Les programmes nous laissent des marges de liberté, pour peu qu’on les lise avec ce prisme. Le flou et les contradictions, qui ne manquent pas, peuvent se muer en atouts.

« Faire lire », mais comment ?

Nous donnerons la priorité à l’analyse des textes pour rendre les élèves capables d’interpréter un texte en autonomie et nous utiliserons pour cela toutes les pratiques pédagogiques habituelles, quoi qu’en dise le programme. Que l’on impose l’explication linéaire à l’oral de l’EAF ne doit pas non plus nous paralyser. L’exercice n’est pas clairement défini, et on ne saurait prendre modèle sur l’épreuve d’agrégation ! Il est possible de privilégier une analyse qui suit le plan ou le mouvement du texte, non pas ligne à ligne mais par blocs, de manière à aboutir, en conclusion, à la proposition d’une interprétation, sous forme d’axes de lecture. Il s’agit, en fait, du travail préparatoire au commentaire littéraire ou à la lecture analytique actuels. Le même travail pourra être fait à l’écrit puisque rien n’empêche de faire un commentaire qui suit le plan du texte. Cette « simplification » et cette « harmonisation » des deux exercices nous permettront d’y consacrer plus de temps et de ne pas nous disperser dans des méthodologies trop complexes. Pour HLP, le programme est tellement flou que tout est possible ! N’oublions pas que l’épreuve du bac sera choisie et corrigée dans l’établissement… Notre objectif reste d’initier les élèves aux études littéraires en vue d’une poursuite d’étude à l’université ou en CPGE en Lettres. Motiver de futurs étudiants en littérature est impérieux : leur montrer toute la diversité de la littérature, ses richesses mais aussi les caractéristiques et les exigences de l’interprétation littéraire. La bi-disciplinarité pourra donc être comprise comme une mise en regard et en contraste entre les deux disciplines, permettant de mieux comprendre leurs spécificités respectives.

Quels textes ? Quels livres ?

Un autre enjeu se trouve dans le choix des textes. En Seconde, on est encore assez libre de ses choix, et pas seulement pour les lectures cursives. On n’hésitera pas à aborder, en classe, les littératures contemporaines, francophones et même étrangères. L’enjeu est d’ouvrir les élèves à la littérature en leur faisant saisir tout ce qu’elle peut leur apporter. En Première, l’exercice se complique en raison des 4 œuvres imposées mais rien n’oblige à y passer trop de temps, la dissertation portant aussi sur le parcours. Certes certains ensembles œuvres-parcours sont très contraignants comme en série technologique « L’Ingénu et Voltaire esprit des Lumières » mais là aussi il est possible de proposer dans le parcours des textes contemporains sur l’intolérance ou le pouvoir abusif par exemple. Notre ambition est bien de construire pour et avec les élèves une culture de notre temps. Ceci ne signifie pas que les textes patrimoniaux en sont exclus, bien au contraire, mais qu’ils sont lus dans un contexte contemporain. Pour HLP, le choix des textes pourra (devra !) s’affranchir de la bibliographie farfelue donnée dans le programme. Inutile de choisir tous les textes avec le collègue de philosophie ni d’être guidé·e totalement par le format de l’épreuve. Les élèves qui choisiront cette spécialité y chercheront une découverte des littératures. Il faudra seulement veiller à ne pas faire doublon avec le programme de français, d’autant que les élèves d’HLP seront certainement dispersé·e·s dans plusieurs classes…

Des épreuves mal pensées

La durée des épreuves est une difficulté supplémentaire. Comment aider les élèves à travailler utilement pendant les 4 heures de l’écrit d’EAF, sur un seul exercice (commentaire ou dissertation) ? Une hypothèse pourrait être de leur apprendre à utiliser mieux le brouillon : rédiger le devoir au brouillon, en corriger la structure mais aussi l’expression écrite, puis le recopier. Il s’agit de prendre conscience que le premier jet n’est jamais satisfaisant et qu’écrire c’est aussi réécrire, en continuité du programme de collège. Cette méthode est aussi indispensable pour la contraction de texte. En classe, cela nous permettrait de faire faire le commentaire ou la dissertation pendant les 2 heures de cours (1h pour la contraction ou l’essai), la finalisation se faisant à la maison ou l’inverse. L’oral, qui n’est fondé que sur un apprentissage soigneux de ce qui a été fait en classe (l’explication linéaire) ou préparé à l’écrit (la présentation de l’œuvre choisie) ne nécessite pas un « bac blanc ». Sachons ne pas nous imposer nous-mêmes ce qui n’est pas nécessaire, de façon à ne pas alourdir considérablement et inutilement notre charge de travail !

Restons maitres de nos choix pédagogiques

Comme il est impossible à la fois de « faire lire » la quantité demandée et d’apprendre aux élèves à « analyser, interpréter » comme nous y invitent tout de même le préambule du programme de français et la lettre des IGEN pour HLP, nous devrons faire des choix. Quantité ou qualité ? Pour le SNES-FSU, c’est évidemment la seconde, autrement dit l’acquisition de véritables savoirs disciplinaires, qu’il faudra privilégier. Refusons d’afficher 24 textes dans le descriptif de Première en voie générale et 16 en voie technologique, au nom de la cohérence pédagogique. D’ailleurs, jamais les objectifs de quantité (que nous avions déjà au programme) n’ont été vraiment respectés. De la même manière, l’injonction des 8 livres par an ne sera pas tenue : inutile de se livrer à un affichage hypocrite. Le programme de Première technologique est infaisable en 3 heures… ne tentons pas de faire « comme si » !

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