Beaucoup d’entre nous ont repris le chemin des collèges et lycées avec entrain et vaillance : notre discipline s’accorde mal avec le travail à distance et nous avions hâte de retrouver le contact avec nos élèves, de pouvoir dialoguer avec eux, de connaître de nouveau le plaisir d’un enseignement plus humain.


Mais force est de constater que le masque fait écran entre le professeur et la classe. Nous mesurons tous la difficulté d’identifier des demi-visages toujours plus nombreux, de saisir les manifestations d’incompréhension ou d’enthousiasme, de mettre fin à des bavardages occultes, de comprendre des réponses marmonnées que le tissu laisse à peine filtrer, d’être au plus près des élèves tout en respectant les gestes barrières.
De plus en plus de collègues ressentent les impacts, sur leur santé, du port prolongé du masque et de l’usage abondant du gel hydro-alcoolique, a fortiori en période de chaleur intense : les voix se fatiguent, les allergies et problèmes respiratoires se développent. La protection et le bien-être du personnel et des usagers sont loin d’être la priorité du ministère ; les allègements successifs des protocoles sanitaires en sont un témoignage incontestable.
Mais la liste des obstacles ne s’arrête pas là.

Tester sans mesure

Ces premières semaines de rentrée sont marquées par la mise en place de tests à tous les niveaux ou presque.
Les Sixièmes et les Secondes sont accueillis dans leurs nouveaux établissements avec une batterie de questions dont la pertinence et l’utilité demeurent toujours mal définies. On remarque avec surprise que ces évaluations sont l’occasion d’une enquête sous-jacente sur le ressenti des élèves durant le confinement ; on les invite ainsi à se prononcer sur le travail proposé par les enseignants pendant cette période.
Les tests de positionnement proposés pour les niveaux du cycle 4 montrent que l’air du temps est à l’évaluation à tout va, quitte à démotiver des élèves dont le lien avec l’école s’est fragilisé en fin d’année dernière. Rappelons que les professeurs sont libres de faire passer ou non, ces tests à leurs élèves.

Une année qui s’annonce étouffante

Le Ministère est resté sourd à nos demandes d’allègement de programme. Seules des listes de priorités ont été publiées pour le collège, mais celles-ci se contentent d’énumérer les points que tout professeur a l’habitude de reprendre avec ses élèves à chaque début d’année.
Par conséquent, la situation s’avère source d’angoisse pour beaucoup d’enseignants en classe de Première, qui accueillent des élèves avec des lacunes plus larges et profondes : une course s’est déjà engagée à toute vitesse pour parvenir à étudier toutes les œuvres au programme, à analyser, pour l’oral de l’EAF, vingt ou douze textes et à explorer tous les exercices différents qui forment l’épreuve écrite du baccalauréat.
De plus, si les programmes n’ont pas été allégés, le nombre d’élèves par classe non plus ! Les effectifs ne cessent d’augmenter alors que se multiplient les injonctions de mettre en place des pédagogies différenciées et des parcours individualisés, alors qu’est affiché l’objectif d’une remise à niveau générale avant les vacances de la Toussaint, alors que se fait sentir de plus en plus pesamment l’impératif de prendre en compte les besoins particuliers des élèves pour la réussite de l’école inclusive.
Et, dans le même temps, des établissements ont vu diminuer le volume horaire de l’AP consacré au français ; d’autres déplorent la suppression leurs heures de projet d’ouverture culturelle ou de remédiation en lecture ou en expression écrite.
Enfin, comment ne pas s’inquiéter de la réduction de l’espace occupé par les Lettres dans le secondaire ? Le nombre de lycéens ayant renoncé à poursuivre la spécialité HLP en Terminale est fort préoccupant et les élèves bénéficiant d’un enseignement de latin et de grec se font de plus en plus rares.

Le SNES-FSU n’entend pas rester muet sur tous ces points et continuera à lutter pour rendre plus respirable cette année tout juste entamée.

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