Le Conseil supérieur de l’éducation a rendu un avis défavorable sur le projet de programme de sciences et technologie de cycle 3 présenté le 15 juin 2023. A contrario, il a voté pratiquement unanimement pour un vœu intersyndical contre la suppression de la technologie en Sixième.

Déjà le 26 janvier 2023, la communauté éducative s’était exprimée contre les arrêtés modifiant les grilles horaires de Sixième et de Sixième SEGPA au CSE. Il s’agit donc là, d’un nouveau désaveu de la réforme de la classe de Sixième menée tambours battant par le ministère de l’éducation nationale. Pour rappel, la réforme du collège 2016 n’avait pas permis de rallier une aussi large unité syndicale.

On pourrait penser que le vote contre le projet de programme était symbolique afin de sanctionner la décision de supprimer une discipline. Ce n’est qu’en partie le cas.

Seul l’association d’élèves le Renouveau lycéen, le SGEN, le SNUIPP et le SNES-FSU ont présenté des amendements sur les contenus de ce programme. Le SNES-FSU en a rédigé plus d’une douzaine visant à alléger ce nouveau programme en évitant de nouvelles notions complexes pour des élèves de Sixième. Les amendements du SNES-FSU ont tous reçu un avis favorable du Conseil supérieur de l’éducation parce que ses professeur.es militant.es des groupes disciplinaires du secteur contenus porte un regard réaliste sur ce que peut demander un programme scolaire : ils et elles travaillent toutes et tous avec des élèves !

Pour le SNES-FSU, un programme doit être ambitieux et émancipateur. Pour cela, il se doit de rester à la portée de tous et toutes les élèves. Un programme pléthorique et trop difficile exacerbe un tri social car il devient sélectif.

Dans le détail

Le SNES-FSU a salué une rédaction du programme plus précise et plus rigoureuse que dans le programme actuel ainsi que la nécessaire division en deux colonnes d’attendus en fin de cours moyen (CM1-CM2) et en fin de Sixième.

Le SNES-FSU a regretté le retrait d’une phrase du préambule rédigée par le Conseil supérieur des programmes : «  Les contenus introduits en classe de sixième ont le même poids en physique-chimie et en sciences de la vie et de la Terre ».  S’il y manquait une indication de répartition horaire comme l’avait précédemment indiqué le SNES-FSU, l’absence de cette phrase mettra les professeurs de physique-chimie en difficulté pour obtenir un temps d’enseignement équivalent à celui des SVT dans les collèges qui consacraient deux heures à cette dernière dans un horaire qui reste globalisé.

En effet, c’est en physique-chimie que de nombreuses notions du cycle 4 se sont ajoutées à celles qui préexistaient dans le programme actuel, déjà jugé trop volumineux par la profession.

L’administration a repris une phrase proposée par le SNES-FSU à propos du tableau des « compétences travaillées » qui s’avèrent extrêmement complexes pour des élèves de cycle 3. Il s’agit de rappeler que les élèves entrent dans ces apprentissages et ne sauraient les maîtriser en fin de Sixième. Elle a repris l’amendement visant à supprimer « associer les phases de la Lune perçues par un observateur sur la Terre à la position de la Lune par rapport au Soleil et à cet observateur, en s’appuyant sur une modélisation du phénomène ». Elle a accepté d’ajouter l’énergie nucléaire à la liste énoncée dans le programme et a ajouté la place de la Terre dans le système solaire au cours moyen, cette fois, à la demande du SNUIPP.

Elle n’a pas repris les autres amendements dont l’objectif était soit de borner des points du programme dont les frontières demeurent floues, soit d’élaguer des notions trop complexes alors qu’elle l’avait accepté en retirant l’étude de la transformation chimique avec son vocabulaire réactifs et produits lors des rencontres préliminaires au CSE.

Quelques exemples d’amendements de suppression non retenus : le suivi de l’évolution de la température d’un changement d’état avec étude du pallier de température, « mesurer un volume de gaz par déplacement de liquide », « exploiter la relation de proportionnalité entre masse et volume d’un corps homogène », « mettre en évidence expérimentalement un critère pour prévoir la position respective de deux couches liquides non miscibles superposées (comparaison de leur masse pour un même volume) », le phénomène astronomique des saisons sur Terre.

Toutes ce notions sont déjà difficiles pour la plupart des élèves de Cinquième voire de Quatrième. Elles ne seraient pas impossibles à aborder mais en prenant bien plus de temps que celui imparti.

Encore de la technologie en Sixième

Il n’est en revanche pas acceptable qu’une partie de technologie subsiste en Sixième alors qu’il n’y a plus ni professeur.e, ni horaire dédié à cette discipline. Le SNES-FSU appelle les professeur.es de sciences-physiques et de SVT à ne pas traiter cette partie du programme.

La version définitive du programme sera publiée au BO dans les prochaines semaines, ce qui ne laissera que l’été aux professeur.es pour la découvrir et la préparer. De nouvelles notions apparaissent mais il n’y aura donc pas de possibilité d’acquérir de manuels mis à jour. Ce mode de fonctionnement du ministère montre un profond mépris pour la profession.

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