argent

Le financement impossible des retraites est une antienne du discours libéral bien difficile à dater. Le chiffre de 13,8 % du PIB consacré aux dépenses de retraite en 2021 correspond au niveau atteint de 2013 à 2016. Le COR estime ces dépenses sans réforme à 14,7 % en 2070 dans l’hypothèse la plus basse de croissance de la productivité. Et cela le gouvernement n’en veut pas.

Les pensions de retraite sont des revenus socialisés s’inscrivant dans la continuité du salaire et sont financées par les cotisations qui sont une partie intégrante et socialisée du salaire. Mais ce sont aussi, au sens comptable, des dépenses publiques. À ce titre, elles sont la cible récurrente de la Commission et du Conseil de l’Union européenne, qui, au-delà du contrôle des déficits et de la dette, enjoignent aux États membres de réduire leurs dépenses publiques tout autant que leurs prélèvements fiscaux et sociaux. Il n’est donc pas question de se soucier du niveau de vie des futur(e)s retraité(e).

Refus des 64 ans

Alors que le COR projette un âge de départ moyen à 63,7 ans en 2040 sans réforme et qu’actuellement plus de la moitié des salariés sont sortis de l’emploi à 62 ans, reporter à 64 ans l’âge légal est injustifiable aussi bien économiquement que politiquement. Ce blocage du niveau de dépenses est une réponse complaisante et assumée au dogme libéral européen. Il n’est pas acceptable de limiter a priori les ressources destinées au financement des retraites car cela reviendrait à appauvrir les retraité-es par rapport aux actives et actifs et à pousser celles et ceux qui le peuvent à recourir à l’épargne et aux dispositifs de retraite par capitalisation. Seules les valeurs rapportées au PIB font sens à long terme pour la part consacrée à son système de retraite.

La cotisation sociale, paramètre très important…

Sans augmentation du financement, les futurs retraités auront des pensions encore plus faibles. On ne peut pas uniquement se focaliser sur les aspects démographiques en oubliant que les retraites sont une question de répartition. Il faut en revanche mettre l’accent sur l’évolution de la richesse produite et la façon dont elle est répartie, d’une part entre le travail et le capital, et, d’autre part, au sein de la masse salariale, entre les salaires nets et bruts.

Si on regarde du côté des fonctionnaires, la retenue pour pension civile n’a cessé d’augmenter passant de 7,85% en 2010 à 11,10 % en 2020 (+41 % d’augmentation) alors que le gouvernement a choisi début 2018 une baisse de 2,25 points des cotisations salariales dans le privé contre une augmentation de 1,7 points de la CSG pour tous. Des calculs d’économistes montrent que les sommes en jeu sont très raisonnables pour maintenir le niveau des retraites sans nouveau recul de l’âge de départ : on aurait besoin d’une augmentation des cotisations de l’ordre de 0,16 point par an, c’est-à-dire 5 points en 30 ans. C’est beaucoup moins que ce que vient de se produire pour les fonctionnaires notamment…

Le choix du président …

Il a encore été démasqué lors de l’allocation présidentielle du 1er janvier : c’est la fonction du « travailler plus longtemps » et de la dramatisation du déficit organisé par une politique de baisse des ressources des régimes de retraite et fondé sur un interdit majeur, celui d’utiliser le levier des cotisations.

…contre celui de la population

Sur ces questions de protection sociale, il n’y a pas de conflits entre les générations : les retraité.es portent les mêmes revendications que les salarié.es pour les services publics, la justice sociale, une fiscalité juste, une santé de qualité accessibles à toutes et tous.

C’est un choix de société fondé sur une juste répartition des richesses qui est au cœur du sujet. C’est cette bataille syndicale dans laquelle la FSU est engagée.

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