciennes séries. Cette tendance est confirmée par l’augmentation du nombre moyen d’élèves par classe.

Des groupes plus nombreux aux effectifs de moins en moins réduits

Du fait des enseignements de spécialités « à la carte », les heures d’enseignements en « groupes » sont plus nombreuses. 67% des heures se donc faites en groupes en Première à la rentrée 2019 contre 50% l’année précédente. Mais parle-t-on exactement de la même chose ? La notion de groupes recouvre des réalités très différentes. Les groupes de type « dédoublement » de classe sont en nette diminution alors que les regroupements d’élèves issus de 3 classes ou plus, explosent. +171 % en Première générale à la rentrée 2019 ! Chiffre qui ne s’explique que par la multiplication des groupes « composites » de spécialités. Certains groupes « composites » peuvent certes être réduits mais il n’y a ni cadre national, ni obligation à le faire. Chaque lycée utilise sa dotation d’autonomie pour éventuellement dédoubler, ou pas, que ce soit des cours correspondant à une classe ou à un groupe. Très souvent, il s’agit d’ailleurs de groupes à effectifs lourds, voire très lourds, généralement compris entre 30 et 35 élèves. Les groupes, plus fréquents, vont donc de paire avec une hausse des effectifs moyens devant l’enseignant.

L’explosion du groupe-classe

Ainsi, derrière la hausse des cours « en groupe » se cache une double réalité : d’une part, une diminution brutale des heures effectuées en « demi-classes », en classes dédoublées, aux effectifs réduits, et d’autre part, une hausse des heures effectuées en groupes composites, aux effectifs lourds, qui ont pour principale caractéristique de contribuer à l’éclatement du « groupe-classe ». A la rentrée 2019, en moyenne, une classe de Première générale se répartissait dans 36,1 groupes contre 14,5 l’année précédente.

En terme de conditions de travail, la réforme du lycée s’est donc traduit concrètement et immédiatement par deux choses :

  • la dégradation des conditions de travail par des effectifs plus lourds, et moins souvent dédoublés ;
  • l’atomisation des classes et des collectifs qu’elles permettent, pour les élèves comme pour les enseignants.

Pour aller plus loin, on trouvera ci-dessous l’intégralité de la note d’analyse

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