Monsieur le Directeur, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs

Le ministre avait fait de la mixité sociale un axe fort de sa communication ces derniers mois. Il faut reconnaître que la publication des IPS pour l’ensemble des collèges publics et privés ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Les mesures annoncées depuis des semaines étaient donc particulièrement attendues pour réduire la ségrégation sociale à l’école. Mais il faudra donc se contenter d’un catalogue des « leviers à disposition » des recteurs mollement encouragés à réduire de « 20% des différences de recrutement social entre établissements d’ici à 2027 » avec la création d’une instance spécifique. Les instances académiques et départementales déjà existantes ont déjà des prérogatives sur la carte scolaire, pourquoi donc ne pas les investir davantage ? Le ministre a donc renoncé à toute politique ambitieuse de mixité sociale sous la pression du réseau privé catholique. Ce dernier jouit de relais au plus haut sommet de l’État pour garder ses privilèges : inscrire les élèves de son choix tout en bénéficiant des financements de l’État et préserver un entre-soi qui creuse les inégalités. Pour le SNES-FSU, l’argent public doit aller à la seule école publique. Il demande une refonte de la carte scolaire, des politiques sociales, du logement, d’aménagement du territoire ambitieuses et contraignantes.

A défaut de s’attaquer à la mixité sociale, le ministre a donc préféré s’attaquer au collège, selon son expression en tout point malheureuse. Les annonces brusques et autoritaires, comme la suppression de la technologie en Sixième qui a de lourdes conséquences sur les affectations et conditions de travail des collègues, sont bien comprises sur le terrain comme la volonté de passer en force sans écouter les personnels. Publier de nouveaux programmes de Sciences à quelques semaines de la rentrée, imposer des dispositifs (découverte des métiers, accompagnement aux devoirs, soutien ou approfondissement en Sixième) sans en assurer le financement par des heures d’enseignement, sont autant de décisions révélatrices du mépris envers une profession. Vous proposez aux collègues, avec le Pacte, un contrat qui fragilisera les solidarités professionnelles, si déterminantes pour répondre au mieux aux difficultés rencontrées et précarisera davantage le service public d’éducation. Le SNES-FSU s’oppose clairement à ce Pacte, demande des moyens pérennes et une vraie revalorisation. Vous construisez un programme de technologie de cycle 4 qui empiéterait sur les programmes de Mathématiques et de Sciences, mais dans quel but ? Rendre les collègues interchangeables pour faciliter les remplacements et compenser la pénurie de professeur·es, la qualité des enseignements dût-elle en pâtir ? Comme le SNES-FSU attend toujours la réponse à cette question qu’il vous a déjà posée, Monsieur le Directeur, nous en profitons pour vous interroger également sur les objectifs de l’enquête menée dans trois académies (Créteil, Limoges et Montpellier) sur les « résistances cognitives » en Sixième. De nouvelles injonctions émanant d’un collège d’experts et de praticiens iraient une fois de plus à l’encontre de la professionnalité des enseignant.es et de leurs aspirations à faire réussir leurs élèves dans la classe, non avec un n-ième guide ou vade-mecum, mais avec des moyens pour réduire significativement les effectifs dans la classe, une solution profitable à tous les élèves, particulièrement à celles et ceux en situation d’inclusion.

Au lycée, le nombre d’élèves présents en cours se réduit comme peau de chagrin depuis les épreuves de spécialité en mars. Ce n’est pas faute d’avoir répété inlassablement depuis 4 ans que le calendrier du bac est démobilisateur au dernier trimestre pour les élèves. Nos collègues redoublent de vigilance et font preuve d’ingéniosité pour convaincre les élèves de venir en cours mais rien n’y fait. Nombre de jeunes ont compris que Parcoursup est désormais l’étape la plus déterminante de la fin d’année. Ils se sont finalement appropriés la logique du lycée modulaire, piochant au gré de leurs parcours, les enseignements exclusivement utiles à Parcoursup. Les élèves les plus fragiles ne mesurent pas toujours la nécessité de poursuivre les efforts jusque début juillet quand d’autres sont déjà assurés de tout réussir. Notons que les nouveaux ajustements présentés dans ce CSE pour accélérer la seconde phase de Parcoursup en hiérarchisant plus tôt les vœux confirment que la hiérarchisation des vœux dès la première phase est bien la meilleure solution pour tous les élèves.

Pour finir, le SNES-FSU tenait à rappeler qu’il se tiendra toujours aux côtés des collègues inquiétés voire sanctionnés lorsque leur liberté de parole a pu déplaire. La liberté d’expression des fonctionnaires ne se discute pas, elle est inscrite depuis 1983 dans le statut général des fonctionnaires citoyens.

Bien entendu, la liberté d’expression, ce n’est pas le droit d’injurier, de diffamer, de tenir des propos outranciers, complotistes, homophobes, sexistes ou antisémites, tous condamnés par la loi. Nos élu.es en CAPA se montrent systématiquement vigilant·es et scrupuleux pour que les droits et procédures réglementaires soient respectés quelle que soit la situation, y compris en cas de désaccord manifeste avec le collègue.