La circulaire « Mise en œuvre de l’enseignement facultatif de langues et cultures de l’Antiquité », parue au BO du 25 janvier 2018 est un texte aux intentions louables qui, malheureusement, ne changera pas les conditions d’enseignement des LCA.
On regrette ainsi le maintien d’une heure unique de latin en 5ème, les horaires plafonnés et les heures non fléchées, à prendre sur la marge d’autonomie, en concurrence avec d’autres disciplines. Les Rectorats ne sont pas incités par le texte à donner la «dotation supplémentaire » dont il est question. Pire, cette circulaire arrive quand certains Rectorats, qui offraient celle-ci depuis la réforme de 2016, ne le font plus…. Ainsi, alors que la modification de l’arrêté du 19 mai 2015 proposait une hausse des horaires en 4ème et 3ème, rien n’est fait pour sa mise en œuvre effective.
Les ambiguïtés sur les modalités de l’enseignement du grec ne sont pas levées explicitement. Parfois les langues et cultures de l’Antiquité sont considérées comme un seul bloc (§3.1), parfois elles sont envisagées séparément (§3.2) et l’on peut constater que, pudiquement, aucun horaire n’est évoqué pour le grec. Il est donc difficile pour les professeurs de s’appuyer sur cette circulaire pour demander des horaires distincts de latin et de grec.

On se réjouit de la possibilité du cumul des LCA avec la bilangue et l’euro au collège, avec l’euro ou les LV3 au lycée. Mais dans ce dernier cas, on constate amèrement que c’est à l’heure où le rapport Mathiot préconise que les élèves ne puissent choisir qu’une seule option facultative à l’avenir !
De même, il est écrit que les LCA sont pour tous, sans sélection ou tirage au sort, qu’elles ont toute leur place en éducation prioritaire, que le niveau scolaire dans les autres disciplines ne saurait justifier qu’un élève se voie refuser son inscription. Le seuil de 30 élèves est indiqué, au-delà duquel l’ouverture d’un second groupe doit être envisagée. Tout cela est fort bien. Que faire, toutefois, lorsque l’ouverture de ce second groupe ou le passage de 2h à 3h hebdomadaires sont subordonnés à l’acceptation d’heures supplémentaires ?
La possibilité de moduler l’horaire total du cycle 4 sur les 3 ans pour porter à 2h l’horaire de 5ème correspondait à une demande des professeurs de la discipline et sera sans doute appréciée. De même, ce texte (§3.1) sera opposable aux chefs d’établissement qui voudraient à la fois regrouper les niveaux et réduire les horaires, comme cela se produit trop souvent en lycée.

Certains aspects du texte nous semblent devoir être accueillis avec prudence. Ainsi, la circulaire indique que que l’enseignement des LCA au collège est un engagement pour la durée du cycle. Cela évitera les contrats locaux sans aucune valeur légale mais pas les tensions… Par ailleurs, les élèves peuvent rejoindre l’enseignement à n’importe quel moment au cours du cycle, ce qui ne simplifie pas la progression pédagogique…
La proposition d’une certification complémentaire LCA ouverte à des professeurs de nombreuses disciplines est inacceptable. Le SNES-FSU est attaché à l’expertise disciplinaire des professeurs que seul le concours de recrutement permet de valider. Les Lettres Classiques souffrent particulièrement d’une crise de recrutement mais renouveler le vivier d’élèves, d’étudiants et, à terme, de professeurs, passe d’abord par une politique plus volontariste sur le plan des moyens.

Cette circulaire met un peu de baume au coeur des professeurs de Lettres Classiques, après les attaques dont ils ont été victimes sous le gouvernement précédent. Malheureusement, le travail de sape de celui-ci a fait son œuvre et ce texte ne sera pas suffisant pour revenir en arrière, redonner à nos enseignements toute leur place et leur légitimité, répondre aux attentes de la profession.

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