Le programme de 2008 imposé par le Ministère au mépris du Conseil Supérieur de l’Éducation abandonnait en grande partie l’idée du projet technique au profit de la démarche d’investigation : il ne s’agissait plus de produire un objet à partir d’un besoin, mais de comprendre son fonctionnement. Cela augurait mal de l’orientation qui pouvait être donnée par le Conseil Supérieur des Programmes dans les prochains textes (voir notre analyse des derniers projets).

le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, issu du Conseil Supérieur des Programmes, applicable depuis la rentrée 2016 devait pourtant rapprocher notre discipline de la production technique, de sa conception et de sa mise en œuvre. C’est dans cette direction qu’avait travaillé le groupe d’experts chargé par le CSP de l’écriture des derniers textes présentés pour consultations en avril 2015.

Contre toute attente, le CSP a ensuite été dessaisi et l’écriture définitive des programmes applicables dès la rentrée 2016 pour les 4 niveaux du collège ne respecte plus les orientations proposées par le groupe d’experts.

La démarche d’investigation, que l’on cherche à imposer comme outil de pédagogie, reste totalement inadaptée pour isoler le besoin auquel répond un objet technique, analyser son fonctionnement ou justifier les choix et solutions pratiques associés à sa fabrication. Les derniers programmes, ne sont pas de nature à modifier la désaffection que connaissent les sections scientifiques et technologique dans les vœux d’orientation des collégiens. Le regroupement des enseignements scientifiques et de la technologie au cycle 3, en globalisant les programmes dans un horaire de 4h en 6ème, relance la pression pour le dispositif EIST (Enseignement Intégré de Science et Technologie). Réécriture après réécriture, les programmes accentuent les inégalités sociales en confortant le virtuel, sans doute moins coûteux, au détriment de la confrontation au réel qui faisait le socle de notre discipline. Les volumineux documents d’accompagnement, restent difficilement exploitables par les collègues et bien souvent inadaptés ou injonctifs.

Par ailleurs, les recommandations d’organiser la pédagogie en groupe d’effectif réduit d’élèves n’apparaissent plus dans les textes et les plans d’équipement diffusés par les Inspecteurs Généraux et Inspecteurs Pédagogique Régionaux de rattachement de la discipline sont totalement utopistes et déconnectés de la réalité du collège. Même avec le dernier texte définissant les obligations réglementaires de service- qui reconnaît à la technologie la nécessité d’un temps de gestion du matériel, la situation reste problématique dans nombre d’établissements, les Chefs d’établissement refusant bien souvent aux collègues ce qui est réglementaire : l’article « Professeur Technologie-collège »précise le fonctionnement actuel. Il faut noter que l’heure dite « de laboratoire » en technologie est souvent confondue par les collègues avec l’heure de préparation dite « de vaisselle » des enseignements scientifiques attribuée lorsque aucun agent de laboratoire n’est affecté dans l’établissement.

Avec la disparition de son concours de recrutement, la Technologie se trouve maintenant en extrême difficulté. De nombreux postes vacants, qui n’ont pas été déclarés lors du mouvement, ont fait exploser les barres et interdit bon nombre de mutations. Pour les rentrées 2016 et 2017 c’est près de 500 postes qui n’ont été pourvus que par le recours à des contractuels. Pour la rentrée 2018 sept académies seulement accueillent des collègues avec un barème inférieur à 400 points et le nombre de contractuels est aussi important qu’en mathématiques. Dans ces conditions, la disparition rapide de cette discipline du collège semble inéluctable aussi et pour pallier au blocage du mouvement des enseignants de technologie, le SNES-FSU demande la réouverture d’un concours de recrutement spécifique à cette discipline.

De plus, volonté délibérée plus que négligence du ministère, la technologie reste la seule des disciplines du collège qui ne puisse être enseignée en lycée et pour laquelle, avec la documentation, il n’existe toujours pas d’agrégation. Très mal représentée dans toutes les instances ministérielles et trop éloignée des enseignements et recherches universitaires, elle ne dispose toujours pas d’un réel corps d’inspection et subit les attaques alternées et répétées de différents lobbys disciplinaires qui, souhaitent l’asservir en la chargeant d’une partie de leurs contenus d’enseignement trop techniques ou voudraient la voir disparaître pour en récupérer les moyens.

