La loi LCAP du 5 septembre 2018, dite « avenir professionnel », est un des leviers de cette évolution avec la régionalisation de l’information à destination du public de la formation initiale, que sont les élèves et les étudiants.

Alors que les régions ne remplissent pas leurs missions sur l’information, ne va-t-on pas assister à une nouvelle offensive sur le transfert des CIO et des personnels aux régions comme le demande l’association « Régions de France » par la voix de sa présidente Carole Delga?

Des DRONISEP aux agences régionales, une dégradation de l’information, les usagers et les professionnels trinquent !

Les régions, en charge de l’information régionale sur les formations et les métiers, n’ont pas mis les moyens, ni recruté les personnels qualifiés pour remplir cette mission. Elles mandatent donc des organismes divers, portant un discours très « orienté » pour venir dans les EPLE, tenter de modifier les comportements et les représentations sociales des élèves et des familles et/ou promouvoir certains secteurs professionnels sous prétexte d’informer sur les métiers et les formations. Tapis rouge pour les organismes privés déguisés en associations, pour les fondations ou start-up qui, en collaboration avec les branches professionnelles, les entreprises et les chambres consulaires, délivrent des informations non objectives ! On voit fleurir davantage de « Bus régionaux » et de sites numériques à la gloire de la région que de garanties d’objectivité, d’exhaustivité, de fiabilité comme en donnaient les DRONISEP quand elles diffusaient aux usagers de l’information vérifiée et vérifiable.

Pire ! Arguant que l’orientation est affaire d’information et d’ajustement à l’emploi local, la plupart des régions axent leurs actions sur une communication, visant à promouvoir formations locales et secteurs en tension. Négligeant les biais sociaux et les inégalités d’accès à l’information, chaque région développe son portail numérique généraliste, censé répondre à toutes les questions de tous les publics, mais de fait, souvent incomplet, fort confus et illisible pour un public scolaire.

Au-delà de la loi

Partout on observe que les régions mordent le trait et vont bien au-delà de leur mission d’information des élèves sur les formations et métiers, pour s’aventurer sur les champs du conseil, parfois de la connaissance de soi, voire proposer des conseils personnalisés en ligne !

C’est bien toute la chaîne de l’orientation, sans distinction des publics, que Régions de France veut maîtriser.

La disparition d’outils essentiels pour informer les élèves

Sur le terrain, force est de constater que les PsyEN, les professeurs principaux et les élèves ne disposent plus d’outils d’information fiables. Jugées trop chères et « pas modernes », les brochures papier ont été supprimées ou ne paraissent – souvent trop tardivement- qu’au format numérique, pénalisant les élèves et les familles. En effet, la pandémie a réaffirmé la réalité de la fracture numérique. Or, le « tout numérique » a montré qu’il ne facilitait pas l’accès à l’information et à son appropriation pour tous, d’autant qu’il n’est généralement pas le fruit d’une réflexion sur les réels besoins des usagers.

La FSU demande la suppression de l’article 18 de la loi « avenir professionnel ».

Une conception inquiétante de la formation professionnelle initiale

Les déclarations du président de la République sur une nouvelle réforme de la formation professionnelle pendant l’été, font peser de nouvelles menaces sur le service public d’orientation de l’ÉN. Que ce soit pour les adultes ou pour les jeunes en formation initiale, le gouvernement considère la formation comme une réponse rapide aux besoins des secteurs en tension.

La nomination de C. Grandjean comme secrétaire d’état à la formation professionnelle initiale, placée sous la double tutelle de l’Éducation nationale et du ministère du Travail, est très inquiétante. Elle marque la volonté d’assujettir totalement la formation professionnelle aux besoins des entreprises au détriment de la culture générale et des savoirs comme c’est la tradition en France. Ce glissement de la formation professionnelle initiale vers le ministère du Travail pourrait s’accompagner de nouvelles tentatives de transfert des CIO et des personnels aux régions sous prétexte d’efficacité économique !

Ces projets remettent profondément en cause les conceptions de la formation professionnelle et de l’orientation, qui doivent rester destinées avant tout, à permettre le développement de la personne et son émancipation, grâce à la culture et à la qualification.

C’est un retour en arrière qui ne pourra que pénaliser les jeunes dans un monde, où les évolutions très rapides exigent des connaissances élargies et de haut niveau.

La FSU est intervenue auprès des régions pour condamner ces évolutions, qui réduisent l’orientation à l’adéquation au marché de l’emploi à plus ou moins court terme et qui ignorent le lien entre orientation et psychologie.

Ces conceptions sont aux antipodes d’une orientation émancipatrice et ambitieuse pour tous !


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