Monsieur le Directeur, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs

Ce CSE est pour le moins extraordinaire. D’une part il s’agit du premier CSE en présentiel après des mois de séances en visio, un paradoxe dans un contexte de rebond épidémique. Les classes continuent d’ailleurs de se vider d’une partie des élèves, des personnels sont malades, sans qu’à aucun moment des 2 ans de crise sanitaire, il ait été possible de faire entendre les besoins des élèves pour rattraper les lacunes installées au gré des épisodes de la pandémie. Le SNES-FSU avait formulé des propositions d’aménagement détaillées et cohérentes tant pour les programmes en lycée et collège que pour l’examen du DNB : il n’a été que peu écouté. Quant à la demande de moyens supplémentaires afin de travailler en petits groupes pour mieux répondre aux besoins des collégiens et lycéens ayant tous vécu des conditions d’enseignement inédites, elle n’a pas été prise en compte !

Un CSE extraordinaire car il s’agit d’autre part du dernier avant les présidentielles dimanche prochain. Cinq années de mesures brutales contre l’école publique, cinq années de réformes inégalitaires toutes contestées par les personnels, cinq années de mépris du ministre et du gouvernement pour des personnels engagés au quotidien pour la réussite de tous les élèves, cinq années de dégradation des salaires et de représentation sapée de nos métiers dans la société, autant de facteurs qui immanquablement pèsent sur la crise de recrutement. Des recrutements en berne dont les conséquences se font sentir lorsqu’il faut remplacer les personnels absents, les témoignages s’accumulent sur des classes sans enseignants de français, de langues vivantes, de maths, de philosophie… pendant plusieurs semaines.

Après avoir affaibli le second degré avec près de 8 000 suppressions d’emplois pour quelque 65 000 élèves de plus, le président Macron termine son mandat comme candidat en promettant le retour de l’apprentissage à 12 ans et en insultant les personnels « qui ne font pas plus d’effort » alors qu’ils ont porté à bout de bras l’activité de leurs élèves pendant tout le confinement. La SNES et la FSU ne se résignent pas et appellent les personnels à aller voter massivement au 1er tour de l’élection présidentielle pour que soient battues les politiques néolibérales visant notamment à réduire les services publics ou à les détruire, et pour que soient battus les projets d’extrême droite.

Au lendemain des présidentielles, le SNES-FSU poursuivra son action auprès des candidats aux législatives pour un plan d’urgence à la rentrée avec des moyens pour l’école publique, un plan pluriannuel de recrutement, un plan de résorption de la précarité et une revalorisation des métiers, des carrières et des salaires. Nous rappelons par ailleurs notre demande urgente de places en UPE2A pour accueillir au plus vite et dans les meilleures conditions les jeunes réfugiés des pays touchés par les guerres et les conflits.

A l’ordre du jour de ce CSE, une série de textes sur la mobilité scolaire internationale, nouvel étage dans l’empilement instable qu’est devenue la réforme du lycée. Tout de même, que d’énergie déployée par les services du ministère pour publier précipitamment quatre textes dont les bénéfices ne profiteront qu’à quelques élèves, probablement ceux dont les familles sauront déceler dans cette option coûteuse une filière élitiste. Le vœu intersyndical pour le report de l’examen de ces textes souligne à raison une approximation administrative mais si l’on en considère les objectifs, la dimension inégalitaire de ce parcours d’initiés justifie un refus définitif.

A la place de cette consultation sur la mobilité scolaire internationale, le SNES-FSU aurait préféré une première présentation des textes qui encadreront le retour des maths en Première générale. A quelle date la consultation du CSE sur ces nouveaux programmes est-elle prévue ? Quels moyens complémentaires dans les lycées sont prévus pour offrir ce nouvel enseignement dès la rentrée de septembre ? Avec quels personnels ? Les concours, pour lesquels on ne connaît toujours pas le nombre d’inscrits, seront-ils enrichis d’une liste complémentaire ?

Toujours à l’ordre du jour de ce CSE, un texte relatif aux classes préparatoires économiques et commerciales. Concernant ces classes, une rumeur de plus en plus insistante en provenance des Écoles de commerce évoque la création d’une filière CPGE économique et commerciale sans mathématiques. Que peuvent dire les deux ministères à ce sujet ? D’autre part, si lors de la CSL du 29 mars la DGESIP a cherché à rassurer en expliquant que la création de 16 Cycles Pluridisciplinaires d’Études Supérieures (CPES) n’avait pas pour but de concurrencer les CPGE, sur le terrain c’est le contraire qui est constaté. Par exemple, faute de moyens suffisants, la direction du lycée Janson de Sailly envisage à la rentrée 2023 la suppression d’une classe de Physique Chimie (PC) pour pouvoir compléter le financement du CPES qui a ouvert en septembre 2021. Le SNES-FSU ne peut accepter cette fragilisation des classes préparatoires, et il demande que le MESRI octroie les moyens nécessaires pour financer à la hauteur de tous les besoins les heures de CPES dispensées en lycée.

Enfin, dernier point concernant l’ordre du jour, le SNES-FSU se félicite des aménagements concertés de l’épreuve de contrôle en BTS. Les amendements que nous formulons permettraient d’élargir ce dispositif à plus d’étudiants recalés au premier tour. En revanche, le SNES FSU déplore et s’oppose toujours au découpage des diplômes du BTS en unités certificatives, surtout si l’objectif est in fine de les sous-traiter au secteur marchand, comme par exemple la certification en langue vivante.

Rappelons par ailleurs que le SNES-FSU demande qu’un délai de correction suffisant soit laissé aux professeurs pour les épreuves de philosophie et d’écrit de l’EAF. étant entendu qu’il est impossible pour tous d’assurer la passation d’oraux la journée et la correction de copies le soir. Les professeurs de lettres sont particulièrement éprouvés par la mise en œuvre de la réforme du lycée : ils demandent notamment une remise à plat des programmes et des épreuves de l’EAF pour les classes de Premières générale et technologiques, et l’application du principe de la pondération de service dès la classe de Seconde pour tenir compte d’un examen à la fin de la Première.

Pour terminer, nos collègues assureront mi-mai les corrections des épreuves de spécialités de lycée en même temps que certaines épreuves pratiques alors que les cours ne seront pas suspendus. Le SNES-FSU rappelle son exigence de temps banalisé pour les corrections. Les indemnités doivent rester indivisibles en toute circonstance : tout arbitrage contraire serait injuste, vexatoire et ferait fi des responsabilités et du travail réel de chaque correcteur.