La création d’une épreuve de technologie au brevet des collèges dès la session 2017 n’aura pas changer radicalement la nature des choses. Les sujets « 0 » présentés nous ont laissé septiques et la limitation du programme préconisée pour l’épreuve de 2017 est restée totalement aberrante. De notre point de vue, la précarité de l’enseignement de notre discipline, pour laquelle de nombreux élèves n’ont pas eu, faute d’enseignant, les cours règlementaires sur la totalité de leur scolarité au collège, a imposé au ministère de ne pas proposer d’épreuve de technologie pour la session 2017. Lire ici
L’épreuve de technologie du DNB, associée aux sciences, présentée pour la session 2018, représente si peu les activités en classe qu’elle inquiète sur l’avenir de la discipline. On y juge plus des compétences de lecture et d’organisation que des capacités pratiques et des connaissances acquises en classe dans le cadre du cours de technologie.

L’amalgame actuel entre “sciences” et “technologie” aboutit à une confusion sur les concepts, les objectifs et les démarches se réduisant à un discours sur la technique d’où l’évaluation par la production est souvent exclue. Le texte réformant le collège, appliqué à la rentrée 2016, n’a pas permis la clarification disciplinaire que l’on espérait et aucune adaptation de nos programmes n’a été proposée pour la rentrée 2018. C’est certainement reconnaître qu’ils sont parfaits et ne posent aucun problème de mise en œuvre.

La technologie, discipline générale de collège, vise à permettre aux élèves de s’approprier un monde technique en évolution, afin qu’adultes, ils puissent participer à son développement et, par une réflexion critique, à son contrôle social et citoyen.

Parce qu’elle est liée à l’évolution rapide des techniques et à ses conséquences sociales, la Technologie, reconnue discipline d’enseignement et de culture générale, a vécu de nombreux soubresauts et adaptations depuis sa création.
Les difficultés auxquelles elle a été d’abord confrontée résident dans sa définition, et dans la confusion qu’entretient son appellation.

Pour le SNES-FSU, l’intérêt de cette discipline réside surtout dans les pratiques pédagogiques qu’elle organise à partir de la “démarche de projet technique”. Par cette démarche active liée à la notion de production ou de fabrication dont l’aboutissement et l’évaluation sont les critères essentiels de validation de ce qui est acquis, la Technologie donne du sens et valorise, sans les concurrencer ou s’y substituer, les différents apports disciplinaires de l’enseignement scientifique que l’élève utilise.

Au cœur de cette démarche, la confrontation à la réalité et à l’organisation du monde du travail, conjugue des questions pratiques, théoriques et morales qui orientent les valeurs que les élèves construisent. Le travail de mémoire, fait à partir de l’histoire des techniques, incite à développer vigilance et esprit critique vis-à-vis d’un présent trop fascinant et d’un futur à construire avec beaucoup de prudence.

Par la culture qu’elle construit à l’issue du collège, associée à la connaissance d’outils modernes liés à ses pratiques, cette discipline aide les élèves, dans leur choix d’orientation vers des formations générales, technologiques ou professionnelles. Découvrez les actes du colloque Quelle place pour la technologie dans la culture ? SNES-AEAT http://www.adapt.snes.edu/spip.php?article635
Le SNES-FSU est porteur de la double demande de repenser les programmes avec l’objectif de construire un réel enseignement de culture technologique généraliste destiné à tous les élèves et un enseignement technologique de spécialité associé au lycée aux différents champs professionnels. Le colloque « Initier tous les élèves à une réelle culture technologique – La technologie, devenir d’une discipline » organisé conjointement par le SNES-FSU et les associations Pagestec et AEAT le 15 novembre prochain devrait permettre d’affirmer ce qui devrait être l’évolution de notre discipline.

La Technologie permettait à l’élève de donner du sens à ses apprentissages souvent nouveaux, en construisant une approche fonctionnelle de l’objet à partir de la notion de besoin et en se fondant sur la démarche de projet technique. Cette démarche présentait une vision globale des processus, des savoirs et des savoirs-faire, en imposant des parcours cohérents et obligés de compréhension, d’études, de réalisation, de distribution, d’utilisation d’objets techniques.

Vouloir faire de cet enseignement une sous-matière au service des disciplines scientifiques n’a aucun sens et remet en cause toute sa cohérence.

L’objet de la Technologie n’est pas l’expérimentation et la vérification d’hypothèses scientifiques comme on veut nous le laisser croire. La Technologie ne travaille pas directement sur les savoirs, mais les connecte les uns aux autres.

Le SNES-FSU continuera à se battre pour que la technologie reste une composante de la culture commune, qu’elle soit revalorisée et obtienne enfin les moyens nécessaires à un enseignement en groupes réduits sur les quatre niveaux du collège.

Le SNES-FSU, qui a toujours été force de propositions, défendra ce qu’il sait juste et soutiendra les collègues de cette discipline face aux attaques et aux difficultés qui sont les leurs.

Dans la rubrique technologie vous trouvez en liens les informations et les textes officiels, outils indispensables à la défense de notre discipline, de ses particularités et de ses enseignants.

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