CSE du 8 février 2024 « choc des savoirs »

Déclaration du SNES-FSU

Monsieur le Directeur, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs

Le 1er puis le 6 février les personnels se sont mobilisés pour défendre l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire, pour défendre l’accès de l’ensemble des élèves aux savoirs et savoir-faire les plus exigeants et pour la reconnaissance et la revalorisation de leur métier dont le rôle social est pourtant indiscutable. L’Éducation nationale est, depuis des mois, prise au piège d’un agenda politique où les ministres, leurs annonces, leurs communications trompeuses ou malveillantes brisent toute dynamique et empêchent les personnels de faire sereinement leur travail.

Les mensonges répétés sur les emplois créés à la rentrée et la supposée annulation des suppressions de postes sont insupportables pour les collègues. Ils et elles découvrent avec colère que ce sont, pour beaucoup, des heures redéployées, après la suppression de la technologie l’an dernier, pour mettre en place des groupes de niveau dont personne ne veut. Suppression des options de langue, suppression des dédoublements, suppression des dispositifs de soutien pour tou·tes les élèves, suppression de la chorale… Au nom de la doxa sur les « savoirs fondamentaux », le ministère compte éradiquer méthodiquement toute la richesse des enseignements du second degré. Mais que ferez-vous de ces enseignant.es de disciplines bientôt sans élève ? Certains établissements ont trouvé la parade incitant des collègues, pour échapper à un complément de service ou une mesure de carte, à prendre en charge des groupes de mathématiques et français puisque les collègues de ces deux disciplines manquent déjà à l’appel.

Le « choc des savoirs » vise bien ainsi la réduction des savoirs, la précarisation des métiers et la déprofessionnalisation des personnels avec la multiplication de dispositifs où la maîtrise disciplinaire des professeur.es n’est ni requise ni vérifiée.

La prépa-Seconde construite autour de projets locaux on ne peut plus flous, l’EMC accessible sur projet à tout·e collègue motivé·e par « l’instruction civique », le « soutien renforcé » conçu pour les collègues pacté.es en sont les derniers exemples après le développement d’un RCD low-cost pour les élèves.

Si d’aucuns n’avaient pas encore compris le collège à deux vitesses qui se dessine, le CSP donne un avis très éclairant dans un rapport. Il y défait le collège unique, encourage la sélection des élèves, insiste pour réorienter la marge horaire vers les groupes de niveau et renvoie les missions des CPE aux prérogatives autoritaires du surveillant général. Un tel parti-pris rétrograde, une vision aussi conservatrice de l’école discréditent durablement le CSP dont on ne plus rien attendre. A côté la circulaire, pourtant à l’eau tiède, dite « ambition mathématiques en classe de 3ème » paraît presque progressiste en prônant les devoirs communs auxquels les collègues n’auraient apparemment jamais pensés ! De qui se moque-t-on ?

Cette école où le séparatisme scolaire devient la règle, où le DNB interdit une scolarité obligatoire complète jusqu’au lycée, où les élèves sont à la merci d’un patron ou embrigadé.es avec le SNU pour mieux les contrôler, nous n’en voulons pas. Et nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à le dire, les vœux unitaires et les amendements intersyndicaux se multiplient au fil des CSE. Les initiatives prennent de l’ampleur comme la pétition intersyndicale FSU, UNSA Education, FO, SGEN-CFDT, CGT Educ’action et Sud Education « non au choc des savoirs », comme cet appel à une riposte, unitaire et collective que lancent les mouvements et associations pédagogiques, les organisations syndicales, les chercheuses et chercheurs, les actrices et acteurs de l’éducation pour un Grenelle alternatif.

Notre école tient à bout de bras par l’implication et l’investissement des personnels mais l’état de tensions dans nos métiers est ignorée. La Depp vient à nouveau pourtant de le documenter en concluant dans sa dernière note que plus des deux tiers des enseignant.es, une part croissante, déclarent devoir faire des choses qu’ils et elles désapprouvent.

Quel.le que soit le ou la ministre qui poursuivra la préparation de rentrée 2024, le SNES-FSU le dit haut et fort : abandonnez le « choc des savoirs », ouvrez des concertations pour réformer dans le consensus en écoutant les personnels et leurs représentant.es.

Lors du CSE de la semaine dernière, la ministre a annoncé la suspension des quatre fermetures des CPGE parisiennes. Ce sont donc quatre classes qui doivent être maintenues, pas une de moins. Le SNES-FSU rappelle que le maintien des ouvertures des deux CPGE pour bachelier.es professionnel.les constituerait une sortie par le haut.

Pour finir, le SNES-FSU tenait à alerter sur la situation à Mayotte. La sécurité des personnels et des élèves n’est plus garantie dans les établissements. Maintenir les 33 établissements ouverts dans ces conditions n’est pas acceptable. Il faut agir, tout de suite !

Le vœu Intersyndical adopté :

Présenté par la FSU, l’UNSA éducation, FnecFP-FO, le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT, la CGT
éduc’action, SUD éducation, la FCPE
La mise en place des mesures contenues dans le « Choc des savoirs » n’est pas de
nature à faire mieux réussir l’ensemble des élèves ni à résorber les inégalités subies
dans le système éducatif. En effet, ce « choc des savoirs » est un ensemble d’annonces
qui a une grande cohérence idéologique pour le gouvernement. Inspiré d’un modèle
d’École passéiste et conservateur, il pose les bases d’une École du tri social.
Cette réforme désorganise les collèges, dégrade les emplois du temps des élèves et
personnels. Elle entraîne des suppressions d’options et une baisse du volume horaire
de l’enseignement des langues et cultures de l’Antiquité, un renoncement aux
quelques rares allègements (en sciences et technologie, en langues notamment), la
fragilisation de la chorale, la réduction ou la suppression d’enseignements
disciplinaires, de dédoublements et de dispositifs approuvés par les personnels…
Elle dégrade considérablement les conditions de travail, par la grande insuffisance des
moyens et la surcharge des classes.
Elle trie socialement les élèves en organisant les cours de mathématiques et de
français en groupes de niveau.
Elle renonce à une même école pour toutes et tous en mettant en place un accès
conditionnel au lycée.
Elle remet en cause la liberté pédagogique avec des méthodes, des manuels et des
progressions communes imposés.
Cette réforme impose une politique de tri social au détriment des élèves les plus
fragiles, des élèves en situation de handicap, des élèves allophones, des élèves
rencontrant des difficultés scolaires et sociales. Elle aggrave les conditions de travail
des enseignantes et enseignants, mais aussi de tous les personnels.
Le ministère a décidé d’un calendrier précipité pour imposer sa réforme avec un
passage en CSE le 8 février alors que la rentrée scolaire 2024 est en cours de
préparation dans les collèges et les lycées. Il entend faire de ses agent·es du service
public, des fonctionnaires d’État, les instruments d’un tri social au service d’intérêts
particuliers.
Le CSE demande l’abandon complet et immédiat des mesures « Choc des
savoirs », une vraie concertation sur le collège et un investissement massif pour
l’École publique et la réussite de chaque élève.